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Des maths énactives

Evelyne, une collègue enseignante référente pour la scolarisation des élèves en situation de handicap, m’a envoyé un article de trois chercheurs, Abrahamson, Dutton et Bakker, intitulé “Vers une pédagogie des mathématiques enactiviste” (Towards an Enactivist Mathematics Pedagogy). L’article est très intéressant, et je vous en conseille vivement la lecture ; il est en anglais.

Les auteurs entendent, par pédagogie enactiviste des mathématiques, une pédagogie qui met l’accent sur les aspects incarnés, dynamiques et imaginaires de l’enseignement et de l’apprentissage des mathématiques. Voilà qui me parle tout de suite…

Les auteurs commencent par s’interroger sur notre vocabulaire courant : “tenir une idée”, “construire une argumentation” semblent renvoyer à la manipulation d’objets. Le verbe comprendre vient du latin prehendere, saisir, va aussi dans le sens de réification des idées.

La pensée mathématiques est, selon nous, une expérience située, sensorielle, dynamique et qui peut être personnelle, multimodale, pré-sémiotique et nuancée, mais qui est
réelle, indéniable et critique. En outre, nous soutiendrons que la reconnaissance de la nature incarnée de la pensée mathématique a un impact direct sur la qualité du matériel pédagogique qui pourrait être disponible pour la pratique de l’enseignement.

Abrahamson, Dutton et Bakker, source

Quelles méthodes d’enseignement, au lieu de transmettre des contenus, pourraient susciter les gestes qui permettent d’accéder à l’expérience source qui donne à ces contenus cohérence et sens ? Une telle pédagogie, fondée sur l’initiation plus que sur la transmission, en permettant aux enfants et aux élèves d’entrer en contact avec la profondeur de leur expérience, pourrait réenchanter la classe.

Claire Petitmengin (2007)

Les auteurs décrivent une expérience très rigolote sur la proportionnalité, et dégagent des principes de conception et d’animation d’une pédagogie activiste :

  • Analyse du problème et prise de conscience des multiples stratégies perceptivo-motrices
    légitimes ;
  • Les concepts comme outils ;
  • Choix d’objets génériques (non iconiques) ;
  • Soutien de l’engagement de l’élève, avec des points de vigilance cruciaux ;
  • Conception inclusive (avec du collaboratif dedans) ;
  • Empathie active ;
  • Révisions et réactivations
  • Comparaison des différentes stratégies pour s’améliorer, optimiser ;
  • Appropriation des mathématiques, passage au symbolique ;
  • Élaboration et analyse par les élèves (ils conceptualisent, inventent, représentent, reformulent) ;
  • Un climat de travail enactiviste à cultiver : expliquer, mimer, expliciter les relations.

L’article se termine sur une étude de cas en lycée.

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