Un article du Nouve Obs, par Gurvan Le Guellec, aborde le fait que les dispositifs ULIS (unités localisées pour l’inclusion scolaire) et les classes SEGPA (Section d’enseignement général et professionnel adapté) ne sont absolument pas prises en compte dans la réforme du gouvernement. L’article est en accès libre.
Cela fait tout de même 86 000 élèves confrontés à des difficultés d’apprentissage, regroupés dans les sections Segpa, et 48 000 autres en situation de handicap, réunis dans les dispositifs Ulis, qui sont laissés pour compte dans la réforme.
La note de service publiée par le ministère mi-mars indique diplomatiquement qu’il s’agira de « constituer des groupes évolutifs en fonction des besoins et compétences des élèves, sans que d’autres critères, tels que la situation de handicap, n’entrent en ligne de compte ». Mais la question reste ouverte : où diable va-t-on « inclure » nos Ulis ? Chez les forts, au risque de les noyer, même si des enfants handicapés peuvent maîtriser avec beaucoup de talent certaines compétences et disciplines ? Ou chez les faibles, au risque de mieux les stigmatiser ?
Gurvan Le Guellec
Le 3 avril, après quelques remous dûs à l’opposition à une heure enlevée aux SEGPA pour tenter de boucher les trous en enseignement régulier (pour les groupes de niveau totalement fantasques en plus d’être philosophiquement répugnants), Nicole Belloubet a affirmé au Sénat que « deux heures supplémentaires seront [finalement] données aux Segpa ». Mais en fait, non : ces deux heures ne sont que les deux heures de soutien déjà annoncées, dont les élèves de Segpa « font évidemment partie » et « pourront » bénéficier, à condition d’avoir des prof (ou autres, allez…) en face d’eux… Les élèves des dispositifs ULIS aussi, évidemment, s’ils sont dans leur classe de référence sur ces heures et dans ces disciplines.
Une autre annonce m’inquiète : on nous dit que pour aller au lycée, il faut le DNB. Je ne suis pas sûre, car la communication du gouvernement est absconse et à géométrie variable, mais j’ai cru comprendre que cela concernait l’accès au lycée pro et au lycée général. Le niveau minimal visé en sortie de dispositif ULIS est le niveau fin de cycle 3. Il est assez rare que des élèves de dispositif ULIS passent le DNB. Mais alors que propose-t-on à nos élèves ? Elles et ils sont capables de réussir au lycée professionnel, pourtant. Avec ou sans le DNB, qui est un exercice scolaire très stéréotypé et heureusement non prédicteur.
Et si la violence de classe était d’abord une question d’omissions ?
Gurvan Le Guellec