Aujourd’hui, je fais un petit tour à l’INSPE. C’est toujours une sensation étrange de traverser ces locaux dans lesquels j’ai exercé pendant presque quinze ans. Ma collègue chercheuse Edith Petitfour m’a proposé de venir coanimer sur une séance lors de laquelle elle propose à ses étudiants d’analyser une séance filmée dans ma classe il y a quelques années. Je suis ravie de retrouver Edith et de participer à la formation de futurs collègues professeurs des écoles. Quant au contenu qu’Edith a concocté, il est frappant.


Après avoir réalisé eux-mêmes l’activité de construction de classe, Edith a demandé quelles techniques, quelles connaissances mathématiques nouvelles et anciennes ont été convoquées, quelles variables didactiques et quelles difficultés à prévoir pouvaient identifier les étudiants-collègues.
Ensuite, Edith a décrit la séance et nous avons analysé une première vidéo, dans laquelle trois élèves qui essaient de construire un carré ABCD de centre O, connaissant le segment d’extrémités A et O, s’aperçoivent qu’ils se sont trompés dans l’interprétation de la consigne : ils étaient en train d’essayer de construire un carré de côté “AO” (je n’ai pas de crochets sur ce clavier). La déception est grande, l’agacement pointe. Mais de mon point de vue, c’est plus tard que se joue quelque chose de fou. A ce stade, les trois élèves sont bloqués. Ca ne va pas du tout, ils s’énervent et se disputent plus franchement. Ca piétine, ils passent d’une idée à l’autre, de l’autre à l’une. Je passe derrière le groupe, et au passage je leur lance que j’adore leurs petits dessins, qu’ils ont réalisés au brouillon. J’ajoute que je suis fan et que j’aime les dessins d’étude. En deux coups de cuillère à pot, c’est résolu : après un bref instant de silence réflexif, les élèves se parlent, communiquent et trouvent la solution. Moi, je n’ai “rien” fait : je n’ai pas critiqué, je n’ai pas donné de solution ni même d’indication, à part que leurs dessins à main levée me “plaisent”. Est-ce l’encouragement qui les calme, les réunit ou leur redonne de l’énergie ? Est-ce le fait de faire porter de nouveau leur regard sur la figure d’étude, qui est juste, qui élimine des éléments perturbateurs qui les font “planter” sans réussir à changer de perspective ? Sans doute les deux. Mais ce que je trouve magique, c’est l’effet incroyable de cette phrase et le fait que c’est un geste complètement intégré chez moi et qui me correspond très fort.
Cela montre une partie de l’effet-maître, et l’importance de notre travail en classe. Rien ne peut remplacer cela. Cela montre aussi comme les élèves sont fortement en activité mathématique en classe. Entre les dessins d’étude et ce que leurs interactions et leur langage montre d’implication et même d’émotions, c’est très fort. J’aime beaucoup.

[…] Site du blog – Intégralité de l’article […]