L’ennui en classe

Sur Etre prof, Geoffrey Boulard, professeur de sciences humaines & sociales et psychopédagogue clinicien spécialisé dans les apprentissages en milieu scolaire, a écrit un article sur l’ennui à l’école.

Selon Geoffrey Boulard, l’ennui que manifestent certains élèves “peu impliqués”est un système de défense destiné à protéger la confiance et l’estime d’eux-mêmes. L’ennui provient de la confrontation à des tâches trop faciles, ou au faut que l’élève ne sait pas comment faite mais n’ose pas le dire, ce qui est, selon Thérèse Bouffard, professeure au département de psychologie de l’université du Québec à Montréal, l’illusion d’incompétence scolaire, qui fait se sentir impuissant et démotive.

La motivation est un phénomène dynamique qui tire sa source dans des perceptions que l’élève a de lui-même et de son environnement, et qui a pour conséquence qu’il choisit de s’engager à accomplir l’activité pédagogique qu’on lui propose et de persévérer dans son accomplissement, et ce, dans le but d’apprendre.

Rolland Viau

Geoffrey Boulard rappelle tout d’abord que montrer aux élèves qu’on a confiance en leurs capacités est la base : forcément, si on leur renvoie une image dépréciée, il va être difficile pour eux de trouver les ressources pour surmonter le regard de celui qui demeure à leurs yeux expert. Il conseille aussi de développer le travail sur l’erreur et d’expliciter les attendus en matière de comportement face au travail. Geoffrey Boulard propose aussi, pour aider un élève qui s’ennuie, de réaliser avec elle ou lui une “pause métacognitive”, pour verbaliser son état présent. Le but est d’amener l’élève à réaliser qu’il y a des stratégies qu’il n’a pas mises en place et qui pourraient l’aider.

C’est un thème très intéressant, l’ennui : moi-même je me suis beaucoup ennuyée en classe et dans ma vie d’adulte de nombreux contextes me placent dans une situation d’ennui, si je ne réagis pas. Mais en effet tout est là : réagir, trouver des moyens, des méthodes, des gestes qui suscitent de l’intérêt en soi. J’y suis bien arrivée à l’école, tout au long de ma scolarité. J’ai développé un grand univers intérieur et tout est source d’intérêt, à force, pour moi, même si c’est souvent associé à une grande fantaisie, la plupart du temps tue, sans quoi les personnes autour de moi vont me prendre pour une gentille illuminée. Cependant, même tue, cette fantaisie m’apporte, car elle est comme de l’énergie, des idées, des intuitions dirigées vers des tas de projets. Lorsque j’ouvre les vannes et que je raconte à mon mari tout ce qui me vient en tête en tout cas, il me dit que dans sa tête à lui, ce n’est pas comme ça. D’un autre côté, avoir développé ce comportement est très fatigant, car ma pensée m’échappe et part dans tous les sens sans jamais s’arrêter, ou presque : jardiner, bricoler l’apaise, mais pas grand chose d’autre.

Le souci, pour beaucoup d’élèves, est qu’il est difficile de leur faire accepter qu’il existe des solutions, des “trucs”, mais que cela dépend d’eux et d’elles : ce n’est pas magique, cela demande une volonté individuelle qui elle-même relève d’un projet (se conformer à la norme scolaire, réussir à l’école, apprendre, n’embêter personne par exemple). Il faut déjà que l’élève soit réceptif à cette idée pour que l’on puisse accompagner l’élève. Un élève m’a récemment dit que sa vie n’était pas assez intéressante. Pourtant, en discutant avec lui, j’y ai vu de nombreux axes passionnants. Mais manifestement je ne l’ai pas convaincu en lui expliquant cela.

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