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Les mathématiques de la chaussette : la propriété d’alenvertitude de la multiplication

Voici le deuxième opus de la série mathématique de Carl, la chaussette qui fait des maths. Aujourd’hui, Carl découvre la propriété de la commutativité l’alenvertitude de la multiplication. Et comme souvent, la solution c’est le chocolat.

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Mon ouvrage en dentelle

Pour la troisième semaine consécutive, je suis en formation pour préparer le CAPPEI. Je n’ai pas été remplacée. Mes élèves sont encadrés par Laura, l’AED en prépro qui travaille depuis 4 ans avec moi, et qui est formidable, sur quelques heures dans la semaines. Pour le reste, les élèves sont surveillés dans le dispositif par des AED, ou placés en permanence lorsque ce n’est pas possible : la vuie scolaire fait tout ce qu’elle peut, mais sans le don d’ubiquité, c’est délicat.

C’est difficile pour moi de gérer intellectuellement et psychologiquement cette situation. Je ne m’en veux pas, car je m’inscris dans une démarche de formation nécessaire, à laquelle j’ai obtenu le droit de participer, et qui a pour but de pérenniser ma mission de coordinatrice ULIS. Et puis je me suis vraiment bagarrée, sans agressivité évidemment, mais avec sincérité, pour trouver des moyens d’être remplacée. Mais je perçois les élèves du dispositif comme abandonnés. Je me demande comment je vais les retrouver, et s’il va être difficile de reposer le cadre que j’avais construit, après 5 semaines en tout. J’ai peur de ne pas être remplacée non plus sur les périodes à venir.

Au quotidien, mon implication dans la formation est rendue plus délicate : chaque jour des parents m’appellent, je dois régler des problèmes ou des difficultés, gérer les conventions de stage à distance, appeler la vie scolaire, le secrétariat, l’enseignante référence, l’assistante sociale… J’ai fini par réussi à compartimenter, toutefois. A chaque pause je me jette sur mon téléphone et je redeviens un condensé de coordinatrice ULIS. Et revenue sur les bancs de l’INSPE, hop, je me glisse de nouveau dans mon costume de stagiaire. A la prochaine salve de formation, j’essaierai de retrouver cette capacité dès le début : il m’a fallu du temps, des efforts et pas mal de rationnalisation pour y parvenir.

J’avais peur de ne pas être remplacée, alors j’avais anticipé : pendant les 4 semaines où j’ai entamé l’année avec les élèves du dispositif ULIS dont je suis responsable, je me suis appliquée à poser ce fameux cadre, à donner des repères, à enseigner, avant tout, mais aussi à donner aux élèves les moyens de travailler sans moi. Alors j’ai tapé large : elles et ils ont pris le pli des plans de travail papier, et je les ai formés à utiliser de nombreuses applications et des sites qui leur font faire des maths, du français, de la découverte du monde et de l’anglais, de sorte que je récupère tout leur travail à distance. J’ai bossé dur l’autonomie, la capacité à se repérer dans les outils, à naviguer vers et sur tel ou tel outil. En parallèle, j’ai associé à tout Laura, qui en mon absence constitue un repère solide, et dont, je pense, la présence change beaucoup de choses, même si cela ne représente que quelques heures. Je passe au collège le plus souvent possible, aussi, pour faire coucou aux élèves, prendre et donner des nouvelles, leur afficher mes félicitations ou mes encouragements à aller plus loin, ramasser les fiches des plans papier, en déposer de nouvelles, définir les objectifs de remédiation… Tout cela est tout de même assez fatigant. Mais j’ai choisi de procéder ainsi.

Mais ce que m’a fait remarquer mon mari, c’est que finalement, en 4 semaines, le lien tissé est fort, existant, robuste. Des parents m’appellent “juste pour vous donner des nouvelles, et puis il voulait vous dire il pense à vous”, des élèves m’envoient des messages numériques “madame j’ai pu dexercis sur mon école il faut en mettre d’otre”, d’autres me laissent des messages en classe (“Ne vous inquiété pas la semaine s’est bien passé et on a bien travaillé”). C’est signifiant, ça, pour moi, et rassurant. Et cela fait toujours référence à ce qui compte le plus : apprendre. On apprend, on travaille, on a fait ci, ça c’était trop moi, etc. D’ailleurs ce que je récupère à distance est franchement conséquent, et les plans de travail papier avancent bien plus vite que prévu aussi.

Que me réserve la rentrée ? Sans doute pas du repos. En plus j’ai de nouveaux projets, ça va pulser. Cette situation ne me convient pas, complique mon métier, rend plus difficile ma formation, nuit aux élèves. Mais j’y lis aussi des signes positifs.

Je retourne donc à cette dentelle sur laquelle j’oeuvre consciencieusement.

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La proxémie

Hier, j’ai découvert un mot que j’ignorais : la proxémie.

La proxémie a été introduite par l’anthropologue américain spécialisé dans l’humanisme interculturel Edward T. Hall, à partir de 1963. Il la définissait comme « l’ensemble des observations et théories que l’Homme fait de l’espace en tant que produit culturel spécifique ». C’est donc relatif à nos bulles personnelles, par exemple. La proxémie est la relation que les individus entretiennent avec la distance sous tous ses aspects (physique ou en tant que représentation). Cela inclut l’interdiction ou non du toucher, l’importance sociale des contacts fréquents, etc.

Chez des sujets de la classe moyenne de la côte nord-est des Etats-Unis à l’époque des études de Hall, les mesures mènent à ces moyennes :

Source

Mais c’est très relatif, aux lieux et aux époques.

Ces zones correspondent au départ à des zones observées chez les animaux : à quelle distance on peut fuir, à quelle distance on peut se faire attaquer, à quelle distance on est trop loin de son groupe de pairs…

La proxémie des individus influe sur leurs relations sociales : là où une personne va se sentir mal à l’aise en considérant l’autre comme un intrus dans sa bulle, une autre sera gênée par le sentiment d’être source de recul, ce qui peut s’interpréter comme du dégoût, du rejet, de l’intolérance, etc. Les vagues de Covid ont forcément modifié les critères de proxémie chez de nombreux individus, ainsi que la mise à disposition puis le déclin des open spaces. La proxémie a des impacts sociaux, bien sûr, mais aussi économiques, qui ont été théorisés.

Tout cela n’a rien de bouleversant : nous étions au courant, chacun(e) à notre façon, de cette idée de proxémie, en la nommant ou non. Mais je trouve qu’elle est importante à garder en conscience avec les élèves auxquels nous enseignons : elle a un rôle parfois très fort dans la qualité et l’efficacité des échanges. Certains élèves se concentrent mieux, semblent rassurés parce que nous sommes tout près, alors que d’autres ont besoin d’espace et se sentent oppressées par une présence adulte trop proche. Il nous faut donc réfléchir, mémoriser et nous adapter.