Sur le Café Pédagogique, un article pose la question de la masterisation, qui serait responsable au moins partiellement de la crise du recrutement.
La “masterisation” désigne ici le fait de devoir être titulaire d’un master (5 ans d’études après le bac) ou équivalent pour pouvoir enseigner. C’est le cas depuis 2011. À l’époque, cela a permis de supprimer des postes. Avant cela, il fallait juste une licence. Selon une étude menée par Mélanie Hillion, docteure en économie et chargée d’études à la Dares, la masterisation a conduit à une diminution du nombre de candidats de l’ordre de 40% à 50 %. Les notes des enseignants aux épreuves écrites des concours ont également diminué de manière significative après l’introduction de la réforme. Selon madame Hillion, recruter à nouveau les enseignants au niveau licence serait sans doute une bonne idée, ainsi que “s’interroger sur la rémunération, les conditions de travail et, plus généralement, sur les facteurs d’attractivité de la profession. La qualité de l’éducation de plusieurs générations est en jeu et il est urgent que ces questions reçoivent l’attention qu’elles méritent”.
Pour ma part, je pense qu’on s’interroge bien assez : des rapports sur l’attractivité, les conditions de travail du métier d’enseignant, sur notre bonheur ou notre souffrance au travail, nous en avons déjà beaucoup, nationaux et internationaux, et tous convergent. Le souci, c’est que cela ne change rien. On pourrait même avoir l’impression que tout le monde s’en fiche, en fait. Chez les “décideurs”, au moins.
Une autre conséquence de la masterisation est l’exclusion accrue, de fait, des candidats de milieu populaire : aller jusqu’en master est plus difficile, pour des raisons financières. De ce fait, “chez les hommes, la part des pères cadres a triplé alors que celle des pères ouvriers est passée de 32 à 21%.”
Actuellement, la pré professionnalisation qui recrute dès L3 semble permettre une alternative. Il pourrait aboutir à un concours aménagé en fin de parcours. Le fait de recruter des contractuels qui n’ont pas de niveau master et de donner la possibilité de les titulariser également.
Mais bon, globalement, qu’on aborde la question par le recrutement, la rémunération ou l’évolution globale du métier, le temps n’est pas à l’euphorie.