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Compensation, accessibilité : c’est délicat

Ce matin en formation, nous avons de nouveau approfondi les notions de compensation et d’accessibilité. Nous avons bien débattu, et c’était nécessaire : tout le monde n’est pas d’accord, y compris chez les spécialistes qui font référence. Cela ne simplifie pas les choses lorsqu’on passe une certification (le CAPPEI en l’occurrence) qui impose d’être clair dans ses concepts.

Ce que j’ai compris (jusqu’à ce que cela change éventuellement), c’est qu’on vise l’accessibilité en priorité, parce que l’accessibilité permet à chacun de trouver sa place avec naturel et fluidité, et peut servir à d’autres. L’accessibilité correspond à des adaptations pédagogiques. Le faux-ami, c’est que l’accessibilité n’est pas exclusivement universelle : on peut aussi envisager l’accessibilité comme individuelle. Par exemple, si je veux évaluer la compréhension écrite et que je fournis à un élève dyslexique le texte support mis en couleur et fractionné visuellement, c’est de l’accessibilité individuelle : il va répondre aux mêmes questions que tout le monde et je saurai s’il a compris ce texte, même si tout le monde n’a pas le texte sous cette forme-là (mais pourquoi, dans le fond, si je me concentre sur la compréhension d’écrits ???).

La compensation, elle, concerne une personne dans un contexte. Elle est forcément individualisée et c’est ce qu’on propose quand on ne peut pas contourner une difficulté par l’accessibilité, lorsque l’accessibilité ne suffit pas à rétablir le principe d’égalité des chances. On est dans l’aménagement pédagogique. Une mesure de compensation implique qu’on change le contrat pédagogique : dans mon exemple, je simplifie ou j’allège le texte, j’élimine l’implicite, ou je reformule les questions posées, ou bien j’en pose d’autres.

Grâce à la formation sur la culture numérique de cet après-midi, j’ai trouvé sur Canotech une vidéo conçue par Bruno Égron, inspecteur de l’Éducation nationale honoraire ASH et formateur à l’INSHEA, dont on nous a beaucoup parlé cette semaine. Bruno Égron a ce mot, dans la vidéo : délicatesse. C’est un mot clef pour l’enseignant spécialisé, je trouve, que ce soit dans son rapport aux personnes (élèves, familles, professionnels de tous poils) ou dans sa réflexion intellectuelle. Et puis c’est joli, délicatesse. Pas super dans l’air du temps, mais joli.

La vidéo

Je viens d’échanger avec mon mari très longuement pour essayer de clarifier tout cela. Ca va mieux, mais il me reste (au moins) une incompréhension : le temps supplémentaire. Pourquoi le tiers temps est-il rangé traditionnellement dans les compensations ? A moins de chercher à évaluer quelque chose directement en lien avec la vitesse, je vois ça plutôt comme de l’accessibilité.

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Didactique du français

J’ai terminé la lecture, ce matin, d’un ouvrage que j’ai emprunté à la BU de l’INSPE :

C’est très intéressant, quand on est familier (à mon niveau d’enseignante) avec la didactique d’une autre discipline, d’apprendre sur une autre. C’est bigrement complexe, pour la didactique du français. Non seulement la didactique du français est difficile à définir, en évolution et en développement, mais la discipline scolaire elle-même est, selon Yves Reuter, “en interrogation tant du point de vue des contenus que de celui des publics”. J’espérais, par ma lecture, clarifier des tensions que je ressens : français, littérature, maîtrise de la langue ? Yves Reuter et tous les contributeurs de ce livre ont en effet clarifié les choses dans mon esprit, mais différemment de ce à quoi je m’attendais : c’est normal que ce ne soit pas clair et les tensions ne sont pas résolues. Au moins je sais que je ne suis pas complètement de la plaque avec mes questions.

De fait, c’est peut-être une spécificité de la didactique du français que d’être ainsi à la recherche de son identité entre compétence pratique et expertise analytique, entre participation à une communauté linguistique et distinction culturelle…

Yves Reuter

Les interrogations sur les relations entre didactique et discipline scolaire m’ont, je l’avoue, un peu stupéfaite. Qu’une didactique se veuille “absolument étrangère à la discipline scolaire et à sa mise en oeuvre” est une idée qui me surprend toujours autant, sans doute parce que je suis à fond enseignante, “personne de terrain”, comme on dit. La séparation terrain-recherche me semble même délétère pour le principe de formation : de nombreux enseignants rejettent les apports de la recherche entre autres parce qu’ils la taxent de déconnexion. On peut réfléchir en étant “personne de terrain”. Et on peut être en plein dans la réalité en étant chercheur.

En tout cas, didactique du français et didactique des mathématiques sont fort différentes, et en même temps se rejoignent dans leurs questionnements existentiels. Peut-être le fait que les mathématiques aient eu à jouer leur survie à l’école est un élément qui a grandement pesé dans ce qu’est aujourd’hui la didactique des maths. Et sans doute est-ce une bonne chose.