Enseignement · Formation

C’est quoi, un travail de groupe ?

Nous avons réfléchi à la question, ce matin, en formation.

Pour faire travailler en groupe, il ne suffit pas de mettre ensemble autour d’une table et d’une consigne commune. Il faut des interactions, une véritable collaboration. C’est difficile à obtenir, et même très difficile. Pour ma part, la plupart du temps, bien que j’essaie d’impulser du travail de groupe, et non du travail de côte-à-côte, j’échoue. Comment obtenir un engagement constructif pour l’individu, en classe, dans les travaux de groupe ? Comment obtenir la dévolution de chacun et chacune, mais ensemble ? Il n’y a pas de recette miracle, mais commencer par s’interroger authentiquement sur la question est un préalable indispensable.

Et d’ailleurs, pourquoi le travail de groupe est-il intéressant, dans le fond ? Un élève pourrait très bien passer toute sa scolarité à apprendre de façon individuelle, au sein de la classe. Mais alors on ne développerait pas tout un tas de savoir-être, de savoirs, de compétences psychosociales cruciales pour bien vivre dans la société.

Commençons par l’aspect quantitatif. Comment constituer des groupes, sur le plan quantitatif ? Un binôme ne fonctionne bien que si la relation est asymétrique et que l’un des deux exerce un tutorat. Si on veut un vrai échange avec conflit socio-cognitif, il faut que les élèves soient au moins 3. Si on veut de la réflexion et de l’instabilité au sens dynamique, 3 est idéal. On peut proposer des groupes de 4, mais à 4, mieux vaut donner des rôles pour briser la mécanique de binôme.

Et puis il y a un point à garder comme boussole : la réussite de la tâche est ce qui nous intéresse le moins. Ce qui nous intéresse, c’est tout ce qu’on va traverser, vivre et apprendre pour arriver à une proposition. Ce qui nous intéresse, c’est la mise en œuvre des processus de réflexion et de décision : ça, c’est transférable à diverses situations et à tous les domaines. Cela permet d’être en mesure de s’engager dans la résolution de problèmes. Sans doute l’enseignant ou le formateur est-il le plus utile en cela. Alors que beaucoup de savoirs sont accessibles de façon autonome.

Chez les chercheurs · Tous ensemble !

De Triplett à Bucheton

Ce matin, c’est cours de psychologie sociale. Nous commençons par une référence à Norman Triplett, psychologue américain mort en 1934. Norman Triplett a été à l’origine de la première expérimentation en psychologie sociale, à la fin du 19e siècle. Il aimait les courses cyclistes et pensait avoir remarqué que les cyclistes étaient plus rapides s’ils pédalaient en groupe que s’ils roulaient en individuel. Il a mené deux recherches afin de vérifier sa conjecture. Ces études l’ont conforté. On parle de facilitation social, qui correspond à l’amélioration des capacités et de la performance d’un individu lorsqu’il est en présence d’autrui.

Dominique Bucheton

Voici la source de cette citation :