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Un point c’est tout

« Un point c’est tout » est une expression que me fait réfléchir, depuis plusieurs mois. Quand on dit « un point c’est tout », c’est la plupart du temps sur un ton impérieux. On veut dire qu’on s’arrête là, que cela suffit, zut non mais enfin. Mais si on lit différemment l’expression, d’un ton qui traduit une certaine emphase, on pourrait penser qu’un point, c’est tout pour la phrase, que le point donne toute sa signification à ce que l’on vient d’écrire. Ou on pourrait l’entendre dans le sens où un point, ce n’est pas grand-chose, finalement. Mais il serait préférable alors de faire figurer une virgule : « un point, c’est tout », en prononçant la phrase d’un ton tranquille et chantant.

C’est bien le problème, avec la ponctuation, et en même temps son super pouvoir : la ponctuation donne le ton, le ton induit la ponctuation. Lorsqu’on lit une partition musicale, le tempo est donné. On nous indique même les silences et les si poétiques soupirs. Mais quand on lit un texte, quand les élèves du dispositif ULIS qui me sont confiés décodent la succession de mots et cherchent à comprendre leur signification, la ponctuation est un code de plus à maîtriser. Comme tous les codes, il nécessite un apprentissage pour exhiber au grand jour ses multiples implicites. Une de ses difficultés est que dans notre langue, il ne prévient pas. Il est à intégrer à la lecture, au sens de la compréhension, de manière immédiate. Cela peut faire beaucoup, particulièrement pour des personnes qui accèdent déjà au sens difficilement, parce que la reconnaissance des graphèmes, le décodage, la connaissance du lexique, la mémoire immédiate, les compétences visuo-spatiales constituent potentiellement autant de difficultés.

Dans mon établissement, les élèves du dispositif ULIS ont travaillé la production d’écrits depuis le mois de septembre. Tous et toutes ont progressé. Nelson est passé de l’écriture d’une ligne et demie à la production d’une page entière, voire plus. Léa a appris à se lancer, malgré les difficultés de phonologie qui la gênent. Ruby ne manque plus jamais de vérifier qu’adjectifs et adverbes rendent son récit haletant. Et parmi ces 14 jeunes gens, 2 font régulièrement figurer la ponctuation dans leurs narrations.

Pourtant, dès le début de l’année, nous avons consacré de l’attention à certains éléments de ponctuation : le point, la virgule, le point d’exclamation et le point d’interrogation. Lorsque nous avons travaillé le dialogue, le panel s’est encore enrichi. Nous avons travaillé des phrases sans ponctuation pour la faire apparaître, en débattant des choix effectués : plusieurs possibilités s’offraient souvent aux élèves. La compréhension de l’écrit est indispensable dans ce type d’exercice. C’est pourquoi l’entreprise a été longue. En plus de l’apprentissage, du réapprentissage ou de la consolidation de la lecture, il m’a fallu enseigner la patience, la recherche d’indices, la réflexivité. Mais les élèves ont progressé. Elles et ils ne se trompent plus que rarement dans ce type de tâche. Et pourtant, ils n’ont pas transféré ce nouveau savoir à leur propre écrit. Pourquoi ?

Je l’ignore, en fait. Je n’ai aucune certitude. Mais je peux émettre des conjectures. L’une d’elles est d’ordre psycho-affectif : écrire, c’est difficile et cela peut placer dans une situation d’insécurité. On veut bien faire, recevoir la validation de l’enseignant, pouvoir vite-vite passer à une tâche plus confortable. Alors on va vite. Ce qui compte pour soi-même à cet instant est de poser les mots, de former ce que l’on considère comme des phrases, puisqu’elles vivent dans notre esprit. Pas le temps de poser sa réflexion pour indiquer de la ponctuation.

Une autre conjecture, qui a les mêmes effets, est qu’on peut être plus ou moins conscient d’avoir une faible mémoire de travail. Lorsqu’on tient une idée, qu’on en sautille joyeusement sur sa chaise, écrire urge : l’idée va s’envoler, si on attend trop. Alors de nouveau, mais différemment, on se précipite.

Une troisième conjecture tient à la charge mentale nécessaire. Si je dois en même temps construire un récit sensé, structuré logiquement et chronologiquement, que je dois utiliser des mots imposés parfois franchement compliqués (comme « patiemment », qui ne se lit pas comme il s’énonce, ou « cliquetis », certes rigolo à entendre, mais qui ne dit pas s’il est singulier ou pluriel), que je dois me concentrer sur le découpage des mots, pour ne pas confondre le b et le d, le v et le f et tous ces couples de lettres qui tendent sans cesse des pièges, me reste-t-il de la place pour m’interroger sur le rythme que je voudrais qu’autrui donne à mon texte en le lisant ? Non. Clairement pas.

Mais alors, me direz-vous, c’est fichu, on abandonne ? Que nenni ! (Notez le point d’exclamation, car je m’offusque). Abandonner serait insulter l’intelligence des élèves. Elles et ils peuvent y arriver. Mais à moi d’être patiente et de les amener là où il faut. Leur demander de se relire n’est pas efficace, excepté pour celles et ceux qui déjà ont engagé leur transformation pleine de points et de de virgules. Sans ponctuation, et avec d’autres soucis dans la maîtrise de la langue, la seule à pouvoir les relire efficacement dans le dispositif ULIS, c’est moi. Cela les décourage, naturellement : après avoir produit de si beaux et riches textes, s’en voir soi-même privé d’accès est franchement frustrant. Alors je sélectionne des phrases, des extraits, et chaque élève les retravaille, après quoi nous débattons. Ou bien, exercice qui les amuse beaucoup, je projette au tableau une ou deux phrases d’une production d’élève (qui est prévenu et a donné son accord pour faire avancer le reste de la troupe à partir de sa prose), puis je lis ce que cela donne sans ponctuation. Les élèves viennent ajouter par-ci, par-là des « ! », des « , » ou des « . », et je relis. Nous ajustons, dans la bonne humeur. Quand il y a consensus, nous gardons et nous passons à la suite du texte.

Évidemment, ce n’est pas ainsi que nous corrigeons un grand volume d’écrits. J’ai choisi le qualitatif au quantitatif. Et le schmilblick avance. Lentement (ou parfois plus vite, d’ailleurs), mais sûrement.

C’est vraiment complexe, l’usage de la ponctuation. Moi-même je sais que je ne l’utilise pas toujours à bon escient : j’aime les virgules après « et », ce qui agace des lecteurs. Et puis j’ai une addiction au point-virgule, que j’utilise à tort et à travers, juste pour le plaisir. Cela doit être mon côté consensuel qui me fait l’aimer tant, celui-là… Mais n’en cherchez pas dans ce texte : pour une fois, une seule, j’y ai veillé.

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3 lettres

Aujourd’hui, nous avons utilisé le jeu clac-mots édité par Foxmind. C’est un moyen simple de faire travailler le lexique. Un élève secoue le boîtier qui contient les dés, appuie (il fait clac !) pour les bloquer dans leur position finale, le place sous la visualiseuse, et zou, chaque élève cherche un maximum de mots contenant ces 3 lettres dans un temps contraint.

Les élèves n’avaient pas d’inspiration, au départ, et puis c’est progressivement venu, avec des stratégies. Ils et elles étaient 6, et de 8 mots nous sommes passés à 31. Les lettres étaient sans doute plus favorables, aussi, mais il y a eu clairement une libération de la pensée et davantage de méthode. Au premier essai, nous avons dû éliminer 7 mots, qui ne contenaient pas toutes les lettres attendes ou étaient mal orthographiés. Sur le dernier essai, aucun mot n’était à éliminer, et les corrections mineures. Le fait de venir manipuler le jeu a motivé les élèves, et l’aspect aléatoire aussi. J’avais prévu de proposer cette activité en rituel, mais l’activité des élèves m’a poussée à la prolonger sur la séance presque entière (nous avions commencé par un rituel de gymnastique de la mémoire).

Cette fois-ci, mon objectif était de travailler les champs lexicaux et les familles de mots. Une autre fois, je travaillerai certaines natures de mots, ou de la phonologie.

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Faire produire de l’écrit, pour tous et toutes

Les élèves du dispositif ULIS que je coordonne sont de plus en plus forts en production d’écrits. Elles et eux qui n’osaient pas écrire une ligne, qui se cachaient derrière un supposé manque d’imagination, qui avaient si peur de faire des fautes, les voilà qui m’écrivent des pages entières.

Alors oui, des fautes, il y en a. Des fautes d’ordre phonologique, orthographique, syntaxique. Mais les écrits se développent, s’allongent, s’enrichissent, et au travers de ces mots parfois difficilement tracés, souvent au séquençage alternatif, des voix s’expriment, des capacités de créativité prennent de l’ampleur, et la confiance en soi grandit.

Lorsque je vais revenir de formation, nous allons retravailler ces textes. Chaque auteur(e) va, à partir de ma retranscription (car c’est souvent difficile à lire pour les élèves eux-mêmes), corriger pour écrire d’une façon acceptable au regard de l’oral, s’interroger sur la syntaxe, faire des recherches sur l’orthographe, et, pour tous et toutes, travailler la ponctuation.

L’année prochaine ces textes seront regroupés dans un livre dit in est le héros. Ca va être chouette, très chouette.

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Travailler la phonologie

Certain(e)s des élèves du dispositif que je coordonne ont des difficultés que le travail de la phonologie peut faire reculer. J’ai parlé de phonologie ici, il y a quelques jours :

Plus la conscience phonologique est développée, plus on a de chances d’apprendre à lire sans grandes difficultés. La conscience phonologique regroupe les capacités à percevoir et à identifier, à manipuler ce qui tourne autour des sons, y compris ajouter, substituer, etc. C’est la prise de conscience que le langage est composé d’éléments (mots, syllabes, phonèmes) qui peuvent être isolés, la découverte du fait que ces éléments sont représentés à l’écrit par des lettres qui permettent de percevoir l’importance des marques morphologiques qui ne s’entendent pas à l’oral.

L’article

Comme notre formatrice, Tiffanie Dujardin, nous avait parlé du Syllabozoo, je lai emprunté à l’INSPE. Il est édité chez Retz et s’adresse aux grandes sections, CP et RASED. Il y a tout un tas d’activités dedans, et j’ai hâte de l’essayer avec plusieurs de mes zozos. Mais actuellement je suis en période de formation, pour encore plus d’une semaine ; je devrai donc patienter.

Non seulement je vais pouvoir travailler plus finement la phono, mais en plus je vais pouvoir travailler le découpage en syllabes, qui manque aux élèves. Dans plusieurs jeux récemment acquis pour le dispositif ils et elles ont besoin de découper en syllabes entendues, et cela ne marche pas du tout.

Par exemple, des plaches proposent de faire énoncer à l’enfant le nom de l’animal hybride : voici le torval, le chebeau et mon préféré, le casmeau :

Sur chaque planche, il y a aussi une représentation d’un des animaux “entiers”. Je vais revoir avant avec les élèves les noms des animaux invoqués (à la place de corbeau ils pourraient penser oiseau, par exemple), avec les affichages prévus à cet effet, et nous allons jouer. Comme il n’y a rien d’écrit, on est bien dans de la phono.

Au dos de ces planches, il y a le mot écrit. On peut aussi donc partir du mot pour faire imaginer, décrire ou dessiner a bestiole. Ce n’est plus le même exercice et il y a du décodage dedans :

On trouve aussi dans la boîte les cartes correspondantes, avec ou sans l’écrit, ce qui est très chouette :

Et puis il y a un petit jeu d’associations :

Voilà un outil qui me parle, que je vais acquérir définitivement. Il y a tout un tas d’activités possibles à partir de là : de l’écriture autour d’animaux imaginaires, par exemple (c’est ce que cela a évoqué à mon mari quand il a vu le coffret). Je pourrais lier cela avec de la SVT, en plus, et de la géographie.

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Comprendre les mécanismes de lecture

Cet après-midi, je suis un cours sur la lecture, proposé par Tiffanie Dujardin. Cela tombe drôlement bien : ma phase du moment c’est la lecture et la maîtrise de la langue. En plus, ma maman fait partie d’un association qui l’amène à lire des albums à des scolaires, et je suis sûre que cela l’intéressera. Voici donc, au filtre de mes besoins et de ma compréhension, ce que je retiens de ce cours.

Lire, c’est décoder ET comprendre. Lire inclut de construire du sens. Ça, je savais. En revanche, je ne connaissais pas ce mot :

Par exemple, poupoloti ou gipolette, ce sont des logatomes. Ce sont des pseudo-mots.

Jusqu’à 6 mois, l’enfant peut percevoir tous les phonèmes. A partir de 6 mois, le cerveau se spécialise (par économie) pour percevoir les phonèmes de l’environnement de là où on vit et ensuite cela devient donc difficile de percevoir d’autres phonèmes. C’est l’intérêt de vivre dans un environnement multilingue.

Gough & Tunmer ont écrit que lire c’est d&échiffre, décoder et comprendre le langage oral. Pour Goigoux, lire c’est décoder, déchiffre, comprendre le langage oral ET comprendre les textes écrits, car la compréhension écrite a ses processus propres, qui sont très particuliers. Dans les deux cas, chaque processus nourrit les autres.

Un mot comporte plusieurs facettes : l’aspect phonologique, l’aspect orthographique (comment il s’encode, donc), la composante syntaxique (son statut dans la phrase, ses caractéristiques morpho-syntaxique s’il est accordé ou conjugué), l’aspect lexico-sémantique (sa signification, sa définition).

Quels sont les pré-requis de la lecture ?

Beaucoup, beaucoup d’éléments entrent compte. Le visuo-spatial, déjà : être latéralisé et avoir intégré le sens de lecture, ce qui est particulièrement difficile si on est entré dans l’apprentissage de la lecture dans un sens différent, comme en arabe ou en japonais. Il y a aussi la discrimination des sons, leur analyse (comparer des sons, par exemple, se rendre compte que des mots riment), la mémoire de travail (suffisamment développée du point de vue langagier et du point de vue visuel), la prononciation (la phonologie produite ; un défaut de prononciation ou une prononciation propre à un apprentissage dans une autre langue peut gêner la discrimination des sons). Plus le vocabulaire est riche, plus l’entrée dans la lecture peut s’appuyer sur les connaissances de l’enfant.

Mais ce n’est pas tout : il y a la fameuse conscience phonologique. Plus la conscience phonologique est développée, plus on a de chances d’apprendre à lire sans grandes difficultés. La conscience phonologique regroupe les capacités à percevoir et à identifier, à manipuler ce qui tourne autour des sons, y compris ajouter, substituer, etc. C’est la prise de conscience que le langage est composé d’éléments (mots, syllabes, phonèmes) qui peuvent être isolés, la découverte du fait que ces éléments sont représentés à l’écrit par des lettres qui permettent de percevoir l’importance des marques morphologiques qui ne s’entendent pas à l’oral C’est bien pour cela qu’en cycle 1 le travail sur la phonologie est particulièrement développé. .

Car, n’en déplaise à nos gouvernants, en maternelle on travaille, on enseigne, on apprend. Pour de vrai, et des choses fondamentales, en plus.

Pour travailler la conscience phonologique, il y a par exemple le Syllabozoo d’Ouzoulias. C’est très chouette, mais il faut l’adapter avec des plus âgés.

Si on veut travailler la phonologie, en principe il ne faut rien d’écrit : sur la photo ci-dessus, il faudrait conserver les images mais ne pas faire figurer l’écrit. On est plus sur l’écoute, et il faut donc une attention auditive, portée sur les sons. On peut travailler aussi plus spécifiquement cette attention auditive, en reconnaissant des voix, des instruments de musique, en s’intéressant à des rythmes. Ce peut être très important pour permettre ensuite le développement de la conscience phonologique. La mémoire de travail se réfère à l’attention, à la planification, au calepin visuo-spatial, à la boucle phonologique, au buffer épisodique. La mémoire épisodique, c’est la mémoire de tous les souvenirs. Dans le buffer épisodique il y a la mémoire de tout ce qui est en train de se jouer : tout ce que j’ai en mémoire et tout ce que je détecte dans mon environnement. C’est lié au contexte, qui passe en mémoire et peut être réactivé, pour réactiver les souvenirs liés et ainsi les stratégies utiles.

Dans les pré-requis de la lecture, il y a la maîtrise de la forme orthographique, aussi, c’est-à-dire l’aptitude à reconnaître les mots par la suite de lettres qui le composent, la connaissance de toutes les lettres, du point de vue du son, de leur orientation (d vs b, p vs q) et de leur position (chien vs chine).

La coordination oculomotrice et l’exploration visuelle fait également partie des pré-requis de la lecture : quand on est un lecteur expert, on identifie rapidement et mots et on anticipe, en regardant où on va aller plutôt que là où on est. Ce n’est pas ce qui se passe chez des adultes dyslexiques, où on a plutôt des arrêts, des retours en arrières (des régressions) et des fixations plus longues plutôt que de la linéarité ou de l’anticipation (des saccades). Un point de fixation est une donnée enregistrée lors des études d’eye tracking. Un point de fixation est un endroit où s’arrête le regard pour analyser l’information, entre 50 et 200 millisecondes d’immobilisation.

Les saccades aussi peuvent poser des problèmes, en amenant à sauter des mots. Face à toutes ces difficultés, il y aura des adaptations à proposer : la règle de lecture, le lire-couleurs, un codage de début et de fin de ligne, les polices du type open-dys, le jeu sur les espacements de lettres et/ou de mots, etc. Mais attention : ces adaptations peuvent aussi être contreproductives selon la personne, y compris les polices de caractères promues comme universellement utiles. Il n’y a pas de remède tout fait ; il faut s’adapter de façon personnalisée. Par exemple, le lire-couleur n’est utile que pour les élèves qui ne savent pas segmenter. Cela ne sert à rien pour un élève qui procède par lecture globale. Le lire-couleur aide à l’assemblage.

Les stades de développement lors de l’apprentissage de la lecture

Il y en a trois : le stade 1 est le stade logographique, le stade 2 est le stade alphabétique et le stade 3 est le stade orthographique. Quand on est au troisième stade, on ne peut pas revenir au stade 1 ; autrement dit quand on a automatisé le décodage, on ne peut pas s’empêcher de lire. Le stade logographique correspond à la reconnaissance de la forme globale des mots. Au départ, un enfant ne traite pas les mots comme des mots, mais comme des images.

Le stade alphabétique correspond au moment où la personne comprend que les mots sont liés à un code alphabétique, régi par des règles de conversions graphème-phonème. On acquiert alors la régularité, les capacités de reconnaissance, et on devient de plus en plus à l’aise dans la traduction écrite d’un langage oral. En parallèle on se constitue un lexique mental, c’est-à-dire un répertoire de mots écrits, qui intègre la prononciation et qu’on mémorise.

La troisième phase est rendue possible : le stade alphabétique, avec ses trois difficultés. Une même lettre peut avoir plusieurs valeurs (gigue), un phonème peut correspondre à plusieurs graphèmes (fanfaron, éléphant) et certaines lettres ne se prononcent pas (vingt).

Une lecture experte, c’est une identification rapide et moins coûteuse des mots, ce qui implique une accessibilité au sens. On n’est pas un lecteur expert sans construction du sens de ce qu’on lit.

Nous avons réalisé plusieurs expériences, de lecture de textes retournés dans un sens ou dans un autre, avec des noms russes ou sans espaces. C’était très intéressant : selon les types de retournements et la police de caractères, selon les personnes, aussi, nous sommes plus ou moins en difficulté, les uns et les autres.

Le modèle de lecture à double voie en cascade (Coltheart et al.) :

La voie lexicale, ou d’adressage, est la voie de gauche, la voie directe. La voie de droite, indirecte, est phonologique ou d’assemblage. Parfois, sur des mots peu fréquents, les deux voies se mettent en action en parallèle. Un mot irrégulier (comme paon ou femme) passe par la voie directe, qui demande de l’accès au lexique et rend rend la lecture de ces mots irréguliers et fréquents plus rapide. Pour un pseudo-mot, pas le choix : on passe par la voie indirecte, sans certitude de le prononcer correctement. Par exemple, choblon peut se prononcer de diverses façons…

Le jeu MOV nous a été conseillé. Il fait partie du kit qu’avait élaboré Valérie Vilmain dans son dispositif de rémédiation aux difficulté de fluence.

Quand on lit de manière globale, le pré-requis est d’avoir un empan attentionnel suffisamment grand. A l’inverse, un empan attentionnel réduit empêche l’accès à la voie directe. Ils auront forcément recours à des segmentations, en espérant qu’elles seront pertinentes.

Bon allez hop, je file. J’ai conseil de classe depuis une minute et j’ai un peu de route.

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C’est dimanche…

Mon mari avait eu l’idée de varier les représentations de héros et d’ennemi pour nos activités Code en bois. L’idée a beaucoup plu aux élèves, qui vont pouvoir relever des défis plus varier et encore enrichir leurs écrits en s’appuyant sur l’apparence des personnages. Alors puisqu’on est dimanche, fin d’après-midi plastifieuse !

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Speed letters

Speed letters, de chez Blackrock, est un jeu qui fait travailler la mémoire de travail, sous différentes formes.

On peut jouer jusqu’à 5, mais nous avons joué à deux. D’abord, chaque joueur prend son paquet de cartes (chaque lettre de l’alphabet en un exemplaire) et le mélange. Il le pose devant lui face cachée. Puis on choisit une carte (niveau junior, un trésor ou deux trésors) et un nombre de lettres pour le mot qu’il va falloir retenir.

Les joueurs prennent le temps de bien regarder l’orthographe du mot, qui est assorti d’une définition. Puis on retourne la carte et on compte jusqu’à 5 pour se laisser le temps d’oublier.

Esuite, chaque jouer se saisit de son paquet de cartes et le regarde, comme il vaut, pour déposer dans la boîte, en les énonçant à haute voix, les lettres qui composent le mot à retenir. Comme on fait ça à plusieurs, chaque lettre vient être recouverte par celles qui suivent.

Quand on a terminé, ou qu’on pense avoir terminé, on vérifie. Les 5 premières cartes posées rapportent 1 point au joueur correspondant, les 5 suivantes 2 points, ensuite encore plus, ce qui est matérialisé par de petits pions perle, pépite ou rubis à poser sur les cartes (comme sur la deuxième photo). S’il y en a en double ou s’il en manque, il y a un malus.

Zut, raté.
Bravo nous : réussi !

Pour ma part, je vais faire jouer mes élèves de façon collaborative : dans un premier temps, ils devront réécrire le mot avec leurs cartes, en posant chacun à leur tour une carte, en échangeant. Ensuite nous essaierons sans le chacun son tour, et nous arriverons peut-être à la règle de base, mais sans compter les points par joueur. Comme il y a 5 paquets de cartes, je pense constituer deux équipes de deux joueurs et chaque équipe gagne un point quand le mot est bien écrit.

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Production d’écrits et programmation

Cette semaine, nous avons avancé en programmation : nous avions découvert le “tant que” la semaine dernière, et là nous sommes passés à des défis sur des décors imprimés, que mon mari a eu l’idée d’utiliser. Comme nous sommes rôlistes, nous en avons plein plein à la maison.

C’est absolument super : non seulement cela permet des variables didactiques très simples à identifier pour moi, mais c’est beaucoup plus motivant et inspirant pour les élèves. C’est facile à mettre en place, les élèves peuvent choisir, et nous avons besoin de nouvelles briques, auxquelles les élèves pensent tout seuls. Les Playmobils (au bras doit levée, pour avoir un repère) sont bien adaptés à la taille des cases et leur utilisation est très aidante pour les élèves qui ne sont pas bien latéralisés ou qui n’ont pas encore le déplacement relatif, pour utiliser “tourner”.

Tout le monde a écrit ses histoire, du coup. Nous avons même eu le temps d’enrichir les écrits : j’avais prévu des affichages pour donner des idées, mais plusieurs élèves déjà ont décollé de ces affichages et ont personnalisé leurs textes.

Voilà un moyen efficace de faire faire de la production d’écrits sans la sempiternelle complainte du collégien devant sa feuille/sa tablette/l’adulte à qui il dicte. Il est même possible que nous développions ensemble quels épiques récits d’aventure…

J’aime beaucoup échafauder des séquences interdisciplinaires qui fonctionnent bien. Là, on a la programmation, le repérage, la production d’oral, décrit, la maîtrise de la langue. Code en bois est vraiment un outil formidable.

L’année prochaine, nous écrirons un livre dont on est le héros avec tout cela.

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Un Cyrano qui fait frémir des collégiens…

Ce matin, les élèves de quatrième du dispositif ULIS sont allés assister à une représentation théâtrale : Cyrano revisité par la compagnie Crescite. Je les ai accompagnés. Ils et elles se sont parfaitement bien comportés, comme dans toues les sorties que nous avons déjà faites d’ailleurs. Et ils et elles ont aimé. C’était vraiment chouette de les voir apprécier une heure et demie d’alexandrins. Nous avions travaillé sur Cyrano, dans la semaine : alexandrins, extraits, histoire de Cyrano, questionnaire associé… Les élèves connaissaient l’histoire, les personnages et en particulier la tirade du nez et la scène du balcon, que nous avons retrouvées dans la pièce.

« Crescite » pourrait se traduire par « excroissances » en italien ou encore par l’impératif latin « grandissez ! ». C’est avec ces deux prérogatives que la compagnie tend à se construire. Tenter un théâtre perméable, tenter un théâtre qui éduque par le divertissement.

https://crescite.fr/

Les trois comédiens ont réalisé un vraiment beau travail. Je ne sais pas s’ils ont conscience de leur performance : captiver sans faillir des collégiens de 4e. Les élèves ont ri, frémi, se sont émus, et étaient tristes en sortant. A la fin de la représentation, un monologue incite à réfléchir au bien-fondé du sentiment amoureux : ne pas être amoureux c’est ne pas ressentir, et donc être plus serin… Cela vaut-il la peine, d’être amoureux ? Les élèves hochaient la tête, manifestement convaincus qu’aimer en vaut la chandelle.

Nous allons retravailler à partir de Cyrano, pour écrire des Alexandrins et pour débattre.

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Des histoires qui font (presque toutes) peur

Hé bien voilà, notre première production est finalisée. Encore 7 exemplaires à agrafer et je pourrai passer au collège demain, après ma formation et avant un conseil de classe, pour déposer les exemplaires sur le bureau et que la collègue qui prend ma suite pendant lesdites formations puisse les distribuer aux élèves.

Je suis méga-fière du travail des élèves. Nous avons mis du temps, dépensé de l’énergie, mais la production est vraiment chouette. C’était important, pour moi, d’arriver à faire s’exprimer leur parole à chacune et chacun, dans un écrit d’invention.

La fois prochaine, nous irons plus loin encore : plus d’autonomie, à tous les niveaux. Ces jeunes m’ont montré de quoi ils et elles sont capables. Alors en route !

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Des écrits d’invention en ULIS

Avant mon départ en formation, les élèves du dispositif que je coordonne ont écrit à partir d’une image. J’en ai parlé ici et . J’ai récupéré tous les écrits, et mon document est prêt. Il me reste à trouver un moyen de relier l’ensemble, pour pouvoir le donner à chacune et chacun avant les vacances. D’ailleurs, si vous qui passez ici avez des conseils qui permettent d’obtenir un bel objet sans que cela coute un bras, je prends. Le fascicule compte en tout 36 pages, de la première à la quatrième de couverture. Un format A5 me paraît adapté, a priori.

Ce projet s’inscrit dans une continuité. En première période, nous avions mis en place les joggings d’écriture. En deuxième période, nous avons continué, et j’ai proposé cette image (élue par les élèves parmi un corpus) pour inventer une histoire. Parmi les 15 élèves qui ont travaillé sur cette tâche, 8 ont écrit eux-mêmes ou elles-mêmes à la main. Trois l’ont tapé sur traitement de texte. Tous et toutes, sauf un, sont revenu(e)s sur leur texte pour l’améliorer, selon un focus que je leur avais imposé. Parfois nous sommes allés plus loin.

Je m’étais dit que pour la période prochaine j’essaierai de proposer un travail du même type, mais avec davantage d’autonomie. Mais j’hésite à me donner deux périodes (sachant qu’à chaque période je pars en formation au milieu, ce qui raccourcit mon temps) pour que les élèves produisent un texte, le tapent, le corrigent, l’illustrent entièrement eux-mêmes et elles-mêmes. Ce qui a été produit là dépasse clairement mes attentes, et c’était accompagné d’un bel enthousiasme, sauf pour trois élèves. Alors j’irais bien encore plus loin…

J’ai aussi un projet de production d’écrits en lien avec mon projet programmation. Je vais y réfléchir plus fort pendant les vacances, et me projeter pour rendre tout cela possible et profitable. Je lis beaucoup, je travaille beaucoup, mais la maîtrise de la langue est sans doute le domaine dans lequel je me pose le plus de questions, par rapport à mes pratiques pédagogiques. Faire produire des écrits me paraît un bon support : je peux repérer les difficultés, évaluer les besoins, et agir de façon différenciée. Et puis travailler sur un écrit personnel est manifestement assez motivant. J’ai l’impression de progresser en faisant progresser.

Voici, pour aujourd’hui, un des écrits. C’est le deuxième que je publie :

Je vais écrire à une collègue didacticienne du français, qui m’avait proposé de l’aide, pour lui demander ce qu’elle en pense. J’y vois plus clair qu’en première période, et mes questions se précisent. La formation aide à cela, d’ailleurs.