J’en ai pas mal parlé ici, je reviens de l’animation de deux journées complètes (très très complètes, même) de formation près de Bordeaux, dans un Centre de Soins et d’Education Spécialisée (CSES) spécialisé dans l’accompagnement des enfants et adolescents et jeunes adultes présentant une malvoyance ou une cécité, avec ou sans troubles associés, en Nouvelle-Aquitaine. C’était un gros événement pour moi, du point de vue de la préparation et de l’animation elle-même, qui me demandait une grosse implication et beaucoup d’énergie, surtout vu la date et notre fatigue à toutes et tous. Mais surtout, j’ai dû beaucoup réfléchir à ce que ce public de collègues, inconnu pour moi, avait comme besoins. J’ai été vraiment bien guidée en cela par le responsable pédagogique qui organisait la formation. Mais cela demeurait complexe. Au final, ça s’est bien passé je pense, le retours que j’ai reçus sont positifs et je suis très contente. Par exemple, j’ai reçu ce commentaire :
Whaou ! C’était complètement “frappadingue” comme formation. Quelle chance nous avons eu de vous rencontrer. Un grand MERCI !
Et une autre collègue répond au commentaire :
Et pourtant, ce qui nous paraît “frappadingue” devrait au contraire devenir le quotidien dans nos écoles.
Notre école manque cruellement de jeu, de plaisir et, parfois, de rires.
Le premier commentaire me touche, me rassure et me réjouis : être utile, c’est mon moteur. En plus c’était ma première formation en mon nom propre, au travers de la micro entreprise que j’ai créée tout récemment. L’enjeu était de taille personnellement. Le deuxième commentaire me touche aussi car ce que j’ai vraiment essayé de transmettre, pratiquement à égalité avec les savoirs, c’est de l’énergie et du plaisir. Mais ce commentaire dit aussi quelque chose de très vrai : notre école manque de plaisir et de joie, alors qu’apprendre est une des activités les plus sources de bonheur, en principe. Je crains que cela ne s’arrange pas : les personnels sont si malmenés et la société tellement dans la réclamation insatisfaite que ce n’est pas bien parti. Et les jeunes grandissement et se développent dans un milieu parasité par l’angoisse et l’incertitude.
Alors que faire ? Militer, forcément, et puis agir. Etre. Incarner ce en quoi on croit, le vivre. C’est une petite goutte dans un océan, mais bon, c’est ma goutte à moi.
