Alors voilà ce sur quoi je tombe de bon matin : un député de la majorité présidentielle qui n’a pas bien révisé avant l’exposé.
C’est totalement lunaire :
Les groupes de niveau sont vraiment faire en sorte que les plus en difficulté puissent être accompagnés par les personnes aussi qui y arrivent plus facilement, qui ont des facilités par rapport aux autres…” (regard profondément perplexe du député RN en face) “… et puis d’accompagner ceux qui sont en difficulté avec des moyens complémentaires, du temps passé avec eux, parce que les enseignants vont pouvoir prendre plus de temps avec eux et laisser parfois ceux qui sont avec plus de facilités pas de côté, mais leur donner un travail seul, de pouvoir travailler dans leur coin et ça va leur permettre aussi d’évoluer dans le sens du travail personnel.
(intervention de la journaliste, qui met les pieds dans le plat) (…)
Certes on fait en sorte d’avoir des personnes un peu plus en difficulté avec ceux qui ont plus de facilités, parce que ça les mène vers le haut et que c’est important de travailler en équipe, et je crois que c’est important aussi de rappeler que ces groupes de niveau c’est un travail collectif que nous n’avions pas jusqu’à maintenant dans l’école et il est important de voir l’avenir avec un travail collectif et plus simplement une individualisation du système scolaire.”
J’aurais teeeeeellement de choses à dire, mais je vais me limiter à… disons 5 points :
- Il y a ceux qui sont “en difficulté”, et ceux qui “ont des facilités”. Notez la différence profonde dans les éléments de langage : “avoir des facilités”, c’est acquis, déterministe. On est né comme ça, chouette, ou pas, zut ;
- Le monsieur nous réinvente les classes hétérogènes. Il a mal compris les groupes de niveaux, qu’il semble concevoir au sein de la classe. Il est quand même bien, bien à côté de ses pompes ;
- Ah non, finalement on laisse les “en facilité” travailler dans leur coin, mais en aidant les “en difficulté”. On fait du collectif, mais en groupe de niveaux dans la classe.
- Heu attendez… Laisser les élèves qui “ont des facilités” travailler tout seuls, “dans leur coin” ??? Pardon ? Comment apprennent-ils des choses nouvelles, alors ? Et donc ça, ce n’est pas de l’individualisation ?
- C’est quand même un bel éloge de l’hétérogénéité, du collectif, de l’équipe, bref de tout ce qu’on nous enlève.
J’aurais pu noter aussi la confiance donnée explicitement à notre ministre sur la base d’un argument fort peu convaincant.
Le député RN a l’air tellement sidéré que c’en est délicieux :