Sébastien Goudeau a entamé le dernier thème de la journée : en quoi la perception de l’évaluation par les élèves peut-elle générer des inégalités ?
Une interprétation très importante est que la performance serait le reflet d’une capacité intellectuelle. Mais parlons d’abord de l’importance des situations :

Il y a la menace du stéréotype : si j’appartiens à un groupe qui a une image de moindre compétence, cela peut me faire craindre d’être jugé conformément à ce stéréotype et cela va être néfaste pour la performance.
Ici, les expérimentateurs manipulent la perception des élèves de ce test : on dit à une moitié des élèves qu’on va évaluer les intelligences, et l’autre moitié à laquelle ont dit que c’est un jeu, ou une étude sur le raisonnement (selon qu’on s’adresse à des CP ou à des L1). L’hypothèse est que selon que j’appartient à un groupe réputé intelligent ou non intelligent, mes performances seront différents.

Dans cette situation où le test est exactement le même, on voit que les écarts ne sont plus du même ordre. Dans un cas des phénomènes de stress nuisent au développement du potentiel des élèves en consommant des ressources cognitives, au travers d’une double tâche. On a le même type d’observation avec filles/garçons et arts visuels/géométrie avec cette tâche très connue :


Cela pose la question de ce qui est menaçant pour les élèves dans les situations d’évaluation. Quand on annonce à des groupes qu’on a un objectif formatif ou normatif, dans un test, mais en annonçant un but d’évaluation dans les deux cas, voici ce qu’on obtient :

Il faut aussi prendre en compte le rôle la comparaison sociale : voir réussir quelqu’un mieux que soit a plutôt tendance à être inquiétant et se sentir moins compétent. Pour l’élève, si le domaine est important pour lui, cela va constituer souvent une menace, qui va détériorer la performance en raison du stress. Les élèves de milieux populaires sont plus susceptibles de faire ce type de comparaison en raison de ce qui se passe à la maison, qui les outille plus ou moins pour l’école. Arriver à l’école en étant moins au fait des bonnes conditions des apprentissages, avec le poids des stéréotypes, constitue un double obstacle.
Dans une tâche complètement nouvelle pour tout le monde, un nouveau système d’écriture, présentée comme une évaluation de la mémoire, les chercheurs ont demandé d’indiquer qui avait fini la tâche d’évaluation en levant la main, ou au contraire surtout pas, pour minimiser les écarts de réussite. Les élèves désavantagés dans l’étude (on lève la main) ont oins bien réussi, mais surtout pour un même niveau de difficulté, le fait d’être témoin de la réussite des autres vient perturber la performance de façon tout à fait parlante :



Le cas des interactions plus informelles en classe joue également. Sur le nombre de prises de parole dans une étude en maternelle, les enfants de milieux populaires sont moins susceptibles d’être interrogés, de parler spontanément et plus ou moins longtemps. Or une parole en continu suffisamment longue donne confiance.

Quand on interroge des enfants de grande section sur des scénarios de parole, les élèves identifient les représentations d’élèves qui parlent plus comme des élèves plus intelligents, plus en réussite.
Changer ces conceptions est longue, se construit dès tôt et ne dépend pas que de l’école. La vision comme quoi la réussite est le reflet de l’intelligence est difficile à déconstruire.
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