En réponse à cet article sur un livret de description des différents types de dys, Stéphane Clerc m’a indiqué un épisode de La science, CQFD sur France Culture. Alors pouf, je suis allée écouter cela, car c’était bien intéressant. Je ne sais pas si j’ai écouté le bon épisode, mais il parlait de dyslexie.
Yann Mikaeloff, neuropédiatre, professeur des universités à la faculté de médecine Paris-Saclay, et Catherine Billard, neuropédiatre, spécialiste des troubles de l’apprentissage, sont les invités de l’émission.
Catherine Billard explique que définir un enfant dyslexique, c’est facile : c’est un enfant intelligent, sans maladie neurologique ou atteinte psychiatrique, qui est dans des conditions normales mais est en difficulté plus ou moins grande en lecture et dans l’apprentissage de l’orthographe. Une anxiété de performance peut y être associée. Dès la maternelle, des difficulté avec l’apprentissage des lettres et la conscience phonologique peuvent être un signal à consigner soigneusement (et à transmettre) pour observer l’apprentissage de la lecture en cycle 2. Un “trajet de déchiffrement” inhabituel doit être noté pour s’adapter à l’enfant : l’école est capable de permettre à plus de la moitié de ces enfants de surmonter ces difficultés. Souvent, les enfants dyslexiques comprennent mieux qu’ils ne lisent, alors que chez un enfant non dyslexique c’est l’inverse : ils lisent à toute vitesse mais ne comprennent pas bien ce qu’ils lisent. L’étape de la 6e est également cruciale.
Cependant, il est important que des tests standardisés soient pratiqués : il ne suffit pas d’une intuition ni même d’observations ; il faut que les professionnels de santé adaptés dépistent quels domaines sont affectés ou pas.
Il y a deux modes d’accès à la lecture, à l’identification des mots : celui que l’enfant apprenti lecteur est obligé d’utiliser au cours préparatoire, qui est le déchiffrement, l’assemblage, dont l’objectif est de lire correctement les mots par assemblage pour ensuite constituer son lexique orthographique qui permettra de reconnaître, par adressage (ou de façon globale). Pour constituer ces adresses, il faut que l’enfant déchiffre correctement trois ou quatre fois un mot. S’il fait des erreurs, il ne met pas en place son adressage.
On n’a pas du tout abandonné l’idée qu’il y ait une hétérogénéité des enfants dyslexiques, une hétérogénéité en terme de sévérité, et on sait qu’il y a plusieurs types de fonctions cognitives sous-jacentes à la lecture qui peuvent être perturbées. Mais c’est plus compliqué que de dire qu’il y a des dyslexies phonologiques et des dyslexies de surface ; c’est fini, ça, on n’est plus la-dedans.
Catherine Billard
30% des élèves dyslexiques ont des soucis avec le nombre, pas forcément “graves”, dans le sens ou cela peut être facile à traiter. Un trouble associé fréquent est le trouble de l’attention, qui peut aggraver la rééducation côté dyslexie. Il est donc très important de diagnostiquer les TDA chez les enfants dyslexiques, pour permettre de mettre en place les adaptations pédagogiques nécessaires.
Un reportage dans le laboratoire de Franck Ramus, vers la 33ième minute de l’émission, présente des études sur de très grandes cohortes de personnes qui étudient le patrimoine génétique de chacun en l’associant à des troubles de la lecture. 34 variations génétiques statistiquement associées à la réponse “oui, j’ai été diagnostiqué(e) dyslexique” sont apparues. La plupart de ces gènes sont exprimées dans le cerveau, dans la région temporale gauche, ce qui “constitue un début de scénario plausible”. Mais il reste beaucoup, beaucoup de travail aux généticiens, aux cognitivistes et aux biologistes. Cela pourrait permettre de dépister plus tôt des dyslexies, ou de les prédire mieux de façon qualitative. Mais le diagnostique demeure clinique, par les testes normés et calibrés.
On a aujourd’hui des outils adaptés pour aider les personnes dyslexiques ; le problème demeure de convaincre l’ensemble de la population : on ne comprend pas pourquoi un enfant qui a une dyslexie, une dysorthographie ou même une mauvais orthographe, mais qui a plein d’idées en tête, ne peut pas le dicter à une machine. Il y a des freins qui sont liés à la société
Catherine Billard

Dire qu’il y a une entrée obligatoire en lecture par le b-a ba (donner du son à des lettres) est une généralisation hâtive due à un biais de jugement.
Il y a la solution écrilu. Commencer par écrire, ce qui est à la portée de tous les enfants (dyslexiques supposés aussi). Montessori l’a montré. L’histoire des écritures l’affirme : on a toujours commencé par écrire. Et la logique le confirme : la valeur sonore des lettres et groupes de lettres s’apprend au moment de l’écriture. Seule la correspondance son-graphie (l’orthographe) est toujours stable. Aquarium s’écrit toujours aquarium et dans ce cas, ensuite, on peut constater que qua se si /quoi/. Mais on ne peut pas généraliser comme le font les décodeurs car qua se lit aussi autrement dans qualité, quantité, quantique. Si /a/ s’écrit dans 85% des cas avec “a”, on ne peut pas affirmer que “a” se lit /a/ : manche, mauvais, maigre, équation, football, speaker, etc.
En continuant à faire décoder on facilite la formation de faux dyslexiques. Mais on est tellement persuadé (biais de jugement) en un décodage stable qu’on continue à décoder.
Faites coder vos enfants correctement et ils auront tout ce qui est nécessaire pour lire (et pas syllaber).