Jean-Paul Delahaye, ancien directeur général de l’enseignement scolaire, a écrit aujourd’hui une tribune dans Le Monde.
Comme toujours, Jean-Paul Delahaye a un propos clair et argumente, grâce à sa très grande culture du système scolaire et de l’histoire de l’enseignement. Pour commencer, il reconnait un état de lieux inquiétant dressé par les évaluations nationales et internationales, et précise d’emblée que “l’engagement professionnel des enseignants du premier degré n’est absolument pas en cause ; ils sont les premiers à vouloir la réussite de tous les élèves et à être désolés de ne pouvoir y parvenir de façon satisfaisante”. Merci monsieur : nous travaillons dur, en effet.
Selon Jean-paul Delahaye, le désastre actuel s’est construit sur des décennies de choix politiques de tendances variées.
Notre pays marche sur la tête : nous dépensons beaucoup plus que les autres pays européens pour la fin de la scolarité, le lycée, et moins pour l’école primaire. Nous avons ainsi des effectifs plus chargés qu’ailleurs en maternelle et en élémentaire, et nos enseignants y sont scandaleusement sous-payés. On peut difficilement faire plus mal.
Jean-Paul Delahaye
Par exemple, l’organisation de la semaine de classe n’est pas pensée dans l’intérêt des élèves. Jean-Paul Delahaye a cette remarque percutante :
En France, le temps scolaire est considéré par les adultes comme un fardeau dont il faut se débarrasser en le concentrant sur un minimum de jours.
Jean-Paul Delahaye
Je n’avais jamais envisagé les choses ainsi ; mais en effet, cela donne déjà une image terrible de la façon de penser l’école en France, de sa place dans les familles, de l’image des savoirs transmis par l’enseignement, et de la déconsidération de notre métier. Les doléances de certaines familles quant à l’emploi du temps de leur enfant et l’obsession des remplacements vont aussi dans ce sens, en fait.
Jean-Paul Delahaye relève aussi la diminution de la formation initiale, “une formation continue totalement sinistrée”, la structure administrative du pilotage ministériel et local de l’enseignement primaire et la modification des équilibres territoriaux.
Il faudrait qu’on nous explique comment on peut améliorer les résultats des élèves de l’école primaire en payant et formant si mal leurs enseignants, et en leur infligeant un temps scolaire absurde et néfaste.
Jean-Paul Delahaye
La tribune de Jean-Paul Delahaye permet de prendre du recul et de réfléchir, en se détachant des évaluations institutionnelles qui prennent tou l’espace médiatique, et en considérant la question de l’éducation à l’école dans sa globalité et son histoire. je vous en conseille la lecture intégrale, car je n’en retranscris que quelques points.