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Doctor Rat

Depuis quelques jour, ma fille et moi avons acquis Doctor Rat, sur la recommandation judicieuse de son papa. C’est un SUPER jeu.

Doctor Rat est un jeu collaboratif asymétrique : jusqu’ici Alice a joué du côté de la donneuse de cartes et moi j’ai donné à manger aux rats. Il y a des rats blancs, des rats noirs et des rats marron. Chaque type de rats a une contrainte associée : ne manger que des aliments de deux couleurs données, en vouloir toujours le même nombre, ne pas vouloir deux fois le même type, etc. Il y a beaucoup de contraintes différentes, mais elles figurent sur des cartes pense-bête. Le but pour moi, c’est de réussir à deviner ce que veulent les rats, pour qu’ils digèrent bien ce que je leur propose. Ils peuvent être malades trois fois, mais pas plus, et pas au dernier tour. De son côté, Alice pioche des cartes (en général 4) et en choisit 3 qu’elle me donne. Son but est de me donner des cartes dont elle pense qu’elles m’aideront à trouver les bons critères.

Il y a un côté master mind, mais en plus complexe, en plus varié. Quand un rat aime, la carte est côté ok, et quand il n’aime pas, la carte est retournée. On dispose aussi d’une poubelle dans laquelle on peut aller fouiller pour remplacer des cartes dont on ne veut pas.

Nous jouons en prenant des notes. Les miennes ressemblent à ça (et l’intérieur de ma tête aussi, c’est vous dire que c’est pas facile tous les jours) :

Mes enfants jouent très différemment de moi : ils laissent le champ des possibles ouvert et essaient d’agir par contre-exemples pour n’avoir qu’une éventualité. A l’inverse, je formule des conjectures très tôt, donc parfois complètement au feeling parmi plusieurs possibles, et je teste pour ajuster. Ma partie, de mon côté, est donc très évolutive.

Les parties sont assez courtes, de l’ordre de 20 minutes. Je vous conseille vivement cet excellent jeu.

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L’enseignement explicite : oui, mais pas seulement

Début mars 2024, Sylvain Connac (enseignant chercheur en sciences de l’éducation à l’université Paul-Valéry Montpellier 3, laboratoire Lirdef), a publié sur le site des Cahiers pédagogiques un article sur l’ “enseignement explicite, données probantes et pédagogie“. Nous parlons donc bien ici d’enseignement explicite au sens du courant pédagogique.

J’ai trouvé cet article réconfortant : je ne suis partisane d’aucune chapelle pédagogique. Je sais que je suis qualifiée par certains de socio-constructiviste, et c’est sans doute souvent vrai. Pour d’autre, je suis une pédagogo, et ça c’est idiot, dans le fond et dans la forme. Si je crois au conflit socio-cognitif, aux pédagogies qui rendent les élèves curieux, leur donnent envie de comprendre, les placent dans une posture réellement active intellectuellement, j’ai aussi recours au travail d’automatismes, et parfois d’ailleurs c’est l’automatisme qui me permet d’arriver à un vrai questionnement chez l’élève, en deuxième mouvement. En fait, je me fiche bien des tendances et des étiquettes. Je veux “juste” faire réussir les élèves qui me sont confiés.

Il y a des années, je me souviens être allée voir du côté de l’enseignement explicite. Si je n’avais pas été convaincue de façon généralisée, j’y avais reconnu des pratiques auxquelles j’ai recours dans certains contextes, dans certains domaines. Mais je restais gênée, par exemple par le mot “modelage”, par l’aspect qui me semblait très répétitif de cette méthode, et transférable à n’importe quel objectif. Cela dit, j’ai conscience que mon regard de l’époque devait être réducteur. Depuis j’ai mieux compris que dans l’enseignement explicite aussi, la nuance et la non exclusivité sont revendiquées par certains. Mais pas par tous, ce qui est regrettable je pense. J’avais été frappée par des prises de bec numériques. Comme le temps était aux piques et aux réponses ironiques, j’avais rangé mes questions et sagement passé mon chemin en continuant de me centrer sur mes élèves, sans rejeter les propositions de ce courant en bloc pour autant, mais en m’éloignant des réponses, sur les réseaux, qui ressemblaient à des tentatives de prise de pouvoir par l’autorité. Sylvain Connac écrit ceci, qui résonne par rapport à ce que j’ai observé à cette époque :

Les tenants de ces théories excluent toute autre approche scientifique que la leur et s’approprient ainsi ce que serait la science, souvent de manière particulièrement condescendante d’ailleurs. Contestant le principe essentiel de toute démarche scientifique, la réfutabilité des résultats, ils avancent des « preuves scientifiques indiscutables ».

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Sylvain Connac explique dans son article que les travaux réalisés côté enseignement explicite font le choix de ne pas considérer d’autres travaux, qui mènent ailleurs.

La position défendue par l’evidence based est qu’elle serait la seule conception non-idéologique, parce qu’elle prendrait uniquement appui sur des preuves scientifiques et des données probantes. Outre la grossière tentative d’accaparement de la notion de science, les travaux de Nadia Ravaz et Hugues Draelants ont montré que ce paradigme est clairement influencé par et compatible avec le néolibéralisme.

(…)

En voulant prouver scientifiquement des pratiques pédagogiques, l’evidence based va beaucoup trop vite puisque les résultats scientifiques sur les pédagogies démocratisantes ne sont pas encore suffisamment ancrées sur les terrains éducatifs.

Il existe de nombreux travaux scientifiques en épistémologie qui critiquent de manière étayée les pratiques de l’evidence based (Stéphanie DemersSylvain Wagnon et Sihame ChkairCharles-Antoine Bachand, et d’autres), certains allant même jusqu’à qualifier l’evidence based comme relevant d’une pseudoscience.

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Mais Sylvain Connac souligne aussi les potentiels intérêts des travaux liés à l’enseignement explicite, qui produisent aussi des avancées. Alors le dogmatique non, la démarche scientifique oui, le mélange des genres aussi, sans oublier le dialogue paisible. Je voudrais pouvoir m’améliorer professionnellement, en adaptant les apports de la recherche aux besoins de mes élèves, à mon contexte et à ma personnalité, mais s’il vous plaît, sans me faire taper dessus et en étant moi-même active. Le tout avec les outils de l’enseignement explicite à ma disposition, qui me sont parfois particulièrement utiles en ULIS.

Nous pourrions alors cesser d’entretenir des antagonismes stériles pour mettre en commun les forces en présence et construire collectivement une école en mesure de répondre aux défis d’une démocratisation des progrès individuels des élèves.

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Mais je crois que justement, cette étape des “débats” est derrière nous. Et c’est bien : tous ensemble !

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« Dès la maternelle, les élèves de milieux défavorisés prennent moins la parole ».

C’est un entretien avec Sébastien Goudeau (enseignant-chercheur en psychologie sociale à l’université de Poitiers), pour l’observatoire des inégalités, qui dresse ce terrible constat : “les enfants de milieux populaires contribuent en moyenne 50 % à 75 % de moins que les autres élèves”. D’une part, les enfants issus de milieux populaire sont moins interrogés par les enseignant, et d’autre part ils prennent moins spontanément la parole, et moins longtemps. “Une part non négligeable des enfants ne parlent quasiment jamais”, ajoute Sébastien Goudeau. Les conséquences sur les apprentissages de ces enfants sont très importantes : à l’école maternelle, la place du langage oral est central. Les enfants de milieux populaires sont donc moins de chances de développer leurs compétences dans ce domaine. Il s’agit bien d’une différence sociale, et non de compétence : l’étude l’a mis en évidence. En particulier, les enfants issus de milieux favorisés ont des facilités accrues pour dialoguer avec l’enseignant, et plus de choses à raconter. Leurs camarades de milieux populaires sont souvent plus lents à s’exprimer, ce qui peut pousser inconsciemment l’enseignant à passer à un autre élève.

Dans les catégories populaires, on apprend davantage à ne pas se faire remarquer, à bien respecter les règles, au fait qu’à l’école, « on ne fait pas ce qu’on veut ». C’est le typique « arrête de faire ton intéressant ! ».

Sébastien Goudeau, observatoire des inégalités

Une autre expérience menée par la même équipe a consisté à interroger les enfants à partir de vidéos, pour leur demander pourquoi certains enfants parlent davantage et plus longtemps. Pour la moitié des enfants interrogés, leurs camarades “parleurs” sont plus « intelligents », plus « gentils », « meilleurs à l’école ».

Ils ont déjà intégré que la prise de parole est liée à la compétence. Les élèves qui parlent davantage sont valorisés et se valorisent. Un mécanisme est enclenché car ils prennent encore plus confiance en eux. Les autres intériorisent qu’ils sont moins bons. Les inégalités sont alors amplifiées.

Sébastien Goudeau, observatoire des inégalités

Tout ne repose pas sur les enseignants, évidemment. C’est toujours désagréable et culpabilisant de réaliser qu’on a des gestes qui excluent certain(e)s, alors que nous voulons faire grandir tous les élèves vers le soleil de la même façon. Pourtant, c’est presque inévitable, et l’important est que nous en prenions conscience pour modifier ces gestes. Nous sommes victimes de nos stéréotypes, que nous le voulions ou non. Mais nous pouvons agir.

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L’univers des mathématiques

J’ai reçu, il y a quelques semaines, une magnifique carte des mathéamtiques :

Comme je suis un tantinet débordée par mon actualité professionnelle, je n’ai pas encore eu le temps de vous la présenter. Cette carte est intitulée « L’univers des mathématiques ». Elle a été créée en 2023 par le CNRS Mathématiques (Insmi), et illustre par des exemples comme les mathématiques répondent à des questions de notre vie courante. En particlier, on y lit des questions très concrètes, liées à notre environnement quotidien.

Vous trouverez une description plus précise, des témoignages de chercheurs et la méthodologie suivie ici. Vous pourrez aussi la télécharger, pour votre classe ou pour le plaisir !