Laurent Fourny nous a présenté le premier atelier de l’après-midi aujourd’hui mercredi.
Un faussaire est une personne qui falsifie quelque chose d’authentique. Ce peut-être l’imitation d’une œuvre existante, ou bien la production d’une œuvre originale à la manière d’un grand maître, ce qui est l’axe que Laurent Fourny a choisi.
Cesare Tubino a réussi à intégrer une de ses œuvres, faite à partir d’un croquis de Léonard de Vinci. Dans son testament Cesare Tubino a expliqué la supercherie, et cela a été vérifié.

Han van Meegeren, qui a vécu entre 1889 et 1947, a appris à broyer ses couleurs à l’ancienne. Il expose en 1917 et cette exposition est un succès, contrairement à la suivante en 1922. Il prend cela très mal et se contente ensuite de restaurer des tableaux anciens. Il se tourne vers l’œuvre de Vermeer, mort jeune (43 ans), n’a produit que peu d’œuvres, avec une technique inédite de pointillés, et n’a peint qu’une seule scène biblique. Han van Meegeren peint des tableaux à la manière de Veermer, dont un abuse le critique d’art spécialité de Vermeer. Göring en a acheté une autre, et après la guerre on remonte jusqu’à Han van Meegeren, accusé de vente de chefs d’œuvres hollandais puisque tout le monde pense que c’est un Vermeer. Il est menacé de la peine capitale, et se trouve contraint de révéler qu’il est l’auteur de la toile. Mais personne ne le croit. On lui laisse une chance de le prouver. Pendant six mois, devant six témoins, il peint Le Christ et les docteurs. Sa peine a été seulement limitée à cause d’un doute qui persistait. Il est finalement emprisonné pendant un an, et meurt deux semaines après sa libération.
Amedeo Modigliani, qui a vécu entre 1884 et 1920, a seulement exposé 4 sculptures. Une rumeur prétend qu’il aurait jeté des sculptures dans le canal de Livorno en 1909. On réalise même une recherche dans le canal, et on trouve trois sculptures ! Toutefois ces sculptures sont moins fines, et trois étudiants revendiquent une des statues, photos à l’appui. Un artiste en mal de reconnaissance en revendique une autre.

Jeanne Modigliani, la fille de Modigliani, doute. Elle aurait reçu une lettre anonyme présentant les œuvres comme des faux. Mais alors qu’elle va en témoigner, elle chute chez elle et meurt.
Et l’intelligence artificielle, dans tout ça ? Cela recouvre des méthodes permettant aux machines de traiter des problèmes ou de réaliser des tâches à la place des humains. Au sein de l’intelligence artificielle, il y a l’apprentissage automatique (machine learning), qui permet de reconnaître des motifs à partir de données brutes.
Laurent Fourny nous a présenté ce site, qui est vraiment très éclairant sur les données d’apprentissages et les données test, avant de pouvoir généraliser à d’autres données plus générales :

La classification d’images consiste à permettre à une machine de s’entraîner devant de nombreuses images en lui disant de quoi il s’agit, pour que devant une nouvelle image la machine en prenne une synthèse qui donne une certaine probabilité d’être dans telle ou telle classe.
Auparavant, on construisait les caractéristiques des données pour faire la classification. Mais en fait on s’est aperçu que le mieux c’est de laisser la machine choisir ses caractéristiques (ou dimensions) : on part d’un problème à 100 dimensions, par exemple, et par convolution on va arriver à 20 dimensions. Avec une méthode appelée la rétropropagation du gradient, on entraîne la machine à choisir. Ensuite c’est la couche dense, le réseau dense, qui va permettre à la machine de prendre des décisions. Ce sont deux réseaux distincts mais entraînés simultanément.

On a ainsi entraîné des machines à reconnaître des chiffres, par exemple des codes postaux sur une enveloppe. Laurent Fourny nous a montré la convolution en pratique, avec un exemple simple, dans lequel on cherche un motif en effectuant simplement des multiplications de 0 et/ou de 1. Il nous a conseillé cet article :



Pour appliquer tout ceci à des œuvres d’art, on choisit une œuvre de référence et on essaie de minimiser la perte de contenu, la perte de style, et la perte de la cohérence interne : on risque de se retrouver avec des pixels qui n’ont pas de « sens ». C’est du transfert de style : on essaie de voir les choses comme une texture, sans plus voir le motif. Et on pondère avec le contenu pour ne pas perdre la signification de l’image originale. Avec des méthodes qui ressemblent aux moindres carrés, on compare aux convolutions des images de départ. On obtient une image pas encore convaincante, on recommence et ainsi de suite, jusqu’à être satisfait.


Ce que vous voyez ici sont des photos, et ce qui nous était projeté était plus subtil. Selon notre intervenant, c’est l’utilisateur (humain) qui décide des poids attribués au contenu et au style. Ce qui compte alors est le rapport entre ces deux poids :

Monsieur Goodfellow et ses collègues ont inventé les réseaux antagonistes génératifs. Leur objectif final était de générer des choses qui vérifient certaines contraintes. On peut dériver vers l’idée de produire un faux indétectable par un réseau, contre un autre réseau (l’expert) qui de son côté va essayer de reconnaître un faux comme tel. Les deux systèmes travaillent simultanément et ensemble.

Sur ces photos, aucune image n’est celle d’une vraie personne :

D’autres références, fascinantes :
Ce site, aussi, encore autour de Refik Anadol.
L’application Dream et le site Wombo.art permet aussi de jouer avec des images. Dall e (prononcez Dali) en est la base scientifique. On s’est aperçu que le modèle de traduction de texte de langue à langue est transférable au légendage (d’image, en mots). Et ça marche dans l’autre sens : on peut utiliser les systèmes génératifs et les systèmes de compréhension de langues pour générer des images. C’est ce que font Dall e ou des applications qui en dérivent.
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