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Paul Auster, 1947-2024

Paul Auster est mort hier. Il est sans doute l’auteur qui a le plus compté dans ma vie de lectrice. Je l’ai découvert lors des mes épreuves orales de CAPES. Je passais tôt le matin, à Sceaux. J’étais donc arrivée la veille. Il fallait attendre. Or le CAPES était pour moi un événement considérable, une prote que je voulais très fort passer. A l’hôtel, j’ai allumé la télévision. Là, il y avait Canal+, et sur Canal+, The music of chance passait, dans son adaptation filmée. J’avais été happée par l’histoire. Lorsque le générique avait défilé, j’vais lu le nom de Paul Auster, que j’ignorais.

En revenant à Rouen, je me suis acheté aussitôt le roman La musique du hasard. Et, dès la dernière page lue, tous les autres. J’ai lu Paul Auster sans discontinuer pendant longtemps. J’ai lu son oeuvre en français, j’ai lu mes préférés en anglais. Je suis restée fidèle, mais j’ai décroché dans ma passion avec Tombouctou. Son approche de la solitude et même de la déréliction m’ont longtemps parlé. Son écriture précise, limpide, me touche.

Cela dit, je vais aujourd’hui prendre l’avion pour intervenir demain au lycée français de Munich, et c’est le dernier Paul Auster que j’ai glissé dans mon sac. Il n’y en aura plus d’autres.

La première page de La musique du hasard, de Paul Auster
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Eliminer les girafes, la sélection naturelle ? Non mais ça va pas bien ho hé !?

J’ai lu cet article du Monde, ce matin :

Je suis proprement scandalisée. La girafe est mon animal favori. Je ne sais pas si c’est parce que je dépassais sur toutes les photos de classe lorsque j’étais enfant, ou parce que ces taches c’est quand même superbe, ou grâce à ce regard si doux… Mais j’adore les girafes. Hé bien figurez-vous que Daniel Milo, auteur d’un ouvrage intitulé La Survie des médiocres, chez Gallimard, explique que la girafe est terriblement mal fichue. Non mais je rêve… Sous prétexte qu’elle ne peut pas plier ses jambes et que le girafon entame son existence par une chute de deux mètres de haut, voilà que la girafe aurait dû être rayée du monde.

Si un ingénieur avait conçu l’accouchement de la girafe, il aurait été viré. C’est tellement nul qu’il n’y a pas d’explication rationnelle.

Daniel Milo

Daniel Milo développe une théorie : contrairement aux idées reçues, la nature ne sélectionne pas les meilleurs ; on peut tout à fait survivre en étant moyen, médiocre, voire pas bon du tout. Alors oui, je suis d’accord, et encore heureux d’ailleurs. Mais j’ai une autre théorie : la girafe est une championne de la résilience sereine, tout là-haut dans son monde à elle. Elle peut protéger les terriens, en alertant des menaces lointaines, car elle n’est pas non plus méprisante ou hautaine. Elle est juste en altitude. L’agitation est loin en bas, et je suis sûre que si elle pouvait, la girafe ferait encore pousser un peu plus son cou.

Additif de 13h58 : un de nos enfants me faite remarquer que la conception de monsieur Milo est très compétitive : la girafe accède à de la nourriture que personne d’autre ne va manger. Elle n’empiète sur le territoire alimentaire de personne. Ca me plait bien aussi, cet aspect non compétitif de la girafe.

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Soutenir les collègues du 93

Nos collègues de Seine Saint Denis mènent depuis des semaines un mouvement de contestation inédit, en réaction à des conditions de travail inédites elles aussi, à un abandon de l’état pour tous ces jeunes. On est aux antipodes de Stanislas, qui continue son chemin dans un silence feutré et complaisant. En Seine Saint Denis, la situation est inacceptable.

Pour aider tous ces courageux collègues, une caisse de grève a été lancée. Elle a dépassé 100 000€, et c’est très bien. Mais les collègues ont besoin de davantage pour faire face au mépris du gouvernement le temps qu’il faudra. Il faut les aider. 100 000€, ce n’est pas encore assez.

Pour donner raison à Emilie plus encore, c’est :

Le lien vers la cagnotte

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L’inclusive, mais quelle pépite !

Je révise. Pas seulement, hein, je fais aussi des tas d’autres trucs maintenant que je suis parée pour le jour du CAPPEI. Mais bon, quand même, je révise. Alors je fouille, je farfouille, pour trouver des présentations que mon cerveau imprime durablement, des reformulations, des simplifications ou des développements. Et, joie, je retombe sur l’Inclusive, avec du Stéphane Clerc et du Edith Marcel dedans. Des fiches simples, claires, avec un thème bien défini…

Voici un exemple : comment adapter efficacement un texte pour qu’il soit plus accessible à une majorité d’élèves ?

Merci Stéphane !

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Lâchez-nous le niveau !

Pour écrire un article pour Au fil de maths, la publication de l’APMEP, j’ai travaillé sur le système britannique qui promeut les groupes de niveaux. Et je suis tombée sur cet article :

Ainsi, en Grande Bretagne, la recherche revient sur l’efficacité des groupes de niveaux, et montre ses inconvénients. Extraits choisis :

Becky Francis, directrice générale de l’EEF, déclare que “lorsqu’il s’agit de l’établissement et de l’orientation, les preuves ne sont peut-être pas concluantes, mais elles montrent une tendance claire : ces pratiques ont tendance à être bonnes pour les élèves ayant un niveau élevé, mais mauvaises pour les élèves ayant un niveau faible”.

“Cela a un impact disproportionné sur les élèves de certaines catégories démographiques – par exemple, les élèves plus aisés ont tendance à être représentés de manière disproportionnée dans les ensembles élevés, et les élèves défavorisés sur le plan socio-économique dans les ensembles faibles”, poursuit-elle.

Pour les chercheurs en éducation qui consacrent du temps à l’étude de l’impact de la sélection et de l’orientation, c’est une véritable énigme. Pourquoi tant d’écoles anglaises sont-elles si attachées à quelque chose dont les preuves (bien que limitées) ne suggèrent aucun avantage global pour les résultats scolaires, et un impact négatif pour les élèves défavorisés qui devraient être la priorité ?

Ou encore, sur les évaluations standardisées :

Selon M. Thomas, une école peut compter 180 élèves dans un groupe d’âge et pour 140 d’entre eux, les intervalles de confiance – “extrêmement larges” en raison de la nature du test utilisé comme base pour fixer les notes – se chevauchent. Cela signifie qu’il n’est pas possible de dire si l’élève classé en 40e position a réellement des performances supérieures à celles de l’élève classé en 150e position.

Néanmoins, Thomas poursuit : “Vous avez dit quelque chose d’assez fort à cet enfant [classé 150e], qui a probablement des conséquences négatives. Mais comme vos statistiques sont médiocres, vous ne pouvez pas bénéficier de l’effet positif qui, selon vous, aurait valu la peine d’être mis en place”.

Une focale particulière est consacrée aux mathématiques dans l’article, car c’est la matière qui induit le plus de regroupement par niveaux en Grande Bretagne. Je vous conseille de lire l’article dans son ensemble ; il est en anglais. Je le trouve éclairant sur l’inanité du concept de niveaux. Tout ce qui compte, ce sont les besoins.

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Tiens, le vent tombe, non ?

Après une semaine la tête dans le sac à essayer de rationaliser tout ce que j’ai à préparer pour le CAPPEI, il semblerait que je voie l’accalmie se profiler. J’ai encore un truc hyyyyper important à faire, mais je vais peut-être réussir à le traiter demain. Après je relie tous les bouts qui vont ensemble, et dans ce cas, tout sera prêt du point de vue logistique, et je pourrai tranquillement réviser. J’aurais une semaine d’avance sur mon planning, et ce serait vraiment super chouette. Je pourrais même, si ça marche bien, me poser un peu et prendre l’air. Mais en attendant, à fond à fond : objectif CAPPEI, nom d’une pipe en bois en fer et en pomme de terre !

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Je suis perturbée. Peut-être même perturbatrice.

Madame Belloubet a tenu publiquement des propos très choquants :

La première chose qui vient à l’esprit de madame Belloubet, quand on lui parle (fort maladroitement) d’ “élèves perturbateurs”, c’est d’évoquer des élèves en situation de handicap. Alors ouiii, j’ai bien compris, notre ministre ne dit pas que élève en situation de handicap entraîne élève perturbateur. Mais elle dit que élève en situation de handicap favorise le fait d’être perturbateur, et c’est son premier mouvement, de citer les enfants en situation de handicap. C’est tout un symbole, une révélation malgré elle de ses représentations de la diversité, je pense. Les “assistants d’éducation au handicap” n’existent pas, ce qui montre une méconnaissance des dispositifs institutionnels, quant aux dispositifs spécifiques de prise en charge, j’aurais aimé que madame Belloubet développe : de quoi parle-t-elle ? Songe-t-elle à proposer des ULIS, SEGPA, ITEP, etc. à tous les élèves en situation de handicap ? Est-elle alors consciente que l’enjeu est l’inclusion, et que les temps de la ségrégation, de l’intégration sont censés être derrière nous ?

L’autre possibilité qui explique qu’un élève soit perturbateur, c’est qu’il est “en difficulté dans sa famille”. Bin oui, si ce n’est la faute à pas d’chance avec la génétique ou l’environnement, cela doit être la faute des parents. En fait, les élèves ne semblent pas être des personnes à part entières pour madame Belloubet : ce sont des produits de facteurs extérieurs sans volonté, sans pouvoir décisionnaire. Alors l’éducabilité…

Reste que la question du journaliste était piégeuse : comme le fait très justement remarquer Clément Viktorovitch sans sa chronique, le fait d’être estampillé “perturbateur” définit un état, qui semble inaltérable. alors qu’en effet, perturber est un acte, un mouvement. Et puis bon, que signifie perturber, que signifie élève perturbateur ? Des choses assez terribles, mais finalement de natures différentes. Entre agiter et détraquer, entre secouer et bouleverser, il y a toute un panel de nuances que nous, enseignants, visons bien différemment :

Ce ne sont pas les élèves, que je trouve les plus perturbateurs, dans l’exercice de mon métier, en ce moment.

Bref, c’est vraiment désolant tout cela. Je m’attendais à tellement autre chose de madame Bellloubet. Naïve que je suis.

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Mes PPI

P-P-I… Trois lettres qui font frissonner les candidats au CAPPEI… Brrrrr ! Un PPI, c’est un projet pédagogique individuel (ou individualisé sur certains sites académiques). C’est vraiment important, de faire un PPI pour chaque élève de nos dispositifs ULIS : à l’articulation des enseignants, des familles, de la vie scolaire, des professionnels médicaux, paramédicaux ou sociaux, le PPI dresse un état des lieux des caractéristiques de nos élèves. Il faut trouver sa forme de PPI, et là est la grosse difficulté, car il n’y a pas de modèle. Alors il faut trouver l’outil qui semble le mieux adapté. Pour ma part, c’est la CPC qui est venue me tutorer qui m’a complètement débloquée dans ma réflexion et m’a permis de trouver la forme qui convient le mieux à mon cerveau, à mes observations et à ma communication.

L’intérêt d’un PPI, c’est de le réviser régulièrement. Et ainsi, que de satisfactions… Voyez par exemple ce PPI, et ces beaux progrès :

Je suis heureuse de lire les évolutions positives des élèves qui me sont confiés au sein du dispositif ULIS de mon collège. Toutes et tous n’évoluent pas aussi fortement, pas de la même façon, mais chacune et chacun suit son chemin en progressant. C’est une grande fierté que d’accompagner ces jeunes gens et leurs familles.

Quant à cet exercice qui consiste à produire ses PI, je suis bien contente du résultat : ce n’est pas un exercice de style, c’est vraiment hyper utile et indispensable, au final.

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Et l’affichage qui va avec !

Des élèves du dispositif ULIS avaient préparé le texte à afficher et l’avaient tapé ; il ne me restait plus qu’à insérer les photos et à remettre en page, et voiààààà ! C’est-y pas beau ??? Siii, youpiii !

Dans deux semaines nous installerons cérémonieusement ces affichages. Je pense donner à cet événement un petit aspect de vernissage, avec jus de pommes et chouquettes. Comme ça nous réfléchirons à comment peut bien s’orthographier le mot vernissage, et pourquoi il est ainsi construit.

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?

Ce matin, ma fille et moi sommes allées au collège pour peaufiner l’anamorphose que les élèves du dispositif ULIS, aidés par des élèves de 6e et 5e SEGPA, ont élaborée. Il ne restait que du peaufinage de précision et du nettoyage. Nous avons bien travaillé ! Allez, je vous montre ?

Pour terminer tout bien comme il faut, il a encore fallu faire un peu le clown…

Mais voilà le résultat :

Ce n’est pas hyper parfait, mais c’est vraiment bien. Il faut encore gommer les traits de crayon au plafond, et les élèves du dispositif ULIS pourront être bien fiers d’eux et d’elles !!! Moi, je le suis !

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“Gabriel Attal montre une volonté de contrainte et non une volonté d’autorité, c’est fort différent” (Sebastian Roché)

Gabriel Attal adhère à cette même philosophie démagogique et populiste qui veut qu’à tout problème complexe, il y a une solution simple. Mais à chaque fois, c’est la mauvaise.

Eric Debarbieux, Le Monde

Gabriel Attal déteste-t-il la jeunesse ? Ou bien cherche -t-il maladroitement et de façon bien mal avisée à rallier les électeurs tentés ou acquis au Rassemblement National ? Ou bien encore a-t-il besoin d’exister par des effets d’annonce, dont il ne perçoit pas le décalage avec la réalité ? Et comment se fait-il que ses conseillers ne lui indiquent pas qu’il est gravement à côté de la plaque, qu’il creuse lui-même des fossés, dans une société déjà clivée ? Je ne comprends pas. Cela fait des mois que je me trouve dans un état de sidération, mais ces dernières semaines sont encore plus stupéfiantes.

« Il ne faut pas avoir peur des mots », dit Gabriel Attal en évoquant la « violence débridée » de la part de jeunes « de plus en plus jeunes », dans cet article du Monde. Mais non, et statistiquement non, factuellement non. Sebastian Roché, politiste et auteur, l’expose très clairement dans un article du Café Pédagogique :

Il existe des faits de violence très graves qui se produisent, mais les tendances dans la société française, en général et pour les mineurs en particulier, ne sont pas à l’aggravation.

Nous sommes sur des planchers historiquement bas de la violence homicide. Des planchers sur lesquels il y a un rebond – ce n’est pas une inversion de tendance, et il est lié non pas aux jeunes, mais à des organisations criminelles qui ont développé le trafic de la cocaïne avec 47 morts à Marseille l’année passée, par exemple, liés à ce trafic. (…) Ce n’est pas un problème moral, mais un problème d’économie et de régulation d’un marché.

Dans les enquêtes que nous faisons auprès des jeunes pour évaluer la gravité perçue des faits, nous constatons qu’ils ont une évaluation calquée sur celle du système pénal. La violence avec homicide, la violence avec armes sont tout autant condamnées chez les jeunes que chez le reste des Français… Notre jeunesse a donc la même grille d’évaluation de la gravité que la population générale.

Des commentaires politiques veulent nous faire croire à une tendance, alors que scientifiquement, c’est faux.

Sebastian Roché, politiste et auteur

Sébastian Roché explique que certaines nouvelles formes de délits sont plus fréquents aujourd’hui chez les jeunes, comme le harcèlement numérique. Mais il n’y a pas plus de racket, par exemple. Et 30% de jeunes de moins qu’en 2000 consomment du cannabis, ce qui est toujours un délit en France, sauf usage privé thérapeutique.

Monsieur Attal est donc en train d’agiter des épouvantails qui modifient la perception des jeunes. C’est grave, très grave. Nous sommes déjà organisés par classes sociales et culturelles, par genres, par choix de sexualité, par origines familiales, et voici que nous ajoutons le mépris des jeunes. Pas de doute, voilà un projet de société qui va sur la bonne voie… Misère.

A Nice, monsieur Attal était accompagné de monsieur Dupont-Moretti, pour inaugurer le premier « internat éducatif », qui, je cite, “doit redonner aux jeunes le goût du civisme et de l’effort, en un temps éclair“. mais oui bien sûr. C’est le moment de relire la phrase d’Eric Debarbieux, en en-tête de cet article. Et Nicolae Belloubet, elle, était absente, ce qui constitue également un symbole. A ce sujet, Nicole Catheline, pédopsychiatre et fondatrice d’un centre pour enfants déscolarisés à Poitiers, déclare : « C’est préoccupant, car cela insiste sur la dimension justice des mineurs et pas sur l’aspect éducatif. » C'(était déjà le cas avec cette idée d’enfermer les élèves de 8h à 18h du lundi au vendredi au collège. Ah non, pardon, le lendemain l’annonce précisait que cette brillante idée ne ciblerait que les élèves de REP et REP+, induisant que ce sont eux les graines de racaille et permettant à d’aucun de se réjouir de la perspective de voir moins de pauvres (qu’ils ne voient pas, de toutes façons). C’est envisager l’école comme un lieu de rétention, alors que ce doit être un lieu d’épanouissement, de révélation de la personne pour mieux être au monde. Ah mais finalement rétro2-pédalage, cette mesure sera destinée aux volontaires. C’est vrai qu’on n’a déjà plus assez de profs, pas assez d’AESH, pas assez d’AED, et la police est occupée… C’était techniquement délicat, mais ça, personne ne l’a dit aiu premier ministre avant qu’il ne s’emballe. Dans le fond, peut-être ses conseillers veulent-ils lui nuire.

Gabriel Attal montre une volonté de contrainte et non une volonté d’autorité, c’est fort différent. La volonté d’autorité serait que l’État regagne le crédit moral, le prestige qui fait que ses injonctions sont écoutées, précisément sans contrainte. C’est la différence classique entre le consentement et la coercition.

(…) La coercition, on la maîtrise, parce qu’on a les moyens de la mettre en œuvre, mais l’autorité, on vous la reconnaît, et cela les professeurs le savent bien.

Sebastian Roché, politiste et auteur

Je vous conseille vivement la lecture de l’interview de Sebastian Roché, sur le Café Pédagogique. Il est clair et étayé. Son propos sur la notion de compétence est très intéressant.

Gabriel Attal remplace la politique publique, l’action, par une indignation morale. C’est moins coûteux. Et, pour se disculper de toute responsabilité, le Premier ministre pointe du doigt les autres, en l’occurrence les parents. Ce n’est pas sans rappeler les émeutes de juillet dernier. Un policier tue un gamin qui ne le menace pas, et le Président explique que les émeutes sont de la responsabilité des parents.

Sebastian Roché, politiste et auteur