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Vivre avec un prof de maths

Samedi matin. Je garde le réveil, il est six heures vingt-neuf. Ca m’amuse, alors je chuchote à mon mari : regarde, si on ignore les petits points, l’heure elle est en symétrie centrale… C’est rigolo, non ? Tu places le centre là, sur le tiret du 2, et hop, retournement.

C’est bizarre, il n’a pas trouvé ça aussi rigolo que moi, mon mari. Il m’a dit : “non mais c’est grave, là.”

Je ne comprends pas… C’était rigolo, et quelle probabilité y avait-il que je tombe justement sur une heure en symétrie centrale ?

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Ca m’a donné deux idées d’activités. Il faut que je les note.

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Etienne Ghys : “Je vois les maths comme une occasion de créativité et d’expression. Les maths ne sont qu’une manière d’être intelligent, mais bien évidemment pas la seule”

Sur Le Monde.fr, un article a été consacré cette semaine à Etienne Ghys, directeur de recherche à l’École normale supérieure de Lyon, académicien depuis 2004 et membre du récent Conseil scientifique de l’éducation nationale. Il a aussi co­réalisé deux films pédagogiques, Dimensions, une promenade mathéma­tique en 2008 (Dimensions-math.org) et Chaos, une aventure mathématique en 2013 (Chaos-math.org). Si vous avez l’occasion d’aller l’écouter, d’aller le voir, allez-y : Etienne Ghys est un mathématicien généreux.

 

Il développe, comme souvent, des points de vue originaux ou illustrés de façon frappante : il présente les maths comme bien plus évolutives qu’on ne le croit (le théorème de Pythagore “a acquis un nouveau visage“), et sans doute moins universelles (“Il n’y a aucune raison d’enseigner les maths de la même manière partout. Le contenu des enseignements dépend de la culture locale. Les maths, ce n’est pas aussi universel qu’on peut le penser : on peut choisir le morceau du gâteau qu’on veut manger“), évoque les “inconnus de mathématiques”, à qui il rend hommage, relativise le succès de la France face aux médailles Fields (“Il faut noter l’inertie de cet « indicateur de qualité » que seraient les médailles Fields. Les lauréats ont moins de 40 ans et ont donc fait leur thèse quinze ans plus tôt et passé leur bac il y a plus de vingt ans. En exagérant un peu, une abondance de médailles françaises signifie que le système marchait bien… il y a quinze ans !“).

Le constat que dresse Etienne Ghys quant à la situation actuelle est en fait très inquiétant  : “Je suis préoccupé par un problème sociologique majeur : les Écoles normales supérieures n’ont plus comme naguère le rôle d’ascenseur social. Auparavant, les mathématiciens de l’ENS venaient de milieux plus divers. Aujourd’hui, on a beaucoup de fils d’enseignants du secondaire ou du supérieur dans les promos de normaliens.” , “Cela me préoccupe de me rendre compte que ma profession attire moins les jeunes.”

Et puis Etienne Ghys présente son métier de chercheur d’une façon que je n’avais pas vraiment lue jusqu’ici :

Les maths, c’est d’abord souvent de la souffrance en réalité ! On réfléchit en permanence à un problème, on se pose des questions, on cherche une solution… Bref, on piétine. Pour éviter cet état, beaucoup, comme moi, ont plusieurs sujets en tête pour pouvoir en changer. Je dis souvent d’ailleurs que j’ai fait dans ma carrière des choses faciles, évitant les gros morceaux qui me font piétiner.

L’autre souffrance, c’est l’erreur, l’angoisse d’avoir publié quelque chose de faux. Le pire qui puisse arriver à un chercheur est de recevoir un message de quelqu’un qui trouve une erreur dans de vieux articles. Un erratum est honteux.

Il termine l’article avec la même générosité qu’il l’avait commencé : en parlant de ce qui l’occupe actuellement, un questionnement parti d’une intervention pour des élèves de CP :

Je devais préparer un exposé pour des élèves en CP sur le flocon de neige. Je ne me faisais évidemment pas de soucis sur ce que j’allais dire, mais en fouillant, comme j’aime le faire, dans la littérature scientifique, j’ai découvert que la théorie rigoureuse de la croissance des flocons de neige était en fait encore à écrire ! J’ai découvert aussi des textes et des illustrations merveilleuses dans de vieux textes de Kepler ou du Moyen Âge. Et c’est ce que je ferai découvrir aux lecteurs du Monde le 29 mars lors d’une conférence. Avec, j’espère, une surprise : j’aurais peut-être démontré d’ici là une conjecture qui m’obsède sur les flocons de neige !

Étienne Ghys, voilà un homme qui illustre les maths et l’anti-mépris.

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Perle d’appréciation

Je prépare le conseil de mes sixièmes, et je dissèque donc leur bulletin. Ecrire une synthèse ne compte pas parmi mes exercices de prédilection : résumer tout le travail d’un élève en quelques mots, c’est souvent difficile et presque toujours frustrant. Déjà j’ai de la chance : aucun de mes collègues ne balance des appréciations censées être drôles, et qui ne sont en fait que de l’ironie méprisante. Mais cette fois-ci, un jeune collègue du champ scientifique m’a sortie de ma torpeur ronchonnante :

” Laisse travailler ton imagination, elle fera fleurir tes idées lorsque tu aborderas un problème scientifique. C’est l’obstacle principal à ta réussite “

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J’adore. Ca dit tellement de choses de la façon qu’a ce collègue d’aborder l’évaluation, les élèves, leurs procédures, sa discipline… Ca me donne envie de réécrire toutes mes appréciations, qui sont d’une platitude confondante.