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La psychomotricité en questions (et en réponses)

Aujourd’hui, Nicolas Sanmartin, psychomotricien, cadre de santé et formateur en psychomotricité à l’IFP de Rouen, a animé notre après-midi. C’était très très bien, j’ai appris plein de choses.

Qu’est-ce que la psychomotricité ?

La psychomotricité se situe à l’intersection du psychique-cognitif, de l’émotionnel-affectif et du somatique-sensoriel.

Julian de Ajuriaguerra est un neuropsychiatre qui, dans les années 50, qui s’est demandé comment faire avec des personnes qui ne parlent pas. Il a pensé au corps et est allé voir des professeures de danse, plutôt que de se limiter à l’aspect psychanalyse. C’était une conception radicalement nouvelle. Il a formé ces professeures au soin et a théorisé tout cela.

Gisèle Soubiran et Josiane Masson sont deux élèves de Julian de Ajuriaguerra. Elles ne viennent pas du même univers et ont deux obédiences très différentes : une vision très neuro de la psychomotricité, et une très psychanalytique, même si c’est ce dont Julian de Ajuriaguerra s’était éloigné. Ces deux femmes ont beaucoup contribué à développer la psychomotricité.

Dans la psychomotricité, le corps est vecteur, expressif et adaptatif. Pour Freud il fallait mettre le corps de côté parce que le corps risque d’influer beaucoup sur le moi. Le corps est le lieu d’expression, le mode de prise d’informations. C’est aussi un porteur d’affects et d’émotions. Il est indissociable de la pensée, de la cognition, de l’émotion… L’émotionnel influence le cerveau, et le cerveau influence la réussite, et donc l’émotion… Et l’environnement compte aussi.

Pour un kinésithérapeute, la porte d’entrée c’est le corps, et la porte de sortie aussi.

Pour un psychanalyste, la porte d’entrée est la tête, la porte de sortie aussi.

Pour un psychomotricien, la porte d’entrée est le corps et la porte de sortie est la tête.

Qu’est-ce qu’un psychomotricien ?

La psychomotricité ne lui appartient pas : tout le monde fait de la psychomotricité. Dans les écoles il y a parfois des salles de psychomot, d’ailleurs. Mais le psychomotricien est expert dans l’analyse, la prévention, la rééducation, la thérapie. C’est un professionnel paramédical, doté d’un diplôme d’état.

Le psychomotricien travaille dans de multiples établissements, des SESSAD aux EHPAD, des CMP aux crèches, des hôpitaux aux services de réadaptation, dans tous les établissements médicaux-sociaux et en cabinet libéral.

Le psychomotricien s’intéresse aux liens et aux échanges entre les fonctionnements psychologiques, perceptifs et moteurs, séparément (diachroniques) ou tous ensemble (synchroniques). Les dimensions cognitives, sociales et émotionnelles du fonctionnement sont aussi sollicitées.

Henry Wallon a parlé du dialogue tonique : il étudie la mère et le nouveau-né. Le nouveau-né a un très bon sens du toucher, mais ses autres sens ne sont pas très développés. Dans la peau à peau, tout le monde se détend au travers d’un cercle vertueux qui fait baisser la tension et le tonus. A l’inverse, un mauvais dialogue tonique va tendre tout le monde et amener la mère et l’enfant à la crise. Le toucher et l’interaction avec l’environnement sont fondamentaux pour notre développement.

Selon Catherine Potel, psychomotricienne, psychothérapeute à médiation corporelle et en relaxation analytique, il existe 5 axes d’intervention du psychomotricien : les rééducations psychomotrices, les thérapies psychomotrices, les médiations psychomotrices, les psychothérapies psychocorporelles, la prévention et l’éducation psychomotrice.

Il y a forcément une prescription, pour que le psychomotricien entre en jeu, sauf si la personne est dans un établissement de soin, auquel cas la décision est collective.

Qu’est-ce que le psychomotricien apporte à l’école ?

Les enseignants et les psychomotriciens ont des objectifs communs… A la maternelle, c’est franchement frappant. De façon générale, il y a trois volets qui concourent : le volet environnemental (le sensoriel, l’organisation espace-temps, l’adaptation de l’enfant ou de l’environnement). le volet comportemental (gestion et prévention des troubles comportementaux, émotion et relation, vie sociale et relationnelle), et le volet des compétences psychomotrices (schéma corporel, image du coprs, motricité globale et fine, latéralité, attention, mémorisation, adaptations, etc.)

Hé bien ce monsieur m’a apporté beaucoup, à moi.

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L’attention

Aujourd’hui, j’ai cours sur l’attention, car je suis côté troubles des fonctions cognitives dans la formation CAPPEI.

La fenêtre attentionnelle, ou empan attentionnel, permet de traiter un certain nombre d’éléments en une fois. Elle est différente pour chacun(e). Les personnes dyslexiques, par exemple, qui ont des capacités de déchiffrage altérées à cause de leur dyslexie, et en plus ont aussi une fenêtre attentionnelle qui ne permet pas la lecture globale.

Alors que faire pour améliorer l’attention des élèves en difficulté dans ce domaine ? Par exemple, faire poser les crayons et les mains sur la table lors de la passation de la consigne (mais au contraire cela peut empêcher certaines personnes qui ont besoin de bouger ou de manipuler des objets pour se concentrer), ou ne garder que le strict nécessaire sur le bureau ; séparer la partie illustration et la partie texte d’un document hybride, ou morceler physiquement les exercices en plusieurs feuilles est parfois utile aussi. Raccourcir les consignes favorise l’attention et la mémorisation. On peut aider à la planification en décomposant les objectifs ou en faisant penser les sous-étapes. utiliser des pictogrammes peut être efficace si leur choix a été explicité, voire partagé avec les élèves qui en ont besoin.

On peut entraîner l’attention. Il existe des exercices, et même des mallettes élaborées par des orthophonistes, pour évaluer et améliorer l’attention, c’est le test des cloches, par exemple. Le Dobble ou le Lynx développent l’attention sélective visuelle, aussi, comme de nombreux autres jeux d’identification d’intrus. On peut proposer des tests assez simples d’attention sélective auditive : on enregistre des mots en définissant le stimulus à repérer, par exemple, ou bien on fait reconnaître des voix, comme celles des élèves de la classe. Mais travailler l’attention ne doit pas durer longtemps (pas plus de dix minutes), sans quoi on la fatigue.

Le jeu Duplik (ex Identik) est intéressant ; un joueur pioche une carte et décrit sa carte. Les autres doivent dessiner ce qui est sur la carte. On gagne si les joueurs qui dessinent arrivent à faire apparaître les éléments importants du dessin, qui sont prédéterminés, auxquels on a accès dans la partie cachée de la carte, décodable au moment de l’évaluation, avec un filtre. Il n’est pas nécessaire de savoir dessiner, mais la personne qui décrit a un travail d’organisation, de discrimination, d’explicitation. On peut développer l’expression orale ou la production d’écrits, avec ce jeu. Evidemment, pour des élèves en difficulté pour dessiner ou dyspraxiques, c’est inadapté. Les défauts du jeu résident dans la complexité des dessins et le fait qu’ils n’ont pas de sens. Une version plus “enfant” serait préférable.

Drôles 2 bobines ou les Qui est-ce font également travailler conjointement l’attention visuelle et l’attention auditive.

L’inhibition se développe avec des exercices comme des jeux dans lesquels on doit dire un mot précis à l’énoncé ou à la lecture d’un signal, comme le ni oui ni non, le bazar bizarre. On peut les adapter avec du tactile, des textures, du poids. Les Lego braille sont un super support pour cela également.

La relaxation peut aider certains élèves (mais pas tous) : se focaliser sur sa respiration, les sensations de son corps, l’écoute ou la visualisation.