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Les quarantaines de quatorze jours

La base 10, classique.

La base douze, pour les oeufs.

La base 60 pour les durées.

La quarantaine pour les malades.

Ah oui, mais ça ne va pas. Une quarantaine de quatorze jours ? Non non non :

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Ah là, il est précis, notre ministre. Pas comme la suite de l’article : si je lis l’article avec “mes lunettes de mathématiques”, comme je dis aux enfants à école, je m’interroge :

Il y a “autour de 2.000 élèves” en quatorzaine, a annoncé vendredi sur Europe 1 le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer.

C’est quoi ce point ? Non mais sérieusement ??? Pour rappel, voici ce que nous apprend le Bécherelle (en tout cas moi, j’ai appris un truc) :

2) NOMBRES

Lorsqu’un nombre exprimant une quantité est supérieur à 999, on utilise l’espace insécable pour séparer les milliers : 1 000, 10 000, 36 742, 500 000. De même pour les millions : 1 000 000, 25 000 000, etc.

Lorsque la valeur du nombre se situe entre 1 000 et 9 999 inclusivement, l’espace n’est pas obligatoire. Dans un texte courant, on pourra écrire qu’il y avait 5 000 personnes ou 5000 personnes. On peut donc laisser les quatre chiffres ensemble. Mais on ne le fera pas à l’intérieur d’un tableau ou d’une colonne comportant des nombres qui contiennent des dizaines de milliers. En effet, si un tableau contient, par exemple, le nombre 34 000, puis en dessous le nombre 8000, il vaudra mieux écrire 8 000 avec l’espace insécable, par uniformité et pour favoriser un alignement parfait des milliers dans cette colonne de chiffres.

Dans les décimales, c’est la virgule qui doit être employée, et non le point. Par exemple, on écrira 431,5 km et 8,99 $, avec la virgule et aussi avec une espace insécable entre le nombre et le symbole.

Lorsque le nombre indique un rang ou qu’il s’agit d’un numéro, on ne met pas d’espace. Exemples :

Mon adresse est le 12498, rue Lajeunesse.

Le numéro gagnant est le 3541672.

Cette étoile s’éteindra en l’an 23017, donc dans 210 siècles.

Ah bin ça alors : je cherchais confirmation de l’interdiction du point ainsi utilisé, et j’ai appris comment on doit/peut écrire les nombres de la classe des milliers. Et aussi que les règles sont différentes selon qu’on considère l’ordinal ou le cardinal. C’est fou quand même !

Un autre extrait de l’article :

“C’est par définition un chiffre qui évolue tous les jours et qui est relativement faible aujourd’hui, parce qu’il n’y a qu’un tiers de la France qui est retournée depuis lundi dernier à l’école : l’Ile-de-France et l’Occitanie”, a prévenu le ministre de l’Éducation nationale. “Bien entendu, ce chiffre va augmenter la semaine prochaine quand un deuxième tiers va revenir de vacances et quand on aura fait les nouvelles évaluations de l’évolution de la maladie”.

Chiffre, tssss tsssss. Nombre, ou alors effectif, si on l’envisage pour ce qu’il désigne.

Et on pourrait discuter autour du “relativement faible” : l’emploi du mot “relativement” est tout à fait à propos et pourrait nous faire débattre du relatif et de l’absolu. De fréquences et d’effectifs.

Ce qui est sûr, c’est que si je me retrouve confinée, j’aurai de quoi m’occuper : quand dix lignes d’un article me remplissent un quart d’heure… Ah tiens, ça fait un problème : combien de lignes d’articles pour m’occuper une quatorzaine de jours ?

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Compétence(s) et savoir(s) pour enseigner et pour apprendre

J’ai lu ce livre, cette semaine :

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Les éditions L’Harmattan avaient gentiment proposé à mon mari de lui envoyer des titres, et il avait choisi celui-ci pour moi. Je ne savais pas à quoi m’attendre : allais-je découvre quelles compétences et quels savoirs sont nécessaires pour enseigner ? Pas du tout : le propos est d’interroger les mots “compétences” et “savoirs”. Où commencent les unes, où s’arrêtent (s’ils s’arrêtent) les autres, quelles relations les unissent ?

J’ai trouvé cette lecture intéressante, mais je suis restée perplexe : cet ouvrage permet de prendre connaissance d’un état de la recherche sur compétences et savoirs, et c’est utile. Je m’attendais à davantage, peut-être, qu’un questionnement que nous avons exactement de la même façon sur le terrain, entre enseignants, entre formateurs, et à des réponses. Or, le seul consensus se fait autour d’un constat : il n’y en a pas, justement, de consensus. Bon, d’accord. Au moins, mes connaissances sont rafraîchies et je sais que je ne pense pas de guingois.

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Ce que l’ouvrage propose aussi, ce sont des études de cas, appliquées à la problématique, et analysées. C’est vraiment intéressant, ça. J’ai découvert la didactique de l’EPS, par exemple, et comme les chapitres de la première partie sont tous rédigés de façon très accessible, c’est enrichissant. Certains chapitres de la deuxième partie m’ont semblé plus abscons. J’ai suivi les développements selon le modèle de la TAD, parce que j’y ai été formée, mais les formules didactiques ne me convainquent décidément pas. Modéliser ainsi, ou plutôt représenter ainsi, non, je n’accroche pas. Et je n’entre pas aisément dans la didactique clinique, non plus.

J’ai crié une définition simple de tâche complexe, qui m’a fait penser à une conversation avec un collègue, récemment :

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J’ai bien compris que le concept de compétence est flou, mais au coeur d’une controverse philosophique assez profonde. C’est plus ou moins un projet de société, qui est derrière tout cela. Pourquoi va-t-on à l’école ? L’école d’aujourd’hui participe-t-elle à l’émancipation de l’individu et à la naissance d’un citoyen ? Ne faudrait-il pas tout mettre par terre ? (ça, c’est mon interrogation à moi, pas celle des auteurs. Mais comme j’ai le droit d’avoir une opinion, en tant que non chercheuse, et que je ne suis pas neutre du tout, côté projet de société, cela fait un moment que j’ai fait mon choix)

Parmi les découvertes secondaires, mais importantes tout de même, une réflexion sur les programmes de probas au collège et au lycée m’a bien plu, car cela me concernait directement, je crois. Et puis j’ai croisé ce petit problème, bien joli :

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En tout cas, merci beaucoup aux éditeurs qui nous envoient des livres, comme L’Harmattan : je dépense déjà tellement pour mon métier que je n’aurais pas acheté ce livre, et pourtant, sa lecture m’aurait manqué.

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Message aux parents de mes élèves

Madame, monsieur,

Comme je vous l’avais annoncé dans un précédent message, je vous propose une deuxième semaine de classe ouverte, à l’occasion de la semaine des mathématiques, du lundi 9 mars au vendredi 13 mars. Pendant toute la semaine, et en suivant l’emploi du temps de mathématiques de votre enfant, vous aurez la possibilité de venir en classe avec nous. À la différence de la semaine du numérique, celle-ci se fera dans notre très jolie classe, et vous pourrez observer et participer à notre quotidien mathématique, comprendre comment nous travaillons, goûter au plaisir d’apprendre et de réfléchir tous ensemble.

J’espère que vous répondrez à notre appel, car il est important que la classe soit ouverte sur l’extérieur, que parents et enseignants se connaissent et se comprennent ; vos visites nous font évoluer, les élèves et moi.

Vous pouvez, en répondant à ce message, en m’écrivant directement, en m’envoyant un mail, me prévenir de votre venue, et ce jusqu’à la veille du cours concerné.

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Dispositif de remédiation sur le nombre en fin de cycle 3 : work in progress

Comme je l’ai écrit ici déjà, avec des collègues de Fécamp, nous nous attelons à construire un dispositif de diagnostic, puis de remédiation la plus précoce possible, pour les élèves entrant au collège dans le domaine du nombre. Nous avons ainsi construit un premier essai de test. Notre idée était d’avoir un test court, simple, qui nous permette de mettre en évidence les élèves en difficulté quant au sens, à la construction mentale du nombre. Nous nous sommes appuyés sur la Course aux nombres, sur nos propres observations, et nous avons proposé ceci à nos élèves :

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J’ai corrigé pendant les vacances, et j’obtiens une moyenne de 10,14 sur 13 questions pour l’ensemble de mes élèves, avec cette répartition des scores :

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J’ai obtenu ceci, question par question (en abscisses les numéros des questions, en ordonnées les effectifs) :

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Nous avions fait “simple”, volontairement, même si en fait ce n’est pas simple du tout. Mais par rapport au niveau attendu en février en sixième, il y a forcément un décalage. C’est normal, c’est le but.

Dans la suite, je ne m’intéresse pas à une analyse de mes élèves, ou question par question. Je m’intéresse à la validité du test, au vu de ce pour quoi il est pensé.

Maintenant donc, il faut que je réfléchisse : si nous avons proposé ce test à nos élèves, c’est pour évaluer s’il est intéressant à proposer à des élèves que nous ne connaissons pas, en début de sixième. Comment procéder pour répondre à cette question ? C’est là que mes relevés de compétences vont m’aider (enfin j’espère : écris cet article en même temps que je traite ma question).

D’abord, je compare les scores de mes élèves au test au score de compétences en maths depuis le début de l’année. Je n’ai conservé que les élèves qui ont obtenu des scores de compétences inférieurs à 50% soit dans l’ensemble du référentiel, soit sur 7 compétences choisies par la suite, qui  mesurent à mon avis nos objectifs plus précisément. C’est tout à fait péremptoire, mais les élèves pour lesquels je m’inquiète pour le cycle 4 sont inclus dedans.

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En abscisses, les scores au test ; en ordonnée, le taux de réussite en maths sur l’année

Que lit-on sur ce nuage de points ?

Les élèves les plus en difficulté ont plus souvent un score inférieur ou égal à 9, mais pas tous, loin de là. Or, avoir des faux négatifs ne m’embête pas trop pour le moment : il faudra ensuite réfléchir à comment affiner, mais bon. En revanche avoir des faux positifs est un vrai problème. A priori, en étudiant ce nuage, je pense le test inefficace : même des élèves à 12/13 sont sinon en difficulté, au moins en fragilité.

Ensuite, même chose avec seulement 7 items de mon référentiel, qui me semblent ceux que nous visons, avec les collègues, prioritairement :

  • Comprendre le sens des opérations
  • Reconnaître et exploiter une situation de proportionnalité
  • Représenter un nombre sous diverses formes
  • Représenter sur un axe ou dans un repère
  • Passer d’un mode de représentation à un autre
  • Comprendre l’écriture des nombres
  • Calculer mentalement

Je mets ces 7 items dans ma moulinette, en vrac comme ça, et j’en sors des scores.

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En abscisses, les scores au test ; en ordonnées, le taux de réussite aux 7 compétences choisies

C’est mieux. Si on gardait les scores inférieurs ou égaux à 9, les élèves pour lesquels je m’inquiète seraient tous inclus.

Mais je m’interroge :

  • Est-il besoin de conserver autant de questions, du coup ? Puisque mon minimum est à 5, ne peut-on pas éliminer des questions ?
  • En même temps, aucune question n’obtient 100% de réussite, et en plus mes élèves ne sont pas des arrivants de sixième. Il est donc probable que des élèves entrant en sixième obtiennent des scores plus hétérogènes.
  • Quelle corrélation y a-t-il entre les élèves en difficulté en général en maths dans mes classes et ceux pour qui les 7 compétences choisies pêchent ? Cette question est périphérique à notre questionnement, mais elle m’intéresse et y répondre était facile :
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En abscisses, les taux de réussite en maths en général ; en ordonnées, les taux de réussite sur les 7 compétences choisies.

Voilà qui est intéressant : 6 de mes élèves sont fragiles en général mais au-dessus de 51% sur les sept compétences choisies ; et 3 élèves sont au-dessus de 50% de réussite en général mais fragiles sur les 7 compétences. Sur 65 élèves, ce n’est pas rien. Cela me permet en particulier de voir différemment les difficultés de deux élèves, pour qui le nombre doit poser un problème central. Les performances d’une de ces deux élèves me questionnaient vraiment, et je vais réfléchir autrement grâce à cette analyse. Je suis moins surprise pour les 7 élèves qui sont fragiles dans l’ensemble mais plus à l’aise sur les nombres : ce sont des élèves pour qui écrire, s’exprimer en langue française ou structurer un discours est encore difficile.

À ce niveau, je me dis que peut-être il faut que je sélectionne certaines questions du test, et que ce sont eux que je mettrai en relation avec les taux de compétences des 7 items. Mais quelles questions ?

Après réflexion, j’ai conservé les questions 5, 6, 7, 10 et 13. Immédiatement, j’ai constaté que c’était plus efficace, comme façon de procéder. Alors j’ai affiné, en coefficientant. J’ai beaucoup, beaucoup réfléchi, et réalisé beaucoup, beaucoup d’essais. Au final, c’est mon premier mouvement qui est le meilleur : j’ai des faux positifs, mais aucun faux négatif, à condition de garder tous les élèves qui obtiennent un score inférieur ou égal à 3 à ces 5 questions. Cela signifie qu’il faudrait réfléchir, dans le dispositif, à la possibilité de faire sortir certains élèves lorsqu’on se rend compte qu’ils n’ont pas besoin de lui. Mais de toute façon il ne leur ferait pas de mal, car ce sont tous des élèves qui sont fragiles. Et là, personne ne passe au travers des mailles.

Je crois qu’il faut à présent que je propose ce test à des CM2. C’est ça, c’est ce que je dois faire. Cela me permettra de compléter mon analyse, et de répondre à certaines questions. Et puis je vais voir ce que cela donne avec mes collègues fécampois, mais je n’arrive pas les mains vides. En tout cas, j’ai avancé et j’ai aimé réfléchir. J’ai aussi l’impression d’avoir précisé mon évaluation de plusieurs de mes élèves.

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100 match point

C’est ce que j’ai acheté, depuis le début. 100 planches de jeu, 10 brochures. Il y en a pour moi, pour les amis, pour des collègues, pour des classes, pour des écoles. Toujours pour des élèves… Prochaine livraison mardi à Fécamp.

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Vous connaissez, Match Point ? Parce que c’est vraiment, vraiment top pour développer des apprentissages en numération, en calcul, en logique par exemple. On différencie naturellement et les fiches de la brochure sont extra.

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Ma fille, après mon article de ce matin sur “dix millions mille dix”, m’a conseillé une vidéo de Numberphile, qui est une chaîne youtube que j’aime beaucoup.

En effet, cette vidéo est vraiment passionnante : on y parle façon d’énoncer les nombres (le danois, ouahou !), façon de les écrire : il y est question de virgule et de point, mais aussi d’écriture des chiffres, ou de leurs représentations par le corps.

Par exemple, il n’y a pas consensus universel sur le nombre de chiffres à écrire dans chaque “groupe”. Voilà qui fait un joli prolongement aux difficultés de mes élèves : en Inde, par exemple, on écrit les nombres en construisant des groupes différents de nos “classes” des unités, milliers, etc. :

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Je crois que je vais creuser pour en parler à mes élèves. Peut-être qu’aborder d’autres façons de faire leur permettra de réaliser l’importance de se mettre d’accord, ou qu’ils trouveront pratique la régularité des trois rangs par classe. De toute façon, nous allons apprendre des trucs, chouette.

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Dix millions mille dix

Lorsque Stella Baruk est venue pour sa conférence en Normandie (je l’ai relatée ici, ici et ), elle nous demandé d’écrire en chiffres le nombre “dix millions mille cent”. En cherchant une question d’écriture en chiffres à partir du nombre énoncé verbalement, j’ai repensé à sa proposition, mais je ne m’en suis pas souvenue correctement. Je ne me suis souvenue que de la présence de millions et qu’on n’entendait ni “un”, ni “zéro”, alors qu’on n’écrit que ça. Ma question à nos élèves a donc été celle-ci :

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Cette question s’inscrit dans une première proposition d’évaluation diagnostique, en sixième, dans le but de déployer un dispositif de remédiation le plus précoce possible, dans des collèges de Fécamp. Pour tester ce test je l’ai fait passer à mes élèves avant les vacances. Et hier, je l’ai corrigé. Rapidement, la question ci-dessus a attiré mon attention. Et pour cause : 27 propositions différentes si on ne considère que la succession de chiffres, et 38 si on tient compte de la façon de place les espaces. 25 réponses justes parmi 65 recueillies.

Je ne crois pas que ce soit anodin. Je ne m’attendais d’ailleurs pas à autant de richesse dans les réponses, dans les erreurs : les élèves de cycle 3 ont des difficultés à concevoir et écrire les grands nombres, d’accord. Ils ont du mal à se concentrer sur cette suite de chiffres à écrire pour passer du verbal à l’écriture chiffrée, surtout. Et cela parce qu’ils conçoivent mal le nombre. Regardez un peu :

Or, mes élèves sont de jeunes gens futés, qui savent déjà des tas de choses, et de bonne composition. Là, en plus, je leur ai expliqué qu’ils m’aidaient à aider des élèves d’ailleurs, qu’ils étaient mes petits cobayes, et ils se sont livrés à cet exercice de 13 questions très sérieusement.

Ils se trompent pour une très bonne raison, une raison robuste : ils n’ont pas fini d’acquérir des  concepts, qui leur permettent de passer mentalement d’une représentation du nombre à une autre. Ils se trompent parce que le concept lui-même de nombre, au coeur de tout ceci, est complexe. Leurs enseignants, moi  y compris, ont fait de leur mieux. Pourtant, tous ensemble, nous n’y sommes pas encore parvenus. C’est sans doute en se mettant le nez dessus, tout près, comme sur ces extraits de copies, et en abordant la question encore, encore et encore avec les enfants que nous réussirons. Et ce n’est ni annexe, ni anodin : comment certains des élèves qui ont produit les réponses que j’ai présentées en photo peuvent-ils se représenter leur environnement, lorsque celui-ci est autant quantifié, mesuré, décrit en chiffres ?

Chacune de ces réponses à précieuse. Par exemple, celle-ci est d’une grande logique : “dix millions mille dix, j’entends trois fois “dix”, avec les “classes de l’école” : millions, milliers, et j’entends rien donc c’est la classe des unités. J’écris mes trois “10” :

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Et celle-ci, illisible tellement cet élève s’est trituré les neurones. Regardez sa production, et imaginez ce qu’il a dû vivre et ressentir, pendant un court instant :

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Je trouve que devant cette réduction, on ressent l’exclusion que peut représenter la non compréhension de la numération.

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En chiffres, les cocos !

J’ai fait passer à mes élèves un test, une mini course aux nombres élaborée avec des collègues de Fécamp, avec lesquels nous mettons au point un dispositif de remédiation dès l’entrée en sixième, dans le domaine “nombres et calculs”.

Demain, je vous parlerai d’une des questions, qui a appelé un nombre de réponses différentes assez impressionnant. Mais avant d’éteindre mon ordi, un clin d’oeil à trois zozos : malgré la question posée invariablement dans chaque de mes trois classes :

Madaaaame, quand vous dites d’écrire en chiffres, vous voulez dire qu’on écrit avec des lettres ?

à laquelle j’ai répondu… non (surprenant non ?), ils ont réussi à répondre ça :

C’est d’autant plus agaçant, tout de même, que les deux productions du bas montrent une interprétation correcte de “13 dizaines”, sans pouvoir être valorisées en principe. Et, comme me l’a fait remarquer ma fille, celui du haut réussit à recopier la consigne, mais avec deux fautes d’orthographe en plus.

Groupmf.

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Il est temps d’apprendre ses leçons

Mes chers élèves,

Je vous écris ce petit article, rien que pour vous, pour vous rappeler que mercredi 3 mars (soit dans une semaine et un jour), nous serez interrogés sur cinq questions de leçon : des questions sur les pages du cahier concernant l’arithmétique (les critères de divisibilité et les nombres premiers) et des questions sur les polygones particuliers (carré, rectangle, losange, parallélogramme, trapèze, etc.).

Je vous rappelle également que si vous ne savez pas votre leçon, vous allez passer du temps avec moi, le lundi et le vendredi, de 16h à 17h, jusqu’à ce que vous connaissez les notions sans lesquelles vous allez être en difficulté. Vous pouvez appeler ça une punition si vous voulez, ou des heures de retenue, mais c’est bien plus constructif que ça en fait. Je vais vous réapprendre à apprendre, s’il le faut.

Ainsi, soyez raisonnables, éteignez cette console, posez ce ballon, garez ce vélo et lâchez ce téléphone, au moins dix minutes chaque jour d’ici à lundi, pour apprendre.

C’est beau, vous savez, d’apprendre. Parce qu’après, on sait. Et savoir, c’est vraiment chouette. Ca rend plus grand, plus libre. Et ça permet de rentrer plus tôt chez soi le lundi et le vendredi.

Unknown

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la grande aventure des nombres et du calcul

J’ai ramené de ma visite aux éditions Circonflexe ce livre : La grande aventure des nombres et du calcul. Je l’ai lu dans le train, hier, au retour, et il m’a beaucoup plu. Je pense que c’est typiquement le genre de livre à conseiller dans les bibliothèques de classe.

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Toute la première partie du livre aborde le nombre et ses représentations. Sans l’annoncer explicitement, les deux premières pages expliquent à l’enfant le subitizing et la correspondance terme à terme. Au lieu d’entrer dans le nombre par ses représentations, et de s’éloigner enfant du concept, l’auteur, Jason Lapeyronnie, choisit l’exigence et le respect de son petit (ou pas) lecteur, et ça, j’adore. Il faut dire que Jason Lapeyronnie n’est pas n’importe qui : c’est monsieur Automaths. Il retrace une histoire du nombre, et de ses représentations, de façon parfaitement adaptée à des enfants de cycle 3 en lecture autonome, et à des enseignants pour raconter ces fascinantes histoires à des élèves de tous âges.

Le dernier tiers du livre est plus orienté sur les mesures. Des expériences très rigolotes sont proposées, comme mesurer un mètre grâce à la mesure du temps se son oscillation (même si selon là où on se trouve sur Terre, l’expérience se déroule différemment…).

Et pour conclure l’ouvrage, l’auteur fait réfléchir à la façon de compter : les procédures pour recenser des populations, les principes et les limites du PIB, par exemple. Et au moment de refermer la couverture, Jason Lapeyronnie ouvre une porte vers l’infini. De quoi donner faim aux curieux…