C’est ainsi que j’appelle la classe de sixième dont je suis prof principale : parmi les 29 élèves, 11 sont dans des situations très particulières. Je n’inclus pas dans l’expression “situations très particulières” les dys, ni les difficultés scolaires, même importantes. J’y inclus toutes sortes de troubles, de handicaps ou de maladies, de situations familiales hors du commun, d’arrivée récente sur le territoire français.
C’est beaucoup, 11 sur 29.
Au quotidien, pour nous enseignants, c’est un peu compliqué : il faut penser aux adaptations, avoir son traducteur prêt, des exemplaires des activités en A3, ou en police adaptée et en interligne particulier, ou avec moins de texte, ou des apports dans d’autres langues, ou des illustrations en plus pour supporter l’accès à la consigne, des questions à choix multiples au lieu de tâches de rédaction, des fichiers prêts sur GeoGebra pour ceux qui ne peuvent pas manipuler ou écrire, bref, c’est un rythme à prendre.
Aujourd’hui, j’ai fait un premier bilan, d’une part des ressentis des élèves, d’autre part de celui des enseignants.
Côté élèves, tout va bien : ils sont bien dans leur classe, ont des soucis d’élèves (comme le manque de papier toilettes aux toilettes ou la frustration d’une heure de perm le vendredi, ou un cartable effectivement trop lourd), mais voilà, ils sont bien au collège. Ils voient leurs progrès, travaillent toutes et tous sur leurs difficultés, le verbalisent. Ils sont une majorité à avoir trouvé quelqu’un à remercier pour quelque chose qu’ils ont vécu dans le trimestre, et ont des idées : et si on allait voir plus souvent les personnes âgées des maisons de retraite proches, si on mettait des fontaines dans le hall, etc. Ils ont aimé les événements au collège : le cross, les sorties ciné, les sonneries de Noël à la place de la sonnerie habituelle, l’événement madeleine de Proust…
Côté profs, les retours que j’ai semblent positifs, satisfaits, voire plus.
Donc elle fonctionne, cette classe, au niveau individuel et au niveau collectif. C’est un collectif impressionniste, mais il forme une bien belle image. Ca me fait du bien… Si mes petits élèves pouvaient influer sur la société elle-même, la vie serait plus douce.







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