Pour moi, c’est comme ça que ça marche. Le doute fait partie intégrante de moi. Il est un de mes moteurs, dans le sens où il me permet de me poser des questions. Mais attention, pas le doute sceptique (le principe du rejet systématique, c’est tellement facile ; souvent associé à une autre vulgaire facilité, l’ironie, pleine d’implicite et n’existant qu’en creux, berk, je déteste). Pas non plus le doute hyperbolique de Descartes, qui pousse un peu mémé dans les orties, quand même que je trouve excessif et au final inhibant.
Mon doute me permet, en particulier, de ne pas juger autrui, ni rapidement, ni définitivement : l’autre m’étant par définition étranger, j’accepte de ne pas le comprendre, de me tromper, qu’il reste éventuellement définitivement inaccessible à ma compréhension, en dépit de mes efforts. Je n’ai pas besoin de décider si cet être que je ne comprends pas a tort ou raison : il est juste différent de moi. Et puis bien sûr mon doute me permet aussi de pouvoir réfléchir sur moi-même, en intégrant ce que je perçois, les reflets qu’on me renvoie, et d’essayer en permanence de m’améliorer. Évidemment, c’est un peu fatigant pour mon entourage, à qui je fais part des incessantes questions et remises en cause qui m’assaillent en permanence. Mais au final, je ressors toujours enrichie après confrontation avec mes doutes.
Le doute, pour moi, n’est pas un système de pensée, ni une valeur ; mon doute est plutôt celui que décrivait Siri Hustvedt dans une émission que j’ai entendue récemment (mais j’ai oublié laquelle) : celui qui existe avant même de pouvoir être exprimé en tant que pensée.
Hé bien parfois, j’aimerais bien que le doute soit contagieux. Cela éviterait à certains de se comporter comme des barbares.
Et ça, j’en suis sûre.