– Hé, maman, tu sais qui a inventé la Table Ronde ?
– Heuuu non.
– C’était Merlin.
– Non, c’était un roi qui s’appelait Conférence.
???
– Et son ami l’abbé Ymètre l’a aidé, même.
???
– Que faites-vous, sire Conférence ? Rien, père Ymètre.
– Hé, maman, tu sais qui a inventé la Table Ronde ?
– Heuuu non.
– C’était Merlin.
– Non, c’était un roi qui s’appelait Conférence.
???
– Et son ami l’abbé Ymètre l’a aidé, même.
???
– Que faites-vous, sire Conférence ? Rien, père Ymètre.
Il y a peu, je parlais de proportionnalité ; j’ai pu observer plusieurs démarches justement, dans les copies de sixième que je viens de finir de corriger.
La question posée revenait à déterminer la “quantité de graines” nécessaire pour semer de la pelouse sur un terrain de 70m², sachant que 45g de graines permettent de recouvrir 5m² de terrain.
En tapant la consigne, je me demande pourquoi l’auteur de l’exercice a demandé la quantité de graines et pas la masse. Évidemment, les élèves comprennent ce qu’on attend et répondent une masse, mais c’est un peu curieux, ce choix sémantique.
Voilà, et ainsi j’ai fini de corriger TOUTES mes copies, je vais donc de ce pas danser la gigue.
J’ai acheté pour ma bibliothèque de classe un petit roman de Gérald Tenenbaum, édité chez Belin, dans la collection Charivari : le problème de Nath. C’est idiot : malgré la police de caractère favorisant la confusion entre le N et le M, je ne viens de m’apercevoir du jeu de mots qu’en écrivant cet article.
Le quatrième de couverture indique qu’il s’agit d’une histoire autour de la peur des maths, mais je ne suis pas vraiment d’accord. Nath est un jeune garçon qui a pas mal de soucis. Il se sent seul, au fond, et compense comme il peut. C’est un bon garçon qui s’est catégorisé comme incapable en maths, mais/car il a une grande imagination (ce qui n’a pas de sens : pour réussir en maths, l’imagination est la bienvenue !). Il lui tombe un gros souci sur le coin de la figure, qui fait qu’il est placé devant une urgence : il lui faut réussir à appliquer une formule. Le fait de réussir à l’appliquer le débloque, et il progressera par la suite de façon remarquable en maths.
Le livre est rapide à lire, d’écriture agréable, propose un futur proche assez sympa. En revanche, j’hésite à le mettre dans ma bibliothèque de classe : Nath ne fait pas des maths, il fait des correspondances entre des informations, et il sait mener une recherche numérique. Et puis il est débrouillard, mais tout ça n’a pas grand-chose à voir avec l’exercice des maths. Il réussit à appliquer une formule pas du tout accessible à sa compréhension vu son niveau de classe, et en déduit qu’il est bon en maths. Ce qui est bien vu, c’est l’aspect tout à fait subjectif et psychologiquement du “je suis nul en maths”, puisqu’il progresse ensuite réellement alors que rien n’a changé en réalité.
Mais bon, c’est sympa à lire et je pense que le style écriture, d’univers et l’histoire peuvent plaire à certains de mes élèves. Disons qu’ensuite il faudra discuter de la vision des maths.