Aujourd’hui, c’est module “Identification des besoins aux réponses pédagogiques, éducatives et didactiques”, avec pour thème Communiquer autrement. avec Diane Bedoin. Du point de vue des compétences professionnelles du formateur, on tape très très haut, déjà, et en un regard, un sourire, un déplacement et une phrase madame Bedoin pose une professionnalité remarquable.
Il y a plusieurs acceptions de l’oral : il peut être un moyen ou un objet d’enseignement (c’est un ensemble de compétences à enseigner mais aussi un support pour enseigner), une dimension linguistique, textuelle ou discursive, prendre des formes verbales ou non verbales (le corps en dit beaucoup, la posture, pas seulement les mots et le ton). Mais l’oral se définit aussi par opposition : avec l’écrit (ou la scripturalité) et avec le geste (la gestualité).
Côté scripturalité, Jack Goody, anthropologue britannique, a beaucoup travaillé sur des sociétés sans écriture. Il est spécialiste d’etnhiques comme les Lo Daaga, au nord du Ghana. Il réfléchit aux différences entre les cultures de l’oralité et les cultures de l’écrit. La thèse qu’il a développée, c’est que ce ne sont pas juste des outils de langage différents, mais induisent des modes de pensée différents. Selon lui, la transmission orale pose la question de la mémoire collective, qui ne peut se faire que de génération en génération. Une société orale est une société d’interconnaissance et de face à face : il faut entrer en contact les uns avec les autres pour acquérir des connaissances, communiquer directement. L’oral est une acquisition naturelle. contrairement à la lecture. A partir du moment où on est dans un bain de langage, on va apprendre à communiquer à l’oral.
Dans les cultures de l’écrit, il faut un apprentissage, parce que l’écrit est un langage beaucoup plus codifié que l’oral. L’écrit permet de garder une trace et libère la mémoire. La transmission est démultipliée puisqu’on n’est pas plus forcément en face à face, ni en simultanéité. L’information transmise est libérée du contexte, de l’énonciateur. L’écrit va permettre, selon Goody, l’émergence de la bureaucratie. Goody parle de “culture du grand partage”, entre oralité et scripturalité, théorie qui a été critiquée et nuancée : l’oral est aussi régi par des règles, et aujourd’hui l’oral ne nécessite plus, avec les nouvelles technologies, ni le face à face ni l’unité de temps.
Certaines langues ne sont qu’écrites : les hiéroglyphes, le cunéiforme par exemple. A Chypre, on parle chypriote et on écrit grec. Dans des pays arabophones on a l’arabe standard à l’écrit et un dialecte ou une langue arabe différente à l’oral. La langue utilisable orale est en tout cas bien différente de la langue à l’écrit.

Et le deuxième système d’opposition, avec le gestuel ? Le français, comme la plupart des langues, est audio-phonatoire : j’entends pas mes oreilles et je produis par ma voix. La LSF est visuo-gestuelle : le réceptionne par les yeux et je produis par les gestes et le corps.