Aujourd’hui, les mut sont tombées. Boum. J’ai la chance d’avoir obtenu mon premier voeu : l’année prochaine je serai, à titre provisoire en attendant d’obtenir le CAPPEI, coordo ULIS dans un collège de l’agglo de Rouen un peu loin de chez moi mais qui est pour moi le plus attractif. Dans cet établissement, il y a aussi une SEGPA et une UPE2A. Cela constitue un pôle inclusif vraiment développé, qui je pense me permettra d’échanger avec des collègues enseignants spécialisés, et de me former encore mieux. J’ai en plus la chance d’être acceptée à la formation CAPPEI. Je vais m’en mettre plein les neurones.
Ce projet de coordination ULIS s’était imposé à moi en décembre, après une formation sur l’autisme et la participation au groupe FNI (formation normandie inclusive). Enseigner en UEMA (unité d’enseignement maternelle autisme) m’est apparu comme une poursuite de carrière évidente, nécessaire. Mais je ne pouvais pas passer de mes grands au collège avec un enseignement uniquement en maths à l’UEMA. L’ULIS est une étape sensée, et quand je vois comme mon mari, coordo ULIS depuis deux ans, est utile au quotidien, j’ai envie de suivre ses pas. C’est rigolo, il était prof d’histoire et moi de maths, et nous voilà qui exerçons le même boulot. L’été va être studieux…
Et puis l’ULIS a tout ce à quoi je tiens. J’avais vraiment besoin d’évoluer professionnellement, mais je n’envisage pas de quitter la classe. Ni IEN, ni IPR, ni PERDIR donc. Je voudrais continuer de faire des maths, mais j’ai envie d’enseigner aussi autre chose, sans cloisonnements disciplinaires, comme je vois mes ami(e)s PE le faire. Coordo ULIS c’est parfait. Et je vais me consacrer à des enfants qui ont particulièrement besoin d’aide, me concentrer sur le développement de leur autonomie et leur projet.

Ce que je ressens là tout de suite est extraordinairement complexe : d’une part, quitter mon collège actuel est très chargé émotionnellement. Les réactions autour de moi depuis ce matin m’ont touchée. Je pars alors que cette année a été extraordinaire : des classes toutes sympas, des objectifs atteints en grande partie, des réussites de fou côté élèves, un quotidien paisible dans l’établissement et des liens forts noués avec des collègues… C’est exactement ainsi que j’espérais quitter ce poste : sans du tout le fuir. La réaction des élèves a été assez curieuse : avec mon accord évidemment, ils se sont rués sur les murs pour décrocher les affichages, m’ont dégotté des cartons pour emballer les livres, et ont déjà abattu un boulot considérable. Une élève m’a dit qu’elle adore ranger (!?), une autre que cela la rend moins triste de participer au démontage de la classe, un autre encore qu’il m’a toujours aidé en tant que mathmiton, alors c’est logique d’aller au bout. Les murs de ma classe sont presque nus dès aujourd’hui. Ce n’est déjà plus ma classe en fait.
Mais d’autre part, je suis dynamisée par la concrétisation de ces projets qui me tiennent tant à coeur et que j’ai cru voir échouer. Je suis heureuse de la confiance qui m’est accordée, aussi, et très fière des soutiens que l’institution m’a apportés explicitement. Et puis je m’engage dans l’inconnu. Je ne sais pas ce qui va se passer, comment cela va se passer, et j’aime beaucoup ça : ce stress positif, cet inconnu qui exige du travail et de la réflexion, j’adore.
Reste la question de mon identité professionnelle. De façon inattendue, il semble que je vive ça très simplement : je suis enseignante, toujours. Et les mathématiques, mes si belles et fantaisistes mathématiques, restent et resteront au coeur de mon activité intellectuelle, par l’écriture, la formation, l’APMEP, des activités de médiation tournées vers le grand public. C’est simple en fait : je vais juste être naturelle et me laisser porter. Ca tombe bien, c’est ce que je sais faire de mieux.

La tasse que m’a offert Gabin résume tout. Avec le sourire.
Moi aussi j’ai le sourire… et déjà hâte de me voir conter ces nouvelles aventures.
Je sais que je vais découvrir, apprendre et me questionner sur ma propre pratique.
Oui, aucun doute, j’ai le sourire.
Stéphane
Félicitations pour ce nouveau poste. Je continuerai à vous suivre avec plaisir. Votre passion du métier est communicative.
Du coup, je commence avec une petite question posée par ma très jeune collègue PE qui elle a obtenu un poste en ulis collège à la rentrée. Quel support en maths lui conseilleriez vous? (livre, guide du maitre, jeux…). Merci d’avance pour votre réponse.
Bonjour Isa, et merci beaucoup !
Je n’ai pas de support type tel qu’un manuel ou un guide du maître, d’autant plus qu’en Ulis les élèves ne sont pas du même niveau et ont besoin de développer des compétences très diverses. Pour les jeux et les livres dans les bacs, je vais bientôt m’occuper d’aménager ma classe et de ce fait je proposerai des articles qui montrent ce que je compte utiliser… sans garantie que ça marche ! 😉
Félicitations… et bon courage pour les préparatifs de cette nouvelle année!
Merci ! J’essaie de ne pas cogiter à fond tout de suite pour bien me consacrer à mes élèves de cette année. Mais ce n’est pas facile !
Cogito ergo sum
Soit dit en latiniste que je ne suis pas
À bientôt
Bonjour Claire,
Je suis professeure de mathématiques et je suis votre blog depuis plusieurs années avec le plus grand plaisir mais sans jamais oser laisser un commentaire… Je vous félicite pour cette évolution de carrière et je suis certaine que vous apporterez beaucoup à vos futurs élèves en tant que coordonnatrice ULIS !
Aurore
Merci Aurore ! Je suis touchée que vous “osiez” écrire ici pour cette occasion. 🙂