Ce matin, nous avons assisté à l’ouverture du premier salon normand de la pédagogie Freinet, dans le village d’Alizay. Cédric a expliqué l’attention portée à l’émancipation et au collectif, l’opposition à la conflictualisation, l’importance de la coopération et une idée d’accueil inconditionnel, la revendication de l’imagination au pouvoir, sont des valeurs de la pédagogie Freinet. Il y a des limites, évidemment : les collègues sèment des graines du possible, avec optimisme, mais en acceptant « une forme de médiocrité » dans les réalisations obtenues (par rapport aux objectifs espérés parfois ; ce n’est pas la médiocrité dans le sens de “nul”, mais dans le sens où on peut toujours améliorer ce qui est fait), dans leur portée, car ils et elles se sentent enclavés façon village d’irréductibles Gaulois.
Merci à vous qui participez à organiser une forme de résistance.

Domitille et Christelle, de l’ICEM (groupe départemental 76), nous ont expliqué leur vision de la pédagogie Freinet. Elles en ont fait l’historique, puis ont distingué la pédagogie Freinet d’une méthode : depuis un siècle, cette pédagogie évolue, s’enrichit, voire se personnalise ici et là.
Il existe de nombreux autres courants pédagogiques, qui ont chacun leurs praticlarités, leur efficacité. Je ne pense pas que la pédagogique Freinet soit LA meilleure. Mais on s’inscrit dans la pédagogie Freinet parce qu’on veut porter et développer des valeurs liées à ce projet de société. Moi, je ne “fais” pas de la pédagogie Freinet, mais je suis sur le chemin et c’est une boussole, un cap que je me fixe. Dans le mouvement de la pédagogie Freinet, on évolue et on grandit tous ensemble.
Domilille, ICEM76
Comment pratique-t-on la pédagogie Freinet?
Avant tout, par l’expression : l’expression dans les textes, dans les arts, dans les mathématiques. Ensuite, par les activités de communication, au travers de présentations de travail, du journal de classe, et aussi en dehors de la classe, dans l’espace public. C’est crucial, d’adresser la communication de la classe, pour donner du sens. Dans le propos qu’on nous a présenté, ce qui distingue les pédagogies dites actives de la pédagogie Freinet, c’est la recherche, le “tâtonnement expérimental”. L’enfant répond à des questions qu’il se pose et non qu’on lui impose. Il apprend parce qu’il en a besoin. Toutes ces activités doivent se situer dans des organisations coopératives, avec des règles de la classe construites, voter, écrites, avec le droit à l’erreur inscrit dans le règlement de la classe, etc.

Pourquoi la pédagogie Freinet ?
Tout ce qui est transmis par la pédagogie Freinet est transmis par des enseignants qui sont des militants, qui portent un projet de société. Ce projet a plusieurs dimensions
- Une dimension pédagogique : on accepte que chacun apprenne selon les modalités et les temporalités qui lui sont propres. On s’intéresse à l’environnement, on laisse entrer le dehors dans la classe, on ne prévoit pas à l’avance l’enchaînement et la chronologie des apprentissages. C’est ensuite aux enseignants d’identifier les compétences et les savoirs travaillés ;
- Une dimension philosophique : on cherhe à créer le désir ds’apprendre pour faire grandir, en variant les points de départ, les itinétraires, les modalités (seul, à plusieurs), mais on chgerche à faire sens le plus possible, en essayant au maximum que ce soit coopératif ;
- Une dimension psychologique : Freinet parlait de la puissance de vie, qui se rapporte à la motivation intrinsèque. Des situations authentiques donnent envie de progresser. Il faut le sentiment d’autodétermination dans le parcours, des relations apaisées avec les parits, sans compétietion, et le respect de la ZPD (zone proximale de développement) ;
- Une dimension sociale : la coopération, à distinguer de l’entraide ou de la collaboration (où chaque individu apporte au projet commun sans forcément échanger), est fondamentale. On grandit ensemble par la construction d’un patrimoine commun de proximité ;
- Une dimension politique : ce qui est essentiel en pédagogie Freinet, c’est que les enseignants portent un projet de transformation de la société qui passe par la transformation de l’école. Freinet a déterminé trente invariants en ce sens.
On prépare la démocratie de demain par la démocratie à l’école.
Célestin Freinet
Pour finir cette inbtroduction, Christelle a cité Véronique Decker, qui dit que pratiquer la pédagogie Freinet c’est le contraire d’un escape game : on travaille tous ensemble, certes, mais pas pour trouver la sortie. On cherche à explorer le château. Joli !