Notre devise serait-elle du bourrage de mou ?

Le Cnesco va publier une série de 4 notes pour mieux analyser les faibles résultats des élèves en mathématiques en France : « en 2019, les élèves de CM1 en France obtiennent de moins bons résultats en mathématiques que ceux des autres pays de l’OCDE pour tous les niveaux de performance de l’enquête », a conclu Timss 2019. Il ne fait pas bon être socialement défavorisé, en France, à l’école (entre autres), par rapport aux autres pays de l’OCDE. Et même les performances des élèves les plus en réussite sont inférieures à celles de leurs camarades en réussite ailleurs. Bon, c’est pas top du tout. C’est même catastrophique et insupportable. Partout on tire le signal d’alarme, depuis longtemps maintenant. Mais rien n’est fait, dans la réalité, à part des gesticulations et des affichages.

Dans cette première note, en date du 29 septembre 2021, le Cnesco compare l’écart de réussite entre les filles et les garçons ; il est semblable en France et ailleurs dans l’OCDE (les filles réussissent un peu moins bien que les garçons). C’est côté inégalités sociales que le Cnesco propose des éléments plus déterminants : d’abord, il n’y a pas en France plus d’élèves défavorisés (c’est-à-dire dans le premier quartile international des enfants socialement défavorisés), en proportion de la population scolaire, qu’ailleurs dans l’OCDE. Le taux des élèves défavorisés qui atteignent un niveau intermédiaire en mathématiques correspond à peu près à la moyenne des pays de l’OCDE. En revanche, les élèves français défavorisés sont sur-représentés dans les petits niveaux de compétences, et sous-représentés dans les niveaux élevés. La conclusion du Cnesco est claire et étayée :

L’école française ne parvient ni à garantir la maîtrise de compétences élémentaires à tous les élèves défavorisés, ni à permettre aux meilleurs d’entre eux d’atteindre un niveau élevé.

Enfin, comme partout dans l’OCDE, il y a un « effet école » : un élève défavorisé réussit mieux dans une école socialement favorisée : vive l’hétérogénéité ! Mais en la matière, la France échoue : 54 % des élèves de CM1 en 2019 fréquentaient une école socialement défavorisée, contre 35 % en moyenne dans l’OCDE. C’est la carte scolaire qui pêche, et les plans d’urbanisme. Mais quel politique aura le courage de prôner la mixité sociale ?

En tout cas, on dirait bien que tout n’est pas de la faute des professeurs des écoles. Dingue, non ? C’était pratique, pourtant. Et drôle, aussi : que des politiques tapent sur le profil “littéraire” des professeurs des écoles, cela pourrait être drôle, dans la mesure où des politiques bons en maths, ça ne court pas les rues. La différence avec les PE, c’est que les PE, eux, se forment pour tout enseigner.

Elle est vraiment très bien faite, cette note du Cnesco. Dommage qu’elle soit aussi démoralisante.

Comment assumer la devise de notre pays, quand la structure scolaire elle-même clive et entretient les inégalités ?

2 comments

Leave a Reply