Les élèves présentéistes

Aujourd’hui, en formation, j’ai appris un mot que j’ignorais : le présentéisme. Cela s’appliquait à des élèves : un collègue évoquait son problème avec les “élèves présentéistes”.

Un élève présentéiste est un élève présent physiquement en classe, alors que son état physique ou psychique, ou sa motivation, ne lui permettent pas d’être actif au sens pédagogique. L’élève présentéiste, si j’ai bien tout compris, n’est pas un  élève qui glandouille occasionnellement. Ce n’est pas non plus “juste” un élève qui ne fait pas ses devoirs. Un présentéiste, c’est un élève qui ne s’engage pas, au sens jamais. Un élève qui occupe un siège mais n’apprend pas, car il n’entre pas dans la tâche.

Sur le coup, le fait qu’on étiquette ce modèle d’un mot spécifique m’a fait sourire. Je me suis dit qu’on avait trouvé encore une nouvelle manière de jargonner. Mais en y réfléchissant, même si “présentéiste” est un néologisme vraiment pas beau à mes oreilles, il a deux mérites : être neutre (cela évite l’ironie ou le mépris immédiats, par exemple) et pointer un réel problème doublé d’un scandale. Le problème est la souffrance de l’enfant concerné. Un enfant sans flamme, sans énergie, sans mouvement, c’est dramatique et intolérable. Et le scandale, justement, c’est qu’il soit possible de vivre sa scolarité en en restant extérieur, parce qu’un présentéiste non agité n’est pas dérangeant.  Notez bien que je reprends cette remarque à mon compte : sous la mitraillette des questions et des sollicitations des élèves actifs, avec en prime quelques jeunes qu’il faut canaliser et d’autres qu’il faut relancer ou soutenir, je sais que parfois je vole d’élève en élève mais que j’en abandonne un autre, endormi intellectuellement. Par manque de disponibilité, par manque de la bonne idée pour le faire s’éveiller, par faiblesse sans doute. Pourtant je le sais, j’en suis tout à fait persuadée, nos élèves ne sont pas là pour le principe, mais pour apprendre et de ce fait mieux grandir, bien grandir. En même temps, agir efficacement en temps réel pour tous n’est pas humainement possible. Mais alors il faut veiller à s’occuper d’eux en aval, si ce n’est ni en amont ni sur le coup.  En tout cas le propos du collègue qui en parlait était bien celui -ci : il ne pouvait pas se contenter d’élèves “présentéistes”.

Et puis cette idée de présentéisme est intéressante aussi en lien avec ce qu’est l’activité de l’élève. Être actif, ce n’est pas accomplir une tâche sans réfléchir. Copier ce qui est écrit au tableau sur son cahier, tracer un tableau, coller une feuille, ce n’est pas de l’activité. C’est de l’occupationnel. Pour autant, il y a évidemment des moments d’occupationnel en classe, parce que cette feuille, il va bien falloir la coller. Mais c’est un moyen, pas un but.

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