UEMA : unité d’enseignement en maternelle

Peggy Sénéchal est venue nous présenter un dispositif qui accueille sept enfants à TSA. Le but est de favoriser l’inclusion scolaire en milieu ordinaire pour ces enfants. La prise en charge est autant pédagogique que thérapeutique. L’enseignante spécialisée travaille avec l’équipe médico-sociale, avec une guidance parentale tous les quinze jours. Les parents sont véritablement partenaires. C’est un travail d’organisation titanesque, une suite de petits pas l’un après l’autre, avec une grande incertitude quant à ce qu’on arrivera à atteindre comme objectifs. Il faut une très grande adaptabilité. Voilà encore un autre métier, et cette formation me permet d’en découvrir plusieurs en quelques jours ; autant de métiers qui m’attirent, que sans doute je ne peux pas exercer car je ne rentre pas dans la case adaptée. A moins que…

Peggy a décrit des problématiques qu’elle rencontre au quotidien : comment faire apprendre à un enfant à s’assoir quelques minutes par jour ? Comment lui apprendre à maintenir un temps bref le regard ? Comment l’apprendre à désigner quelque chose ? Comment favoriser la communication, avec des petits qui n’ont pas accès aux pictogrammes ni aux photos ? Comment gérer au mieux ces trois années, en préparant la suite de la scolarité et du développement de l’enfant ?

Peggy a donné des exemples de gestes professionnels pour faire progresser la flexibilité des enfants. Par exemple, elle organise de « perdre » des lettres dans une activité dans laquelle l’enfant a pour consigne de les mettre dans l’ordre alphabétique les unes à la suite de l’autre, pour l’habituer à l’inattendu. Elle a décrit une expérience dans laquelle un enfant avait lui-même modélisé cette perte : un jour, il a lui-même caché sous la table deux lettres et a reproduit le jeu, en verbalisant que ce n’est pas grave, le e est parti.

Avoir des isoloirs me paraît décidément une nécessité pour les enfants en TSA. Je vais m’équiper, d’autant que ma classe est HYPER décorée et colorée, ce qui n’est pas adapté aux enfants à TSA, mais est adapté aux HPI ou aux TDA, par exemple. Je pense acquérir quelques timersk avec la zone de temps qui diminue qui est en rouge, pour être bien visible. Je vais aussi me fabriquer des frises d’activités pour indiquer la programmation de la séance, ou des tableaux de choix.

Peggy a expliqué comment reformuler une consigne de sorte que ce soit la même, mais sur un mode différent pour l’enfant. Dire à un enfant en TSA « tu mets ton manteau s’il te plaît ? » a une valeur différente de « tu mets ton manteau, maintenant. » Les picto sont aussi des appuis, en veillant à ce qu’ils soient les plus simples possible, sans couleurs, car les personnes TSA sont souvent très visuelles et dans le détail. Les consignes affirmatives sont préférables, et les consignes négatives à éviter : au lieu de « ne cours pas », dire plutôt « tu marches », et quand on veut faire arrêter un comportement inadapté, en proposer le plus systématiquement possible un bon. Et puis bien sûr il est important de veiller à la surcharge cognitive et apprendre même aux plus grands de demander une pause lorsqu’ils n’en peuvent plus, ne sont plus disponibles et ont besoin de se « recharger ».

Peggy Sénéchal a exposé un quotidien professionnel très loin du mien. Et elle m’a captivée. Depuis trois jours maintenant je rencontre des personnes extraordinaires, incroyables. Des professionnel(le)s qui déploient une énergie fantastique au service d’enfants en difficulté, qu’ils et elles essaient d’amener le plus haut et le plus loin possible. Ces personnes oeuvrent à l’inclusion, pour de vrai. Ils et elles font cela avec une adaptabilité, une intelligence, une capacité à objectiver que j’admire. Ca fait un paquet de belles rencontres, croyez-moi.

La question, là tout de suite, c’est pour moi celle-ci : comment est-ce que je fais pour revenir dans mon collège comme ça, juste ? J’y suis heureuse, mais je le sens, autre chose m’appelle, viscéralement. Ma place ne serait-elle pas ailleurs ?

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