Sur The conversation, un article de Charles Hadji, Professeur honoraire en Sciences de l’éducation à l’Université Grenoble Alpes, pose la question suivante : “Évaluation : est-on condamné à la perpétuité ?”
Nous semblons entrés dans une période d’évaluation perpétuelle. D’où la question de l’auteur de l’article : “Comment trancher de la pertinence de l’évaluation ?“.
La réponse est compliquée, car l’évaluation remplit plusieurs missions. Pour faire vite et à l’emporte-pièce, on peut parler d’évaluation diagnostique (pour dresser un état des lieux avant formation), formative (pour ajuster les gestes professionnels des enseignants), formatrice (pour que les élèves ajuster eux-mêmes leurs procédures, en lien avec l’auto-évaluation), sommative (mesurée selon une norme donnée, souvent avec pour visée une synthèse transmise aux élèves, aux parents et à l’institution), certificative (pour avoir un diplôme)… Il est donc bien difficile de parler de “l'” évaluation. C’est une hydre, cette chose-là.
Charles Hadji écrit : “la pire des choses est de polluer le travail pédagogique quotidien par d’intempestives évaluations à valeur sommative/certificative, qui n’ont leur place qu’à la fin d’un processus d’enseignement d’une durée significative.” Et dans la foulée il pose une très intéressante question : “Mais cela ne disqualifie-t-il pas, alors, l’évaluation continue, en tout cas pour cette fonction sommative ?” Autrement dit, une évaluation continue (somatise en particulier) “ne marque-t-elle pas l’irruption, alors aussi intempestive qu’injuste, du sommatif dans le formatif ?” Ce qui est bien, c’est que monsieur Hadji cherche ensuite à apporter des réponses.
- “l’évaluation continue s’exerce à un moment où, en quelque sorte, il est encore possible de redresser les courbes” C’est bien le but de l’évaluation formative comme de l’évaluation formatrice : infléchir la trajectoire si elle dévie de la direction-réussite. Et il faut les deux aspects : à chaque évaluation, le formé est aussi évalué que le formateur ;
- “il est possible d’identifier (…) des moments significatifs”, comme une compétence ou un élément de programme qu’on pense, à ce moment de la séquence, acquis”. En effet, l’élève apprend en continu, et pas seulement à la fin de la séquence. C’est ce qui distingue une séquence d’un roman policier : en principe, on comprend des choses tout le temps, et on n’est pas surpris par la fin.
Charles Hadji conclut ainsi : “Le but ultime de l’éducation ne devrait-il pas être de rendre ceux que l’on instruit et éduque capables d’une telle auto-évaluation régulatrice, qui s’exercerait alors toujours à propos ?“
C’est en fait l’évaluation formatrice qu’il promeut ainsi. C’est celle qui devrait suffire si les élèves étaient en mesure d’être complètement acteurs de leurs apprentissages. Mais beaucoup de facteurs entrent en compte, alors. C’est ce vers quoi nous devons tendre, et c’est toute une politique, pas seulement d’éducation, qui est à repenser dans ce but.