La proxémie

Hier, j’ai découvert un mot que j’ignorais : la proxémie.

La proxémie a été introduite par l’anthropologue américain spécialisé dans l’humanisme interculturel Edward T. Hall, à partir de 1963. Il la définissait comme « l’ensemble des observations et théories que l’Homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique ». C’est donc relatif à nos bulles personnelles, par exemple. La proxémie est la relation que les individus entretiennent avec la distance sous tous ses aspects (physique ou en tant que représentation). Cela inclut l’interdiction ou non du toucher, l’importance sociale des contacts fréquents, etc.

Chez des sujets de la classe moyenne de la côte nord-est des Etats-Unis à l’époque des études de Hall, les mesures mènent à ces moyennes :

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Mais c’est très relatif, aux lieux et aux époques.

Ces zones correspondent au départ à des zones observées chez les animaux : à quelle distance on peut fuir, à quelle distance on peut se faire attaquer, à quelle distance on est trop loin de son groupe de pairs…

La proxémie des individus influe sur leurs relations sociales : là où une personne va se sentir mal à l’aise en considérant l’autre comme un intrus dans sa bulle, une autre sera gênée par le sentiment d’être source de recul, ce qui peut s’interpréter comme du dégoût, du rejet, de l’intolérance, etc. Les vagues de Covid ont forcément modifié les critères de proxémie chez de nombreux individus, ainsi que la mise à disposition puis le déclin des open spaces. La proxémie a des impacts sociaux, bien sûr, mais aussi économiques, qui ont été théorisés.

Tout cela n’a rien de bouleversant : nous étions au courant, chacun(e) à notre façon, de cette idée de proxémie, en la nommant ou non. Mais je trouve qu’elle est importante à garder en conscience avec les élèves auxquels nous enseignons : elle a un rôle parfois très fort dans la qualité et l’efficacité des échanges. Certains élèves se concentrent mieux, semblent rassurés parce que nous sommes tout près, alors que d’autres ont besoin d’espace et se sentent oppressées par une présence adulte trop proche. Il nous faut donc réfléchir, mémoriser et nous adapter.

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