Un peu de multi-niveaux dans ma classe

J’accueille des élèves dans ma classe avant la sonnerie le matin, à la récré, sur le temps du midi, à la récré l’après-midi. Du moment qu’ils sont polis, respectueux, pas de souci. Ils se présentent devant ma classe, me demandent s’ils peuvent venir lire ou jouer, et c’est d’accord. Cela donne de beaux moments, comme à la récré du matin, où un élèves de sixième jouait avec un élève de quatrième, à un jeu qu’aucun des deux ne connaissait, mais expliqué par un élève de cinquième. J’aime bien. De toute façon je ne sors pas de ma classe, je n’ai pas le temps : le temps de ranger le matériel pour sortir le suivant, avec une salle des profs loin tout là-bas, autant rester tranquille.

Cette année, en tout début d’année, un élève m’a demandé s’il pouvait venir pendant une heure de permanence. Plutôt qu’être en perm, il avait envie d’être dans ma classe. Alors bon, d’accord, essayons, si tu ne fais pas de bruit. Sauf que depuis, à chaque heure de perm de mes élèves, j’en ai entre quatre et six au fond de la classe. Cela dépend de qui me demande, de la classe que j’ai à ce moment-là. Parfois, ceux au fond écoutent aussi le cours, l’air plus ou moins de rien. Souvent ils lisent ou jouent, ou dessinent de beaux dessins qu’ils me laissent ensuite, avec mes “super-feutres”. En tout cas j’ai souvent du monde, au moins une hure sur deux, et tous se sont habitués, les hôtes comme les visiteurs. L’impression d’étrangeté a duré un quart d’heure, je dirais.

Et hier, hé bien c’était encore mieux. J’avais quatre élèves de cinquième au fond, dont deux qui m’ont eue l’année dernière, et deux autres bien adaptables. Dans l’enthousiasme de ma belle journée, qui annonçait en plus les vacances, j’ai décidé de lancer une activité assez difficile du point de vue de la consigne, et du point de vue conceptuel, pour mes élèves de sixième. Mes deux anciens de cinquième ont réagi tout de suite : ils s’en souvenaient. Et l’un d’eux m’a demandé :

Madame, on peut les aider, nous aussi ? Et vous aider, du coup ?”

Aaaaah mais oui, quelle bonne idée ! Comment mieux réactiver et comprendre qu’en expliquant soi-même ? Et nous n’étions pas trop de cinq, vu le nombre de questions et de vérifications à effectuer. Nous avons d’abord défini ce que signifie “aider” ou “expliquer”, que c’est poser des questions pour relancer la réflexion, mais certainement pas faire à la place, et en route.

Bilan : c’était top-top-top. j’ai adoré. Ca a apporté à tout le monde. Ja fais déjà de l’aide entre pairs, mais là avec des élèves de niveaux différents, c’était autre chose. Les sixièmes ont vu des cinquièmes qui savent, pas seulement les notions, mais aussi déployer des compétences. Ils ont aussi vu des cinquièmes qui ont envie d’aider. Les cinquième, eux, ont réactivé, ont dû verbaliser rigoureusement (rapidement ils ont constaté qu’un langage vague, implicite ou imprécis ne pardonne pas…) et réfléchir à ce que leurs camarades plus jeunes n’avaient pas compris.

J’espère que j’aurai l’occasion de recommencer… Je réfléchis, si j’avais une idée pour institutionnaliser ce genre de choses… C’était un moment d’apprentissage très intense, et que j’ai trouvé vraiment efficace. Et quant au savoir vivre ensemble, rien à dire.

3 comments

  1. Tu as réinventé la classe multiniveaux … Et je ne me moque pas.
    Avec mes CE2-CM1-CM2, je vis ce genre de moment assez régulièrement. Et c’est d’une richesse !
    Je profite de ce message pour te remercier pour ton blog. J’adore !
    Bonnes vacances !

  2. Merci , ça me fait super plaisir ! Je me sentais nouille à écrire tout ça alors qu’en élémentaire c’est le quotidien !

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