La géométrie des caractères d’imprimerie de Geoffroy Tory

Nous avons commencé par un peu d’histoire sur les caractères d’écriture. Geoffroy Tory, au début du XVIe siècle, s’est inscrit à la suite des caractères mobiles et questionné sur les processus de construction, de tracers, en cherchant à établir des règles se référant à des processus mathématiques, en particulier pour les écrivains publics.

A cette époque, l’imprimerie reste assez exceptionnelle. C’est une industrie de pointe, réservée aux plus riches et à l’élite intellectuelle.

Chez Dürer, il y a un certain manque de précision ; en particulier, c’est sur les cercles que ça cloche, comme chez d’autres avant lui. Tory est assez dur avec Dürer.

On peut lire cet ouvrage de l’IREM de Rennes, sur ce thème, ainsi que d’autres travaux de Loïc Le Corre. En voici des extraits :

Il existe différents types de grilles : en voici un autre :

Le cercle en bas à gauche pose de jolies questions mathématiques : il doit passer par c tout en étant tangent au segment rouge le plus à gauche. Et c’est pô facile !!!

Geoffroy Tory souhaite dédier sont livre à des savants et des gens de lettres, pas à des bourgeois ou des nobles. Son ouvrage est humaniste et se veut tel.

Tory fait appel aux géométries d’Euclide et de Charles de Bovelles. Il construit complètement le “i”, puis complète ses définitions pour tracer toutes les autres lettres : la ligne droite est la plus brève d’un point à l’autre ; il distingue les lignes rondes parfaites (le cercle) et imparfaites, évoque le triangle régulier et parfait, dont les côtés ont même mesure. Il développe un plaidoyer pour l’utilisation de la langue française : “pour décorer sa Nation et enrichir sa langue domestique, qui est aussi belle et bonne qu’une autre quand elle est couchée par écrit”. Tory évoque les constructions des lettres par ses prédécesseurs Pacioli, Fanti, Vincetino et Dürer, avec dureté, mais avec au passage un hommage à Léonard de Vinci.

Tory utilise des grilles de 10 par 10, la règle et le compas uniquement.

Bon voilà, j’ai envie qu’on construise des A en cinquième…

Ensuite, les collègues nous ont présenté des activités de classe, dès le cycle 2, avec des différenciations prévues, pour que tout le monde s’en sorte. Il faut l’utilisation du compas, si on construit les “traits”. Mais on peut aussi travailler ces activités en collège, voire en prépa CAPES pour réfléchir à la pédagogie et la didactique qui sont derrière tout ceci. Et nous aussi, nous avons tracé notre lettre. Nous avons choisi le “e” :

Je suis admirative devant la passion et la culture des collègues de l’IREM qui nous ont présenté cet atelier. Magnifique !!!

2 comments

  1. Excellent résumé et encore une fois cela me donne l’impression d’être passé à travers une possibilité d’apprendre encore et encore.

Leave a Reply