– Bonjour, j’ai un rendez-vous à 15h10 pour m’inscrire. Je suis en avance, dois-je attendre ?
– Non, l’heure n’a pas d’importance.
– Ah, tant mieux alors.
– Auriez-vous votre convocation s’il vous plaît ?
– Heu non, je n’ai pas reçu de convocation.
– Elle s’appelle aussi autorisation d’inscription.
– Ah ça oui, j’ai. Voilà.
– Vous êtes étudiante ?
– Non, pas encore.
– Vous êtes salariée ?
– Oui, je suis enseignante dans le public.
– C’est quel code, vous savez ?
– 42.
– Vous êtes salariée du public ou du privé ?
– Du public.
– Vous faites quoi comme métier ?
– ... Enseignante. Du public.
– Vous connaissez le code de CSP de vos parents ?
– Sérieusement ? J’ai 44 ans et il faut que je vous donne les CSP de mes parents ?
– Heu, oui.
– Ok. 61 et 62.
– C’est drôle, ça se suit. Vous avez l’original et la photocopie de votre CNI et l’original et la photocopie de votre dernier diplôme obtenu ?
– Oui.
– Vous vous êtes acquittée du paiement de la CVEC ?
– Oui, et d’ailleurs c’est quoi ? Pourquoi faut-il payer ça ?
– Ah bah ça sert à plein de choses…
– Comme ?
– Ca paye votre sécurité sociale.
– Non, je ne crois pas. Et j’ai déjà la sécu et une mutuelle.
– Ah bon ? Comment ça se fait ?
– Je suis salariée.
– Ah oui. Mais ça sert aussi pour faire du sport, et participer aux associations pour faire la fête vous voyez…
– Ah super.
– Heu bon alors est-ce que vous avez une photo ?
– Oui. Voilà.
– Est-ce que vous avez déjà la sécurité sociale ?
– Oui…
– Est-ce que vous avez un numéro d’INE ?
– Non, je suis trop vieille pour en avoir un.
(panique dans le regard de mon interlocutrice)
– Je fais comment alors ?
– Je ne peux pas vous le dire. Je pense que vous devez m’en créer un.
Là, une dame d’un autre guichet a pitié et vient voir sa collègue. Elle lui explique :
– La dame elle n’a pas d’INE parce qu’elle a eu le baccalauréat avant 1995. Donc tu coches “pas d’INE”, là. Ca va en créer un. Tu vas voir, ça arrive assez souvent, alors il faut que tu saches le faire.
– D’accord. Voilà. (…) Ah bah si, regarde, là, elle en a un en fait d’INE. Je ne l’avais pas vu.
– Non mais c’est parce que tu viens de … (elle s’interrompt) Oui, bon ben alors tout va bien, utilise celui-là. (elle me regarde, consternée mais bienveillante)
– Vous avez votre relevé de notes du baccalauréat, original et photocopie ?
– Oui, mais comme ça date, il n’est pas en format A4 et donc je l’ai photocopié en deux fois. Il faut superposer partiellement les photocopies pour avoir tout.
– J’ai pas compris.
– Si vous avez de la colle, je m’en occupe.
– D’accord.
Cinq minutes plus tard, je passe au deuxième guichet, puis au troisième, puis au quatrième, puis au cinquième.
– (Avec les gestes à l’appui) Alors il faut que cet autocollant, là, vous voyez, vous le colliez sur la carte, ici. Cet autocollant, là, ici. Vous voyez ? Ca, là.
La collègue de mon interlocuteur :
– Je crois qu’elle a compris, la dame, tu sais. T’es lourd.
– Ah ? Vous avez compris ?
– Oui, ça va.
– Non parce que c’est super important, sinon vous ne pourrez pas rentrer dans les bâtiments.
– Bon, bin je vais le coller alors. (…) C’est normal que ça ne se décolle pas ?
– Non, c’est autocollant. (…) Ah non, votre autocollant il n’est pas autocollant.
Bon, en tout cas pour un rendez-vous à 15h10 j’étais sortie à 15h11, avec ma carte étudiante et un INE tout neuf, et l’accueil a été très aimable, avec tout le monde.
Mais je sens confusément que je suis décalée.