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Larguez les amarres

L’année prochaine, je ne serai plus formatrice. J’ai pris ma décision sur les dernières semaines. Aujourd’hui, c’est officiel.

J’ai adoré former.

J’ai aimé ces rencontres, co-animer, travailler en équipe, l’intercatégorialité, former des profs, des formateurs, des professeurs des écoles, des copains, des grognons, des étudiants, des jeunes profs, des assistants d’éducation…

J’ai aimé apprendre, me transformer, lire, lire, lire, aller plus loin, toujours, échanger, débattre, changer d’avis, découvrir, écouter des conférences, suivre des séminaires.

J’ai aimé élaborer des dispositifs, inventer, architecturer.

J’ai aimé l’adrénaline, les réflexions post-formation, la tension parfois, le bonheur de se sentir utile.

J’ai même aimé rouler, aller aux quatre coins de Normandie, partir dans d’autres académies, chanter à tue-tête dans la voiture en révisant mentalement mes dispositifs.

Tout ça, c’est grâce aux personnes qui m’ont fait confiance et donné des occasions. Ils ont misé sur moi, m’ont permis de me former encore et encore, et m’ont ouvert des portes.

Et j’ai décidé de retrouver en classe à 100%. J’ai bien un ou deux projets, évidemment, mais pour moi, hors institution. C’est simplement un rééquilibrage de vie. Tout va bien.

Je continue le blog, évidemment, ça n’a rien à voir. Et j’espère pouvoir continuer à aller dans les classes des collègues qui m’accueillent en école depuis deux ans : je cesse de former, pas de réfléchir ni d’échanger. Et pour enseigner mieux au collège, j’ai besoin de comprendre ce qui se joue, ce qui se passe avant. Mais ces moments seront pour le plaisir, seulement.

J’ai encore trop de choses à faire, il faut que je bouge.

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PS : je termine aussi ce que j’ai commencé. Je ne pars pas en voleuse, je réoriente.

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T’es pauvre et t’as des Nike ?

C’est le titre d’un article d’ATD Quart-Monde publié sur Mediapart le 8 mars. Il reprend une des idées reçues listées dans l’excellent petit livre En finir avec les idées fausses sur les pauvres et la pauvreté, à lire absolument, et à relire régulièrement pour s’entretenir, et sur le livre du sociologue Denis Colombi Où va l’argent des pauvres ?. L’auteur de l’article explique pour quoi le “bon sens” qui fait s’étonner de croiser une personne qui fait la manche son iPhone à la main ou une famille pauvre vêtue de marques, est une pensée sinon courte, du moins fausse.

Des dépenses “inconsidérées” des personnes en précarité obéissent parfois à une rationalité qui échappe au plus grand nombre.

Sur la base d’exemples, le sociologue Matthew Desmond dans son livre Evicted sur les expulsions à Milwaukee aux États-Unis et que Denis Colombi traduit en 2017 sur son blog, écrit :

“L’argent des pauvres passe donc pour partie dans des dépenses “inutiles”, qui ne leur permettront pas de sortir de la pauvreté… mais qui leur permettront de ne pas se sentir complètement nié comme individu quand la pauvreté est un déni de soi permanent. Ces dépenses ne sont pas la cause de la pauvreté : tout au contraire, elles en sont la conséquence. C’est parce que l’on a si peu que toute utilisation vertueuse de son argent, toute tentative d’accumulation, d’épargne, de sauvegarde est vouée à l’échec.”

La suite de l’article interroge sur les valeurs collectives et le sens même de la communauté. À lire !

Enfiniraveclesideesfausses...2020