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des anamorphoses à Munich

Me voilà de passage à Munich pour y apporter de belles anamorphoses, entre autres. Après avoir flâné hier, profite du soleil dans le jardin anglais, je prends des forces en dégustant une saine lecture : le dernier numéro que j’ai commandé des Cahiers Pédagogiques, intitulé « Peut-on inclure sans exclure ? » Vaste question franchement posée.

Je vous raconterai la lecture. Mais si le sujet vous intéresse (comment pourrait-il en être autrement ?) je vous encourage à commander ce numéro (et plein d’autres), ce qui vous permettra, en plus d’apporter des éléments à votre réflexion, de soutenir les Cahiers Pédagogiques.

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Eliminer les girafes, la sélection naturelle ? Non mais ça va pas bien ho hé !?

J’ai lu cet article du Monde, ce matin :

Je suis proprement scandalisée. La girafe est mon animal favori. Je ne sais pas si c’est parce que je dépassais sur toutes les photos de classe lorsque j’étais enfant, ou parce que ces taches c’est quand même superbe, ou grâce à ce regard si doux… Mais j’adore les girafes. Hé bien figurez-vous que Daniel Milo, auteur d’un ouvrage intitulé La Survie des médiocres, chez Gallimard, explique que la girafe est terriblement mal fichue. Non mais je rêve… Sous prétexte qu’elle ne peut pas plier ses jambes et que le girafon entame son existence par une chute de deux mètres de haut, voilà que la girafe aurait dû être rayée du monde.

Si un ingénieur avait conçu l’accouchement de la girafe, il aurait été viré. C’est tellement nul qu’il n’y a pas d’explication rationnelle.

Daniel Milo

Daniel Milo développe une théorie : contrairement aux idées reçues, la nature ne sélectionne pas les meilleurs ; on peut tout à fait survivre en étant moyen, médiocre, voire pas bon du tout. Alors oui, je suis d’accord, et encore heureux d’ailleurs. Mais j’ai une autre théorie : la girafe est une championne de la résilience sereine, tout là-haut dans son monde à elle. Elle peut protéger les terriens, en alertant des menaces lointaines, car elle n’est pas non plus méprisante ou hautaine. Elle est juste en altitude. L’agitation est loin en bas, et je suis sûre que si elle pouvait, la girafe ferait encore pousser un peu plus son cou.

Additif de 13h58 : un de nos enfants me faite remarquer que la conception de monsieur Milo est très compétitive : la girafe accède à de la nourriture que personne d’autre ne va manger. Elle n’empiète sur le territoire alimentaire de personne. Ca me plait bien aussi, cet aspect non compétitif de la girafe.

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L’inclusive, mais quelle pépite !

Je révise. Pas seulement, hein, je fais aussi des tas d’autres trucs maintenant que je suis parée pour le jour du CAPPEI. Mais bon, quand même, je révise. Alors je fouille, je farfouille, pour trouver des présentations que mon cerveau imprime durablement, des reformulations, des simplifications ou des développements. Et, joie, je retombe sur l’Inclusive, avec du Stéphane Clerc et du Edith Marcel dedans. Des fiches simples, claires, avec un thème bien défini…

Voici un exemple : comment adapter efficacement un texte pour qu’il soit plus accessible à une majorité d’élèves ?

Merci Stéphane !

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Lâchez-nous le niveau !

Pour écrire un article pour Au fil de maths, la publication de l’APMEP, j’ai travaillé sur le système britannique qui promeut les groupes de niveaux. Et je suis tombée sur cet article :

Ainsi, en Grande Bretagne, la recherche revient sur l’efficacité des groupes de niveaux, et montre ses inconvénients. Extraits choisis :

Becky Francis, directrice générale de l’EEF, déclare que “lorsqu’il s’agit de l’établissement et de l’orientation, les preuves ne sont peut-être pas concluantes, mais elles montrent une tendance claire : ces pratiques ont tendance à être bonnes pour les élèves ayant un niveau élevé, mais mauvaises pour les élèves ayant un niveau faible”.

“Cela a un impact disproportionné sur les élèves de certaines catégories démographiques – par exemple, les élèves plus aisés ont tendance à être représentés de manière disproportionnée dans les ensembles élevés, et les élèves défavorisés sur le plan socio-économique dans les ensembles faibles”, poursuit-elle.

Pour les chercheurs en éducation qui consacrent du temps à l’étude de l’impact de la sélection et de l’orientation, c’est une véritable énigme. Pourquoi tant d’écoles anglaises sont-elles si attachées à quelque chose dont les preuves (bien que limitées) ne suggèrent aucun avantage global pour les résultats scolaires, et un impact négatif pour les élèves défavorisés qui devraient être la priorité ?

Ou encore, sur les évaluations standardisées :

Selon M. Thomas, une école peut compter 180 élèves dans un groupe d’âge et pour 140 d’entre eux, les intervalles de confiance – “extrêmement larges” en raison de la nature du test utilisé comme base pour fixer les notes – se chevauchent. Cela signifie qu’il n’est pas possible de dire si l’élève classé en 40e position a réellement des performances supérieures à celles de l’élève classé en 150e position.

Néanmoins, Thomas poursuit : “Vous avez dit quelque chose d’assez fort à cet enfant [classé 150e], qui a probablement des conséquences négatives. Mais comme vos statistiques sont médiocres, vous ne pouvez pas bénéficier de l’effet positif qui, selon vous, aurait valu la peine d’être mis en place”.

Une focale particulière est consacrée aux mathématiques dans l’article, car c’est la matière qui induit le plus de regroupement par niveaux en Grande Bretagne. Je vous conseille de lire l’article dans son ensemble ; il est en anglais. Je le trouve éclairant sur l’inanité du concept de niveaux. Tout ce qui compte, ce sont les besoins.

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Yann Mercier-Brunel, le Jeanne d’Arc de la moyenne

J’ai visionné aujourd’hui une conférence proposée à l’occasion du séminaire ASH de l’académie de Normandie, animée par Yann Mercier Brunel. C’est un plaisir que d’écouter ce monsieur, qui est aussi motivant qu’accessible, avec un côté petit pois sauteur que j’aime bien : on ne s’ennuie pas une seconde. Et puis il a le sens de la formule… Le thème de la conférence était “L’évaluation au service de l’autorégulation de l’apprentissage : un soutien pour chaque élève, un intérêt pour tous”. J’ignore si j’ai le droit de partager le lien, donc je ne le fais pas, et je vous partage mes notes (que j’espère sans trop de fautes, mais je ne me suis pas relue, bouh c’est pas bien). Si vous voulez voir cette conférence, dites-moi et je demanderai plus haut si je peux partager ledit lien. C’est intéressant jusqu’aux questions, qui apportent encore autre chose, sur les groupes de niveaux, les lycées professionnels, entre autres.

L’évaluation formative

L’évaluation n’est pas une technique, c’est un processus. La majorité de l’évaluation en classe est informelle, et elle a des effets sur les élèves. C’est une activité humaine qui dépend du où, du quand, du qui. Dans les pays occidentaux, il y a une tendance à la densification normative, une culture de l’évaluation, qui est quantitative (et pas seulement dans l’éducation), et nous sommes saturés de discours évaluatifs. Cette logique normative n’est d’ailleurs pas propre à la note, mais aux critères d’évaluation.

D’après Panadero, un chercheur espagnol, tout ce qu’on appelle évaluation formative actuellement est en réalité une question d’autorégulation de l’élève. C’est, par définition dans la recherche, une évaluation qui aide l’élève à s’autoréguler, s’autoévaluer et s’améliorer. On a appelé ça évaluation formatrice, côté terrain. Je n’ai jamais été trop à l’aise avec la séparation formative/formatrice, et cette définition m’arrange bien.

Je suis le Jeanne d’Arc de la moyenne : il faut la bouter hors du système scolaire.

Evaluer efficacement

Il faut se poser des questions simples en apparences, mais pas tant que ça dans le quotidien professionnel : comment recueille-t-on les informations pour évaluer (quels objets, quelles conditions, pour quelle pérennité) ? Comment les interprète-t-on ? Comment décide-t-on des conséquences ? La définition claire d’un objectif d’évaluation est assez peu pratiquée par les enseignants, dans les faits, et souvent l’objectif donné n’est pas l’objectif suivi.

Quand on enseigne, on a une logique linéaire : on structure chronologiquement l’enseignement sur l’année. On évalue aussi de façon plutôt linéaire, d’où le succès de l’approche évaluation diagnostique-évaluation formative-évaluation sommative. Mais l’élève apprend de façon cyclique.

On est toujours le principal acteur de son apprentissage. L’apprentissage de se subit pas, il s’agit. Alors la question est : comment mettre l’élève en situation d’apprendre au travers des pratiques évaluatives ? Un élève (comme tout un chacun) peut toujours progresser, analyser, contrôler notre cognition, notre motivation, notre comportement et certains aspects de l’environnement. Cela dépend du moment, des domaines, du point de vue de la taille de la marge de manœuvre dont on dispose, mais ce levier existe toujours. Le principe d’éducabilité est un principe fondamental de l’être humain. Quand on le dit, ça paraît d’une telle évidence ; quand on l’observe, ça paraît d’une telle non-évidence,  

Quand on commence à plus discuter de la graduation du thermomètre que des températures, on a perdu.

L’autorégulation

L’autorégulation c’est, en gros, un processus actif et constructif par lequel on va se fixer des objectifs, surveiller sa propre cognition, sa propre motivation et son propre comportement. L’idée de Yan Mercier-Brunel est d’entrer par la structure des pratiques pédagogiques pour soutenir la motivation des élèves, plutôt que de rentrer par l’extérieur en prétendant agir directement sur la motivation des élèves. La régulation implique l’élève, la remédiation consiste à lui dire quoi faire pour progresser.

Ce ne sont jamais les éléments directement personnels qui décident de ma façon de m’autoréguler, c’est ma façon de les percevoir. On n’agit jamais en fonction de la réalité, on agit en fonction de notre réalité ; de la même façon, c’est moins l’origine sociale de l’élève que la représentation qu’il a lui-même de son origine sociale qui joue. Il n’y a aucune fatalité, mais pour autant ce n’est pas facile à travailler.

On s’autorégule sur la base de critères et de standard, mais toujours à partir de critères et de standard. De ce fait, quand l’enseignant évalue l’appropriation des critères par l’élève, ce n’est pas juste de l’évaluation, c’est aussi de l’apprentissage, c’est de l’évaluation par l’apprentissage (et pas forcément d’enseignement), et d’ailleurs l’évaluation doit rester de l’apprentissage. Sans cela, l’évaluation n’a aucun intérêt, sauf évaluation certificative pour obtenir un diplôme. On ne devrait pas avoir d’évaluation sans explicitation préalable des critères d’apprentissages.

Je peux faire faire des tas de trucs de sophrologie sur un tapis aux élèves, si c’est pour leur balancer des scuds l’autre partie du temps, ça ne présente pas d’intérêt.

Le sentiment d’autodétermination

Évidemment il y a une partie psychologique dans l’apprentissage, qu’on ne peut pas séparer de la partie cognitive.

Le contraire du sentiment d’efficacité personnelle s’appelle l’incapacité apprise, c’est-à-dire quand j’ai appris à être incompétent. C’est quelque chose qui se produit très facilement, et de nombreuses expériences l’ont montré.

Pour donner de l’envie et des challenges, il faut percevoir la nature des buts et la façon dont la performance ou la maîtrise sont identifiées. Il faut sentir qu’il y a un défi, avoir compris le cadre d’exécution et le savoir rassurant. La dimension individuelle et collective de l’engagement joue aussi, et les équilibre sont complexes : quand on donne une tâche compliquée à un groupe, la charge émotionnelle est répartie sur les membres du groupe, ce qui permet au groupe d’aller plus loin que pour un individu. Le sentiment d’autodétermination est très important, aussi, et davantage chez les filles (c’est culturel, bien sûr, pas acquis).

Je ne suis pas favorable à attribuer des points de bonification en fonction des progrès. L’idée n’est pas de récompenser les progrès, mais de les rendre visibles pour l’élève.

Les feedbacks

Les feedbacks sont multiformes. Ils sont toujours langagiers, au sens verbal et/ou corporel.

Les feedbacks fondés sur le résultat sont peu efficaces : ce sont des feedbacks de renforcement (c’est bon ou c’est faux). De même, ceux sur la personnalité de l’élève fonctionnent mal (« tu es bon en maths, tu peux y arriver). Ce sont des gestes d’atmosphère, qui sont nécessaires mais largement pas suffisants.

La focale sur la démarche (pourquoi ? Comment ? Et ensuite ?) fonctionne bien, ainsi que celle sur les processus d’autoévaluation des élèves (qu’est-ce que tu penses de ta réponse ? Es-tu absolument sûr, pas trop ou peu ? Pourquoi ? »)

Les feedbacks sont plus efficaces lorsqu’ils sont sollicités par l’élève, s’ils visent à soutenir le processus d’apprentissage plutôt que de donner la réponse, quand ils arrivent pendant le processus d’apprentissage (circulons pour voir ce que font les élèves au moment où ils sont au travail !), s’ils permettent aux élèves de comprendre l’origine de leur erreur ou de comprendre une stratégie, et lorsqu’ils comprennent l’objectifs de ce qu’ils sont en train de faire. Mais il faut faire attention aux feedbacks discriminants malgré nous, car ils n’agissent pas de la même façon auprès de tous et toutes, pour des raisons purement culturelles. Évaluer sous forme de jeux éducatifs et de défis réduit l’effet d’éléments discriminant et démine l’anxiété. Faire réfléchir les élèves et les enseignants sur les implicites créateurs de discrimination scolaire permet de diminuer les effets de cette discrimination.

Le nombre de fois où on entend « mais qu’est-ce qu’il fait ici ? », « Il n’a pas sa place ici. ». Qu’est-ce qu’il fait ici ? Bin il apprend. Enfin, il essaie, parce qu’effectivement, suivant le contexte, c’est plus ou moins compliqué.

J’ai lu un ouvrage auquel a participé Yann Mercier Brunel, qui m’avait beaucoup plu :

Voici ma fiche associée (plus courte car je ne me fabrique que des fiches d’un recto en A4) :

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L’article dont vous êtes le héros

L’année prochaine, j’ai défini quelques projets en ULIS. L’un d’eux consiste à écrire un livre dont on est le héros. Alors j’ai lu un livre sur les livres dont on est le héros, nous avançons dans une quête dont on est le héros sur le quart d’heure lecture dans le dispositif ULIS, et je suis tombée sur cet article de France Culture :

C’est très rigolo : l’article fonctionne comme un mini-livre dont on est le héros, et laisse le choix au lecteur. J’adore !

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L’enseignement explicite : oui, mais pas seulement

Début mars 2024, Sylvain Connac (enseignant chercheur en sciences de l’éducation à l’université Paul-Valéry Montpellier 3, laboratoire Lirdef), a publié sur le site des Cahiers pédagogiques un article sur l’ “enseignement explicite, données probantes et pédagogie“. Nous parlons donc bien ici d’enseignement explicite au sens du courant pédagogique.

J’ai trouvé cet article réconfortant : je ne suis partisane d’aucune chapelle pédagogique. Je sais que je suis qualifiée par certains de socio-constructiviste, et c’est sans doute souvent vrai. Pour d’autre, je suis une pédagogo, et ça c’est idiot, dans le fond et dans la forme. Si je crois au conflit socio-cognitif, aux pédagogies qui rendent les élèves curieux, leur donnent envie de comprendre, les placent dans une posture réellement active intellectuellement, j’ai aussi recours au travail d’automatismes, et parfois d’ailleurs c’est l’automatisme qui me permet d’arriver à un vrai questionnement chez l’élève, en deuxième mouvement. En fait, je me fiche bien des tendances et des étiquettes. Je veux “juste” faire réussir les élèves qui me sont confiés.

Il y a des années, je me souviens être allée voir du côté de l’enseignement explicite. Si je n’avais pas été convaincue de façon généralisée, j’y avais reconnu des pratiques auxquelles j’ai recours dans certains contextes, dans certains domaines. Mais je restais gênée, par exemple par le mot “modelage”, par l’aspect qui me semblait très répétitif de cette méthode, et transférable à n’importe quel objectif. Cela dit, j’ai conscience que mon regard de l’époque devait être réducteur. Depuis j’ai mieux compris que dans l’enseignement explicite aussi, la nuance et la non exclusivité sont revendiquées par certains. Mais pas par tous, ce qui est regrettable je pense. J’avais été frappée par des prises de bec numériques. Comme le temps était aux piques et aux réponses ironiques, j’avais rangé mes questions et sagement passé mon chemin en continuant de me centrer sur mes élèves, sans rejeter les propositions de ce courant en bloc pour autant, mais en m’éloignant des réponses, sur les réseaux, qui ressemblaient à des tentatives de prise de pouvoir par l’autorité. Sylvain Connac écrit ceci, qui résonne par rapport à ce que j’ai observé à cette époque :

Les tenants de ces théories excluent toute autre approche scientifique que la leur et s’approprient ainsi ce que serait la science, souvent de manière particulièrement condescendante d’ailleurs. Contestant le principe essentiel de toute démarche scientifique, la réfutabilité des résultats, ils avancent des « preuves scientifiques indiscutables ».

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Sylvain Connac explique dans son article que les travaux réalisés côté enseignement explicite font le choix de ne pas considérer d’autres travaux, qui mènent ailleurs.

La position défendue par l’evidence based est qu’elle serait la seule conception non-idéologique, parce qu’elle prendrait uniquement appui sur des preuves scientifiques et des données probantes. Outre la grossière tentative d’accaparement de la notion de science, les travaux de Nadia Ravaz et Hugues Draelants ont montré que ce paradigme est clairement influencé par et compatible avec le néolibéralisme.

(…)

En voulant prouver scientifiquement des pratiques pédagogiques, l’evidence based va beaucoup trop vite puisque les résultats scientifiques sur les pédagogies démocratisantes ne sont pas encore suffisamment ancrées sur les terrains éducatifs.

Il existe de nombreux travaux scientifiques en épistémologie qui critiquent de manière étayée les pratiques de l’evidence based (Stéphanie DemersSylvain Wagnon et Sihame ChkairCharles-Antoine Bachand, et d’autres), certains allant même jusqu’à qualifier l’evidence based comme relevant d’une pseudoscience.

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Mais Sylvain Connac souligne aussi les potentiels intérêts des travaux liés à l’enseignement explicite, qui produisent aussi des avancées. Alors le dogmatique non, la démarche scientifique oui, le mélange des genres aussi, sans oublier le dialogue paisible. Je voudrais pouvoir m’améliorer professionnellement, en adaptant les apports de la recherche aux besoins de mes élèves, à mon contexte et à ma personnalité, mais s’il vous plaît, sans me faire taper dessus et en étant moi-même active. Le tout avec les outils de l’enseignement explicite à ma disposition, qui me sont parfois particulièrement utiles en ULIS.

Nous pourrions alors cesser d’entretenir des antagonismes stériles pour mettre en commun les forces en présence et construire collectivement une école en mesure de répondre aux défis d’une démocratisation des progrès individuels des élèves.

Source

Mais je crois que justement, cette étape des “débats” est derrière nous. Et c’est bien : tous ensemble !

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L’univers des mathématiques

J’ai reçu, il y a quelques semaines, une magnifique carte des mathéamtiques :

Comme je suis un tantinet débordée par mon actualité professionnelle, je n’ai pas encore eu le temps de vous la présenter. Cette carte est intitulée « L’univers des mathématiques ». Elle a été créée en 2023 par le CNRS Mathématiques (Insmi), et illustre par des exemples comme les mathématiques répondent à des questions de notre vie courante. En particlier, on y lit des questions très concrètes, liées à notre environnement quotidien.

Vous trouverez une description plus précise, des témoignages de chercheurs et la méthodologie suivie ici. Vous pourrez aussi la télécharger, pour votre classe ou pour le plaisir !

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Normandie : un stage de culture mathématique

“Collègues de la vallée de l’Andelle et des environs, si vous me lisez, parlez en à vos élèves !”, a écrit Alice Ernoult

Du 22 au 26 avril 2024, de 10h à 17h, à la Maison du Marais, 13 chemin du Marché, 27610, Romilly-sur-Andelle, Science ouverte propose un stage de culture mathématique pour des élèves de 3e ou de 2nde, en collaboration avec le laboratoire Raphaël Salem et l’université de Normandie. Et ça a l’air topissime ! Alors si vous en avez la possibilité, inscrivez vos élèves !

Au programme : des rencontres et des conférences interactives  avec des scientifiques passionnés, des travaux de recherche en groupe pour découvrir la beauté de la recherche mathématique, des rencontres avec des étudiants qui partageront leur parcours et leur passion pour les mathématiques, des discussions et des informations autour de l’orientation, pour aider les jeunes à envisager leur avenir avec confiance, une opportunité de rencontrer d’autres jeunes passionnés par les mathématiques et de partager ensemble de l’enthousiasme. Pour participer, il suffit d’être curieux ou curieuse !

La liste des intervenants est épatante : Alice Ernoult, professeure de mathématiques en classe préparatoire, Thierry de le Rue, chargé de recherche au Laboratoire de Mathématiques Raphaël Salem (CNRS, Université de Rouen Normandie), Jean-Baptiste Bardet, Maître de conférences en mathématiques à l’Université de Rouen et membre du Laboratoire de Mathématiques Raphaël Salem (CNRS, Université de Rouen Normandie), Olivier Longuet, professeur de mathématiques au lycée… Ouah, quel casting !

Ici, vous trouverez le formulaire d’inscription.

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Un peu d’orthophonie ?

Ce matin, nous retrouvons Frédéric Pasquet, orthophoniste et linguiste, directeur de département orthophonie, UFR Santé à Rouen, qui nous a déjà formés plus tôt cette année. Voici mes notes, comme d’habitude issues d’une sélection subjective, un peu décousues sans doute car je suis enrhumée.

Quand on fait une tâche, on ne mesure jamais un seul processus cognitif du modèle. On le mesure aussi, on le mesure notamment, mais pas exclusivement.

La caractéristique des “enfants qui vont bien”, c’est l’homogénéité des performances dans une zone restreinte de variabilité. Evidemment, on préfère une homogénéité haute, mais ce peut être homogènement bas : il y aura juste des performances moindres. Ainsi, un trouble c’est une hétérogénéité des performances. Le trouble, c’est ce qui est rare. Et ce qui est rare, c’est l’hétérogénéité. Un trouble peut par exemple correspondre à des performances hautes, avec une performance significativement plus basse, mais plus haute que pour un enfant qui n’a pas de trouble, mais avec une homogénéité plus basse. Compte-tenu des normes, un trouble est associé à une dissociation.

L’environnement ne peut pas soigner un trouble. L’environnement joue beaucoup plus sur les enfants sans trouble. Il a une influence vraiment moindre sinon. Mais il joue dans le fait que l’enfant se sent bien, vit mieux avec son trouble.

Nous avons découvert Clea, un outil numérique standardisé et étalonné, publié en 2014. C’est un outil dont Frédéric Pasquet est coauteur, mais qui ne nous est pas accessible, à moins d’avoir beaucoup de sous. C’est un outil vraiment intéressant et bien fichu. J’ai mis du temps à comprendre la différence entre sé&mantique et syntaxique, justement parce que bien souvent tout est un peu mélangé. Je me suis fabriqué des théorèmes en acte, mais parfois cela ne suffit pas et je me trompe. Phonologique et lexical, c’est clair.

Les questions posées ne sont pas mono-tâches, car faire des progrès en contexte c’est améliorer le fonctionnement linguistique global. Améliorer directement les performances sur une tâche visée (comme l’écriture de mots) ne suffit pas : il faut produire une réorganisation du fonctionnement, ne pas se contenter d’une amélioration des effets de tâches. Autrement dit, automatiser ne suffit pas. Automatiser n’est pas synonyme de remédier au sens de donner accès à de l’autonomie et de développer la capacité à transférer à d’autres contextes.

Les approches métacognitives peuvent être déployées en complément d’approche qui font automatiser : pour pouvoir réfléchir à comment je fonctionne, il faut déjà fonctionner un peu. C’est dans un second temps.

La prosodie est un des piliers précoces d’ancrage du sens. La prosodie permet de lever des ambiguïtés dans la reconnaissance de vignettes, même chez les tout petits. Certains enfants comprennent globalement bien ce qu’on leur dit juste grâce aux intonations. Le contexte joue aussi beaucoup.

Frédéric Pasquet nous a conseillé Tacit, pour le travail sur les inférences à l’écrit. Cela tombe bien : j’adore cet outil.

Il est très important de toujours relier l’orthographe au sens : les enfants vont avoir tendance à accélérer sur l’identification des mots en déconnectant du sens. Autrement dit, la fluence, pour des enfants qui ont des troubles, c’est une catastrophe. Cela risque de limiter dramatiquement l’accès au sens. L’accélération de la lecture des mots doit être la conséquence, pas le moyen, de l’aide apportée.

Selon Frédéric Pasquet, la mémoire de travail se développe sur la lecture, et sinon c’est de la mémoire à court terme.

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Comprendre la dyspraxie et la dysgraphie développementale

Encore un cours qui va vous intéresser, de nouveau signé Tiffanie Dujardin. Prêts ? C’est du résumé, et tout à fait subjectif : je sélectionne les informations en fonction de mes besoins.

Une praxie est un mouvement qui n’est pas inné, qui nécessité un apprentissage. La marche est une praxie, par exemple, comme monter des marches ou faire du vélo. Certaines demandent de la motricité fine (manipuler un stylo, déglutir, positionner sa langue correctement pour manger, parler, orienter son regard…), d’autres de la motricité globale (marcher, taper dans un ballon, …). L’enfant, en explorant le monde, acquiert ses premières connaissances par sa sensorialité et sa motricité. Il passe de mouvements à des gestes (des mouvements dirigés), et une praxie est un ensemble de mouvements. Selon Piaget, c’est l’action qui permet à l’intelligence de se construire.

Homonculus : schéma indiquant la connectivité neuronale de chaque partie du corps dans le cerveau.

Quand on voit la taille des mains de l’homonculus, on comprend que la dyspraxie est un trouble très gênant. Un dyspraxique n’a pas les bonnes praxies. Une personne dyspraxique a besoin d’aide pour savoir quoi regarder, à quelle moment et comment faire, quelles étapes suivre. C’est ce que Piaget appelle les schèmes, des unités qui peuvent être communes avec d’autres praxies. Chez une personne qui a des difficultés sensori-motrices, ces acquisitions ne se font pas de façon fluide, rapide ni évidente.

Il n’y a pas que le geste qui compte : il y a le geste dans l’espace, mais aussi le geste incarné, c’est-à-dire l’adaptation du geste à la situation. Par exemple, on adapte la force portée sur une poignée de porte, en principe, ou bien on penche la carafe en fonction de la taille du verre. Tout cela se désigne par la maladresse, mais la maladresse est un résultat, par une cause.

En tous cas, un étayage verbal peut aider pour faire prendre conscience de tout ce qui touche à ce mouvement, pour réussir à focaliser son attention sur des éléments importants constitutifs du geste.

La dyspraxie est, du point de vue des classifications internationales, un trouble de l’acquisition et de la coordination et un trouble spécifique du développement moteur, avec un trouble spécifique de la planification et/ou de la coordination des mouvements qui sont nécessaires pour réaliser une action nouvelle, orientée vers un but précis.

D’autres troubles peuvent créer des besoins similaires à ceux de la dyspraxie. C’est ce qui compte, d’ailleurs, les besoins, pour nous. Tiffanie Dujardin nous a dit très joliment :

Entrer par les besoins permet de penser la pluralité des gens, mais aussi la communauté : des troubles différents se croisent par certains besoins communs.

J’aime beaucoup, beaucoup cette idée, et la formulation me paraît très claire.

Une personne dyspraxique a, entre autres, des troubles de l’orientation de l’espace : savoir ce qui est à gauche, devant, etc., différencier un trait oblique, horizontal ou vertical, lire un plan ou se repérer sur une carte, prendre des mesures, tracer des figures géométriques, poser des opérations bien tout comme on l’attend, écrire des nombres en chiffres dans notre système positionnel, tout cela est difficile pour elle.

La dysgraphie est une dyspraxie. Il en existe plusieurs types : il peut s’agir d’une dysgraphie visuo-spatiale (repérage dans l’espace), une dysgraphie due à un problème de coordination motrice (problème d’accord entre la vision et la motricité), une dysgraphie du à un problème de planification motrice (problème de séquence de gestes). Les élèves dysgraphiques ont besoin de bouger pour détendre leurs muscles douloureux (de la main au poignet, jusqu’au bras et au dos). Ecrire sur un pupitre incliné peut être intéressant pour eux car le geste n’est plus le même.

Dans la dysgraphie et de façon plus générale la dyspraxie, la rééducation corrige et développe des moyens de contournement, de concert, sur un temps assez long. Mais on ne peut pas résoudre toutes les difficultés. Comme il n’ a a priori pas de trouble de la mémoire de travail, on s’appuie beaucoup dessus.

Côté aménagements, on peut accompagner tout geste par des verbalisations, éviter ou accompagner la manipulation, éviter le dénombrement et plutôt compter en repérant les éléments de constellations, poser les opérations en ligne, etc.