Le lycée professionnel encore et toujours dans la tourmente

La réforme du lycée général, on en a parlé, abondamment, et à raison. Mais le lycée professionnel est dans la tourmente depuis des années, et on en parle beaucoup moins : le public n’est pas le même, les familles dudit public non plus. Elles ont moins voix au chapitre et à la parole publique. La précédente réforme dont le LP a été l’objet a déjà été un coup de tonnerre, mais celle qui s’annonce est un tsunami. Le lycée professionnel est au centre d’une réforme balancée par des personnes qui ne le connaissent pas du tout. Ni sa structure, ni les élèves qui le fréquentent, ni les enseignants qui y travaillent. Et pourtant… En tant que formatrice, je sais qu’une formation sera différente et bien plus intéressante si des PLP sont présents : ils ont un autre regard, des compétences que nous n’avons pas dans l’enseignement général. Pour avoir eu un de nos enfants y faire des études secondaires, je sais que les collègues voient les élèves autrement, évaluent des compétences de façon spontanée, s’adaptent au rythme de l’élève. Et aujourd’hui, toute une partie de ces collègues vont voir leurs postes supprimés, parce que leur spécialité disciplinaire disparaît, comme ça, pouf. Des professionnels venus des entreprises pourront sans doute apporter des savoirs aux lycéens, mais ce ne sont pas des professionnels de l’enseignement. Enseigner ne s’improvise pas.

Je comprends bien que l’offre de formation doit évoluer et suivre les besoins de la société. Ce que je ne comprends pas, c’est que rien ne soit pensé pour ces collègues : comment la plupart des enseignants de disciplines aussi spécialisées pourraient-ils devenir professeurs des écoles d’un coup ? D’ailleurs, cela signifie-il que pour notre ministre enseigner à l’école est-il à la portée de tous ? Et aller au collège, pour faire quoi ? Prof de techno ? Elle serait bien bonne, celle-là, ai moment où les profs de techno voient des postes disparaître avec la suppression de la techno en sixième… C’est d’une violence, c’est incroyable.

Le gouvernement a raison de réfléchir à la voie professionnelle : trop d’élèves ne trouvent pas d’emploi dans un délai raisonnable. Mais les mesures annoncées semblent pour certaines complètement hors-sol, pour d’autres irréalisables, pour toutes bien trop précipitées. C’est très inquiétant.

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